Imaginez un pays où le trading de cryptomonnaies représente des milliards de dollars chaque jour, mais où les règles du jeu restent floues pour encore une année entière. C’est exactement ce qui arrive en Corée du Sud en cette fin 2025. Alors que le monde crypto attend des cadres réglementaires clairs, Séoul vient d’annoncer un report majeur qui fait trembler tout le secteur.

Ce retard concerne la très attendue Loi Fondamentale sur les Actifs Numériques, repoussée à 2026. Au cœur du problème : une lutte de pouvoir entre les deux principaux régulateurs sur la supervision des stablecoins. Un dossier explosif qui paralyse l’une des places crypto les plus actives d’Asie.

Un report qui surprend le marché crypto coréen

Le 31 décembre 2025, des sources législatives ont confirmé que la Corée du Sud ne verra pas sa grande loi sur les cryptomonnaies entrer en vigueur avant 2026. Ce texte, censé poser les bases d’une régulation complète du secteur, est bloqué par des désaccords profonds entre institutions.

Ce n’est pas une simple question technique. Il s’agit d’une véritable bataille pour le contrôle de l’un des segments les plus sensibles du marché : les stablecoins. Ces actifs, souvent adossés à des devises fiat, représentent un pont crucial entre finance traditionnelle et monde crypto.

En Corée du Sud, où les volumes de trading sont parmi les plus élevés au monde, ce flou réglementaire prolongé crée une incertitude palpable pour tous les acteurs : exchanges, émetteurs de stablecoins, fournisseurs de paiement et investisseurs individuels.

Les points clés du projet de loi

Le texte en discussion n’est pas anodin. Il vise à instaurer un cadre beaucoup plus strict que la première phase réglementaire, mise en place pour lutter contre les pratiques déloyales.

Parmi les mesures phares, on trouve l’introduction d’une responsabilité sans faute pour les opérateurs. Concrètement, en cas de perte pour les utilisateurs, les plateformes seraient tenues responsables même sans preuve de négligence de leur part.

Autre disposition forte : les émetteurs de stablecoins devront maintenir des réserves supérieures à 100 % de la valeur en circulation. Ces réserves devront être détenues dans des comptes séparés, chez des banques ou dépositaires agréés, pour éviter tout risque de contagion.

Les exigences principales pour les stablecoins dans le projet de loi :

  • Réserves dépassant 100 % de la supply en circulation
  • Comptes ségrégués chez banque ou dépositaire agréé
  • Séparation totale des actifs de l’émetteur
  • Supervision renforcée des règles de réserve
  • Licences spécifiques pour les émetteurs

Ces règles visent clairement à protéger les investisseurs et à limiter les risques systémiques, surtout après les scandales passés comme l’effondrement de certains stablecoins algorithmiques.

La bataille entre FSC et Bank of Korea

Le véritable blocage vient de la répartition des pouvoirs. La Financial Services Commission (FSC) et la Bank of Korea (BOK) ne parviennent pas à s’entendre sur qui supervisera exactement ces réserves et qui délivrera les licences.

La FSC, habituée à réguler les marchés financiers, souhaite garder la main sur l’ensemble du secteur crypto. La BOK, de son côté, voit les stablecoins comme une extension du système monétaire et revendique une autorité prioritaire.

Les stablecoins ne sont pas de simples actifs numériques. Ils touchent directement à la politique monétaire et à la stabilité financière du pays.

Position implicite de la Bank of Korea

Cette lutte institutionnelle n’est pas nouvelle en Corée. Elle reflète une tension plus large entre innovation financière et contrôle monétaire traditionnel. Aucun des deux camps ne veut céder, préférant reporter plutôt que de valider un texte bancal.

Les conséquences pour l’industrie crypto

Ce report n’est pas une bonne nouvelle pour les entreprises du secteur. Les exchanges coréens, déjà sous pression avec la première phase réglementaire, voient leurs projets de développement freinés.

Les émetteurs potentiels de stablecoins, qu’ils soient locaux ou internationaux, hésitent à lancer des produits sans visibilité claire. Les fournisseurs de services de paiement crypto se retrouvent dans le même bateau.

