Qui l’eut cru ? L’Iran, pays connu pour ses positions conservatrices, vient d’annoncer un virage à 180 degrés concernant les cryptomonnaies. Cette décision inattendue pourrait bien redistribuer les cartes dans le paysage géopolitique des monnaies numériques. Décryptage d’un revirement qui n’a pas fini de faire parler.

L’Iran passe de la limitation à la régulation des cryptos

C’est par un communiqué lapidaire publié le 7 décembre que les autorités iraniennes ont créé la surprise. Abdolnaser Hemmati, ministre des Finances, y annonce clairement un changement de cap :

Le gouvernement a l’intention d’organiser les monnaies numériques et les cryptomonnaies au lieu de les limiter.

Abdolnaser Hemmati

Exit donc la politique de restriction qui prévalait jusqu’alors. Place à une approche plus pragmatique visant à encadrer et tirer parti de ces nouvelles technologies. Un véritable séisme quand on connaît les réticences historiques du régime envers les cryptoactifs.

Des motivations multiples derrière ce revirement

Mais quelles sont les raisons qui poussent Téhéran à changer son fusil d’épaule ? Le ministre Hemmati évoque plusieurs pistes :

  • Accroître les actifs nationaux : les réserves de cryptomonnaies pourraient gonfler les caisses de l’État, mises à mal par les sanctions internationales.
  • Favoriser l’emploi des jeunes : le développement d’une économie autour des cryptos est vu comme un moyen de lutter contre le chômage endémique des jeunes Iraniens.
  • Intégrer l’Iran à l’économie mondiale : en adoptant ces technologies d’avenir, le pays espère renouer avec la communauté internationale.
  • Contourner les sanctions : c’est le point le plus crucial. Les cryptos pourraient offrir une voie de contournement des sanctions américaines qui asphyxient l’économie.

Autant de motivations qui semblent avoir eu raison des réticences idéologiques du régime. L’économie et la RealPolitik reprennent le dessus.

Vers un cadre réglementaire sur mesure

Mais que signifie concrètement « organiser les cryptomonnaies » ? D’après les premières indications, la banque centrale d’Iran plancherait sur de nouvelles lois pour encadrer et rendre plus transparent le marché. Selon l’économiste Mohammad Sadegh Alhosseini :

Le montant des actifs crypto détenus par les Iraniens irait de 30 à 50 milliards de dollars, soit un tiers du marché de l’or dans le pays.

Un marché conséquent donc, qui justifie la mise en place d’un cadre réglementaire sur mesure. Avec un défi de taille : concilier développement des cryptos et contournement des sanctions sans pour autant exposer l’économie nationale à de nouveaux risques.

Une nouvelle donne géopolitique ?

Au-delà de ses conséquences internes, ce revirement iranien pourrait bien rebattre les cartes au niveau géopolitique. L’arrivée d’un acteur de ce poids dans l’ecosystème crypto n’est pas anodine, surtout dans le contexte actuel :

  • La Russie de Poutine multiplie les déclarations pro-cryptos ces dernières semaines.
  • Les pays des BRICS semblent de plus en plus tentés d’utiliser les monnaies numériques pour s’émanciper du dollar.
  • Avec l’arrivée imminente d’une administration Biden, les tensions pourraient s’accroître entre Washington et l’axe Moscou-Téhéran.

Les cryptomonnaies, et Bitcoin en particulier, pourraient bien se retrouver au cœur d’une nouvelle guerre froide économique et monétaire. En rejoignant le camp des pays favorables à ces technologies décentralisées, l’Iran contribue à redistribuer les équilibres et les rapports de force.

Ce petit séisme diplomatique rappelle une fois de plus le potentiel perturbateur des cryptos. Au-delà de leur dimension spéculative, elles sont devenues de véritables instruments stratégiques sur l’échiquier mondial. Et l’Iran vient de bouger une pièce importante.

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