La guerre entre le secteur des cryptomonnaies et les régulateurs américains atteint un nouveau paroxysme. Alors que la SEC, dirigée par Gary Gensler, multiplie les attaques infondées contre les acteurs de l’industrie, ces derniers commencent à sérieusement riposter. La dernière offensive en date, visant à interdire purement et simplement les airdrops de tokens, a suscité une levée de boucliers générale. Décryptage d’une bataille qui pourrait faire date.

Beba, un airdrop gratuit dans le viseur de la SEC

Tout commence lorsque Beba, une marque de vêtements américaine, décide de récompenser ses clients les plus fidèles en leur distribuant gratuitement des jetons numériques, pratique connue sous le nom d’airdrop dans l’univers des cryptomonnaies. Une initiative malheureusement peu au goût de la Securities and Exchange Commission, qui y voit sans raison valable une violation des lois sur les titres financiers.

Épaulée par le DeFi Education Fund, Beba décide alors d’attaquer à son tour la SEC en justice pour dénoncer cet abus de pouvoir. Une démarche rapidement saluée et soutenue par de nombreux acteurs majeurs de la cryptosphère.

Les fonds d’investissement crypto montent au créneau

Parmi les renforts de poids venus prêter main forte à Beba, on retrouve plusieurs grands fonds de capital-risque spécialisés dans les cryptomonnaies et la blockchain. Andreessen Horowitz (a16z), Multicoin Capital, Paradigm, Union Square Ventures et Variant ont ainsi déposé conjointement un amicus curiae devant la Cour du District Ouest du Texas pour dénoncer l’acharnement de la SEC :

La SEC a tort d’ignorer le préjudice que des entreprises comme Beba subissent du fait de la menace d’application de la loi et de l’absence de lignes directrices claires.

Une prise de position forte, qui souligne l’incohérence et l’illégitimité de la démarche des régulateurs, lesquels tentent de faire passer les airdrops gratuits pour des « contrats d’investissement » sans aucun fondement juridique. Si cette interprétation abusive venait à prévaloir, elle sonnerait tout simplement le glas de cette pratique pourtant largement répandue et appréciée sur le sol américain.

Coinbase s’invite dans la bataille

L’exchange Coinbase, fer de lance de l’adoption crypto aux États-Unis, a également tenu à apporter son soutien à Beba face aux dérives réglementaires de la SEC. Son directeur juridique Paul Grewal a ainsi annoncé sur Twitter le dépôt d’un amicus curiae complémentaire :

Les principaux reproches de Coinbase à l’encontre des régulateurs :

  • Des règles floues et changeantes appliquées de manière rétroactive
  • Aucune indication claire sur les modalités de mise en conformité
  • Des entreprises crypto exposées à des poursuites judiciaires abusives
  • Une « régulation par l’application destructrice » de la part de la SEC

La fronde anti-SEC ne cesse de s’amplifier, au fur et à mesure que Gary Gensler et ses équipes s’en prennent sans distinction à tous les acteurs de l’écosystème, y compris les plus réputés et intégrés comme Coinbase. Une stratégie à haut risque, qui pourrait bien se retourner contre le gendarme financier américain.

Un secteur crypto uni comme jamais contre les abus réglementaires

L’affaire Beba semble agir comme un déclic au sein de l’industrie des cryptomonnaies. Face aux attaques répétées et infondées de la SEC, les entreprises du secteur prennent conscience de la nécessité de faire front commun et de se soutenir mutuellement.

Chaque nouveau procès intenté par les régulateurs est désormais systématiquement contré par une contre-attaque judiciaire, appuyée par de nombreux acteurs crypto unis dans un même combat. Une solidarité nouvelle, qui pourrait bien faire pencher la balance en faveur d’un écosystème crypto renforcé et mieux armé pour défendre ses droits.

Reste à savoir jusqu’où ira Gary Gensler dans sa croisade anti-crypto. Car après les airdrops, de nombreuses autres pratiques pourraient potentiellement se retrouver dans son viseur : le staking, les récompenses de liquidité, les NFTs… Autant de piliers de l’économie des cryptomonnaies, qui mériteraient une approche réglementaire autrement plus nuancée et constructive.

Dans tous les cas, l’union sacrée forgée par l’affaire Beba laisse augurer d’une résistance sans précédent de la communauté crypto face aux velléités de contrôle des autorités. Une lutte fondamentale pour la préservation d’un écosystème décentralisé, ouvert et innovant, qui ne devrait pas manquer de rebondissements dans les mois à venir.

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