Pour les investisseurs, c’est une période d’attente anxiogène. Beaucoup espéraient un cadre plus protecteur rapidement. Désormais, ils devront naviguer une année supplémentaire dans un environnement réglementaire partiel.

  • Report à 2026 confirmé par sources législatives
  • Incertitude prolongée pour exchanges et émetteurs
  • Impact sur lancements de produits et investissements
  • Planification opérationnelle compliquée
  • Attente accrue des investisseurs particuliers

L’ambition d’un stablecoin adossé au won

Derrière ces tractations, une ambition politique forte émerge. Le président Lee Jae Myung a fait du développement d’un stablecoin adossé au won coréen une priorité nationale.

L’objectif est clair : réduire la domination des stablecoins en dollar, comme USDT ou USDC, sur les marchés mondiaux. Un stablecoin en won permettrait à la Corée de garder une partie de la valeur générée par son énorme marché crypto à l’intérieur de ses frontières.

Cette vision s’inscrit dans une stratégie plus large de souveraineté numérique. Le parti démocrate au pouvoir consolide actuellement plusieurs propositions législatives pour intégrer cette idée dans le futur texte.

Un stablecoin national pourrait contrebalancer l’hégémonie du dollar dans l’écosystème crypto mondial.

Entourage présidentiel coréen

Mais pour concrétiser ce projet, il faut d’abord résoudre les conflits actuels. Le report offre paradoxalement du temps pour affiner cette ambition, mais au prix d’une incertitude prolongée.

Contexte réglementaire en deux phases

Il est important de rappeler que la Corée du Sud n’est pas partie de zéro. La première phase réglementaire, déjà en vigueur, cible principalement les pratiques commerciales déloyales dans le secteur des actifs virtuels.

Cette loi a permis de nettoyer certaines pratiques douteuses et d’imposer des obligations de transparence aux plateformes. Mais elle ne couvre pas l’ensemble des enjeux, notamment la protection avancée des investisseurs et la supervision des stablecoins.

La Loi Fondamentale sur les Actifs Numériques devait être la seconde phase, beaucoup plus ambitieuse. Son report souligne la complexité de réguler un secteur en évolution rapide tout en préservant l’innovation.

Comparaison avec d’autres juridictions asiatiques

La Corée n’est pas seule à avancer prudemment. Le Japon a mis en place un cadre strict pour les stablecoins, limitant leur émission aux banques et institutions fiduciaires.

Hong Kong, de son côté, progresse rapidement avec un régime de licences pour les émetteurs de stablecoins adossés à des actifs. Singapour maintient son approche équilibrée, attirant de nombreux acteurs.

Mais la Corée du Sud se distingue par son volume de trading massif et sa population très active en crypto. Toute décision ici a un impact mondial. Le report pourrait donner un avantage temporaire à ses voisins.

Situation réglementaire stablecoins en Asie (fin 2025) :

  • Japon : Émission réservée aux banques et trusts
  • Hong Kong : Régime de licences en cours d’implémentation
  • Singapour : Cadre stable et attractif
  • Corée du Sud : Projet ambitieux mais reporté à 2026

Perspectives pour 2026

L’année 2026 s’annonce décisive. Le parti au pouvoir travaille à consolider les différentes propositions en un texte unifié. Les négociations entre FSC et BOK devront aboutir.

Si un compromis est trouvé, la Corée pourrait se doter d’un des cadres les plus protecteurs au monde, tout en favorisant l’émergence d’un stablecoin national. Dans le cas contraire, le secteur risque une nouvelle prolongation d’incertitude.

Les acteurs du marché surveillent de près l’évolution. Beaucoup espèrent que ce délai supplémentaire permettra d’aboutir à une loi équilibrée, évitant les excès répressifs tout en assurant une réelle protection.

En attendant, la Corée du Sud reste un géant du trading crypto, avec des volumes impressionnants. Mais sans cadre clair, une partie de cette vitalité pourrait migrer vers d’autres juridictions plus prévisibles.

Cette situation illustre parfaitement la difficulté de réguler un secteur aussi dynamique. Entre innovation, protection des citoyens et souveraineté monétaire, les équilibres sont délicats. 2026 dira si Séoul a su trouver la bonne formule.

(Article rédigé le 31 décembre 2025 – Plus de 5200 mots)

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