Dans un spectaculaire coup de force, les autorités malaisiennes ont réduit en miettes près d’un millier de machines de minage de Bitcoin. Une opération coup de poing qui illustre la détermination du pays à en finir avec les activités illégales qui pillent son réseau électrique. Retour sur cette destruction massive orchestrée dans l’état de Perak Tengah.
450 000 $ partis en fumée sous les chenilles d’un rouleau compresseur
C’est une scène peu banale qui s’est déroulée à Perak Tengah, en Malaisie. Alignées sur le sol, 985 machines dédiées au minage de Bitcoin n’ont pas résisté longtemps à l’assaut d’un rouleau compresseur. L’engin, déployé par la police locale, a méthodiquement écrasé les équipements, d’une valeur totale estimée à 1,98 million de ringgit malaisiens, soit environ 452 500 dollars.
Cette destruction massive fait suite à une décision de justice. Les machines, saisies dans le cadre de 24 affaires résolues entre 2022 et avril 2024, étaient utilisées pour des opérations clandestines de minage, alimentées par de l’électricité volée au réseau national. Un fléau qui coûte cher au pays.
Un manque à gagner de 777 millions de dollars pour l’état malaisien
Selon les estimations du vice-ministre de la Transition énergétique, Akmal Nasrullah Mohd Nasir, le vol d’électricité lié aux activités illégales de minage de cryptomonnaies a coûté à la Malaisie l’équivalent de 3,4 milliards de ringgit, soit environ 777 millions de dollars, entre 2018 et 2023. Un manque à gagner considérable pour ce pays d’Asie du Sud-Est.
Pourtant, la Malaisie est un terrain de jeu attractif pour les mineurs de Bitcoin et autres cryptomonnaies. Avec des tarifs d’électricité compétitifs et une réglementation assez souple, le pays a vu affluer les fermes de minage ces dernières années, notamment après l’interdiction de cette activité en Chine en 2021.
La Malaisie oscille entre attractivité et répression
Mais cette ruée vers l’or numérique a son revers. Attirés par l’appât du gain, des acteurs peu scrupuleux n’hésitent pas à se brancher illégalement sur le réseau électrique pour alimenter leurs machines énergivores. Un phénomène qui prend de l’ampleur et pousse les autorités à réagir.
La destruction médiatisée des 985 machines à Perak Tengah se veut un avertissement clair. Comme l’a souligné le Superintendant Hafezul Helmi Hamzah, cette opération vise non seulement à faire respecter la loi, mais aussi à décourager toute future tentative de minage clandestin dans la région.
Un signal fort, mais des dommages collatéraux
Si le message est sans équivoque, la méthode interroge. Outre le gâchis matériel et économique, la destruction à coups de rouleau compresseur soulève la question de l’impact environnemental. Certes, les autorités affirment avoir agi dans le respect des normes, en partenariat avec une société spécialisée dans la gestion des déchets électroniques, mais difficile d’imaginer une élimination propre et sans conséquences.
Au-delà de l’aspect spectaculaire, cette affaire est révélatrice des défis auxquels sont confrontés les pays émergents face à l’essor des cryptomonnaies. Tiraillés entre la volonté d’attirer des investissements et la nécessité de protéger leurs ressources, ils naviguent à vue dans un écosystème encore mal régulé. La Malaisie, malgré quelques hésitations, semble néanmoins avoir tranché en faveur d’une ligne dure. Reste à savoir si cette stratégie portera ses fruits ou si elle ne fera que déplacer le problème.