Il y a des histoires qui semblent ne jamais vouloir se terminer. C’est le cas de l’épopée Mt.Gox, l’ancienne plus grande plateforme d’échange de Bitcoin, qui hante encore aujourd’hui les nuits de nombreux investisseurs en cryptomonnaies. Alors que certains espéraient enfin voir le bout du tunnel et récupérer leur dû, un nouveau rebondissement vient de survenir. Hier, le 10 octobre 2024, le Rehabilitation Trustee de Mt.Gox, Nobuaki Kobayashi, a annoncé un énième report des remboursements des créanciers. La nouvelle date fatidique est désormais fixée au 31 octobre 2025, soit un an de plus à patienter pour les malheureuses victimes qui attendent déjà depuis 2014, date de la faillite retentissante de la plateforme nippone.

Le casse-tête des procédures de remboursement

Mais pourquoi ce nouveau délai ? Selon les explications fournies par Mt.Gox, certains créanciers n’auraient toujours pas complété les procédures nécessaires pour recevoir leurs remboursements. Pire, d’autres auraient rencontré des problèmes pendant le processus. Face à ces difficultés, et avec l’accord du tribunal, la plateforme a donc décidé de repousser une nouvelle fois l’échéance.

Si ce énième report a de quoi désespérer les investisseurs floués, il pourrait paradoxalement avoir un effet positif sur le marché du Bitcoin, en limitant temporairement la pression de vente. En effet, Mt.Gox détient toujours une quantité importante de BTC, et un remboursement massif et soudain pourrait déstabiliser les cours. Moins de créanciers récupérant leur dû simultanément signifie donc potentiellement moins de bitcoins revendus d’un coup sur le marché.

Un processus de remboursement digne d’un labyrinthe kafkaïen

Mais ne nous y trompons pas, malgré cette décision de report, certains remboursements ont déjà commencé depuis juillet 2024 et d’autres peuvent encore avoir lieu avant la date limite de 2025. Les paiements se font au compte-goutte, en bitcoins (BTC) et en Bitcoin Cash (BCH), via des plateformes comme Kraken et Bitstamp, au gré de la validation des comptes et du respect de certaines conditions. Un véritable casse-tête kafkaïen, qui met à rude épreuve la patience des créanciers.

Comme dans l’album d’Astérix Les 12 travaux, où la bureaucratie romaine semble avoir été inventée pour rendre fou, les créanciers de Mt.Gox doivent eux aussi cocher une infinité de cases avant d’espérer voir le bout de leur odyssée. Certains ont déjà reçu leur dû, d’autres attendent encore, et tout avance à un rythme d’escargot. Une procédure dantesque qui dure maintenant depuis plus de 10 ans.

Retour sur le naufrage de Mt.Gox

Pour rappel, Mt.Gox, basée à Tokyo, était à l’époque la plus grande plateforme d’échange de bitcoins au monde. Mais en 2014, un piratage massif a conduit à la perte de 850 000 BTC, l’équivalent aujourd’hui de milliards de dollars. Depuis, c’est un interminable feuilleton judiciaire entre remboursements partiels, procédures complexes et frustration grandissante des créanciers. A ce jour, seuls 41,5% des fonds auraient été remboursés.

Mark Karpeles, l’ancien PDG de Mt.Gox, a été tenu responsable de ce qui est maintenant l’un des plus grands scandales de l’histoire des cryptomonnaies.

Accusé de mauvaise gestion et de fraude, Mark Karpeles a été arrêté en 2015 par la justice japonaise. Il lui était reproché d’avoir falsifié les registres de la société pour gonfler artificiellement les soldes et d’avoir détourné environ 3 millions de dollars des comptes utilisateurs à des fins personnelles, comme l’achat de meubles de luxe. Condamné pour falsification de données mais acquitté des charges de détournement de fonds, il a écopé d’une peine de prison avec sursis de 2 ans et demi.

Malgré ce jugement, la responsabilité de Karpeles dans le naufrage de Mt.Gox reste un sujet de débat houleux au sein de la communauté crypto. L’intéressé a toujours clamé son innocence dans le piratage, tout en reconnaissant des failles dans la sécurité de la plateforme à l’époque.

Mark Karpeles, le retour

Ironie de l’histoire, Mark Karpeles fait aujourd’hui un retour remarqué dans l’écosystème crypto. Le Français vient de lancer une nouvelle bourse d’échange de cryptomonnaies, Ungox, basée en Europe cette fois. Un comeback qui ne manque pas de faire grincer quelques dents, mais Karpeles assure avoir retenu les leçons du passé. Sa nouvelle plateforme met l’accent sur la transparence et le respect des réglementations européennes, notamment le cadre du MiCA (Markets in Crypto-Assets).

En attendant de voir ce que donnera cette nouvelle aventure, les créanciers de Mt.Gox, eux, continuent de ronger leur frein. Rendez-vous est pris pour le 31 octobre 2025, date à laquelle, espérons-le, ils pourront enfin tourner définitivement la page de ce douloureux chapitre.

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