L’Euro Numérique en 2025 : La BCE Trace sa Feuille de Route

Alors que les crypto-monnaies continuent de faire parler d’elles, la Banque centrale européenne (BCE) avance à grands pas vers la création de sa propre monnaie numérique. Baptisé « euro numérique », ce projet ambitieux suscite de nombreuses interrogations mais aussi beaucoup d’espoirs. Dans son dernier rapport d’étape du 2 décembre 2024, l’institution monétaire a fait le point sur l’avancée des travaux et fixé un nouveau rendez-vous à l’horizon 2025.

L’euro numérique, une priorité pour la BCE

Lancé officiellement en juillet 2021, le projet d’euro numérique est devenu au fil des mois une priorité stratégique pour la BCE. L’objectif affiché par sa présidente, Christine Lagarde, est clair : être prêt à lancer cette nouvelle forme de monnaie au plus tard fin 2025 ou début 2026. Un calendrier ambitieux qui témoigne de la volonté de l’institution de ne pas se laisser distancer dans la course aux monnaies numériques de banque centrale (MNBC).

Mais pour y parvenir, il reste encore de nombreux défis à relever. C’est tout l’objet de la phase d’investigation actuellement en cours qui doit permettre de poser les bases techniques, règlementaires et opérationnelles de l’euro numérique. Parmi les chantiers prioritaires figurent notamment :

• L’élaboration d’un projet de réglementation encadrant l’utilisation de l’euro numérique
• La sélection des potentiels fournisseurs de l’infrastructure technique
• La conduite de nouvelles expérimentations et consultations avec l’ensemble des parties prenantes

Un cadre réglementaire en construction

Concernant le volet réglementaire, la BCE a mis en place un groupe de travail dédié baptisé « Rulebook Development Group » (RDG). Sa mission : définir l’ensemble des règles qui encadreront le fonctionnement de l’euro numérique, de l’expérience utilisateur à la gestion des risques en passant par l’harmonisation au niveau européen. Un véritable casse-tête compte tenu des enjeux et de la diversité des acteurs impliqués.

Pour mener à bien ce travail, le RDG s’appuie notamment sur l’expertise des différentes banques centrales nationales ainsi que sur les retours de près de 2 500 acteurs du marché qui ont été consultés en mai dernier. Un premier projet de règlement devrait voir le jour dans les prochains mois avant d’être soumis à discussion.

Qui pour fournir l’infrastructure de l’euro numérique ?

Autre chantier d’envergure : la sélection des fournisseurs de la future plateforme technique de l’euro numérique. Pour ce faire, la BCE a lancé en fin d’année dernière un appel d’offres auprès des acteurs privés intéressés. De leur côté, les banques centrales nationales ont également été invitées à soumettre des propositions pour leur pays respectif.

L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de bâtir une infrastructure robuste, sécurisée et capable de supporter des millions de transactions quotidiennes à travers toute la zone euro. Un défi technique et opérationnel de premier plan qui nécessitera des investissements conséquents.

Le projet euro numérique est une initiative européenne au profit de millions de citoyens de la zone euro. L’engagement avec les parties prenantes externes, allant des décideurs politiques et des acteurs du marché au grand public, est une priorité clé.

BCE, communiqué de presse du 2 décembre 2024

Impliquer l’ensemble des parties prenantes

Au-delà des aspects purement techniques, la BCE a bien conscience que la réussite de l’euro numérique dépendra avant tout de sa capacité à répondre aux besoins et attentes des citoyens européens. C’est pourquoi elle multiplie les initiatives pour impliquer l’ensemble des parties prenantes dans le processus de conception et de déploiement de sa future monnaie numérique.

Parmi les sujets actuellement à l’étude figurent notamment :

• Les segments de population potentiellement utilisateurs de l’euro numérique
• Les limites de détention et modalités d’utilisation
• L’acceptation par les commerçants
• La transition et la coexistence avec l’argent liquide
• Les fonctionnalités de paiement hors ligne

Autant d’aspects cruciaux qui feront l’objet dans les prochains mois de nouvelles consultations et d’échanges nourris avec les différentes parties prenantes afin de co-construire un euro numérique au plus proche des besoins.

Malgré les nombreux défis qui restent à relever, la BCE maintient le cap et se donne rendez-vous dans quelques mois pour faire un nouveau point d’étape. Avec en ligne de mire un objectif ambitieux mais réaliste : être prêt à lancer l’euro numérique d’ici fin 2025 ou début 2026. Une échéance qui devrait marquer un tournant historique pour la monnaie européenne et, plus largement, pour l’avenir des paiements sur le Vieux Continent.