Alors que Bitcoin frôle les 70 000$, une question brûle les lèvres des investisseurs : quel impact l’élection de Donald Trump aura-t-elle sur le cours du roi des cryptomonnaies ? Car si les promesses du controversé milliardaire se concrétisent, elles pourraient bien redistribuer les cartes du marché des cryptos.
Trump, le nouveau messie des cryptos ?
Fraîchement réélu, Donald Trump n’a pas perdu de temps pour dévoiler ses ambitions pour le monde des cryptomonnaies. Parmi ses engagements phares : la création d’un stock stratégique national de Bitcoin, le minage de la totalité des Bitcoins restants sur le sol américain, ou encore le limogeage express de Gary Gensler, le président de la SEC connu pour sa ligne dure envers les cryptos.
Des promesses qui n’ont pas manqué de susciter l’enthousiasme des investisseurs, comme en témoigne l’envolée du cours de Bitcoin au lendemain de l’élection. Car si elles se concrétisent, ces mesures pourraient faire des États-Unis un véritable eldorado pour les cryptomonnaies.
Un stock stratégique de Bitcoin pour les USA
Imaginez un instant que les États-Unis accumulent discrètement des Bitcoins, au même titre que l’or ou les devises étrangères. C’est précisément ce que Trump ambitionne avec son projet de “réserve stratégique de Bitcoin”. L’idée ? Cesser de vendre aux enchères les Bitcoins saisis lors d’affaires judiciaires pour constituer progressivement un trésor de guerre numérique.
Une initiative qui pourrait avoir un impact majeur sur le marché. Car en retirant ces Bitcoins de la circulation, les États-Unis réduiraient mécaniquement l’offre disponible, ce qui pourrait contribuer à soutenir les cours. Sans compter le signal fort envoyé aux investisseurs : en faisant de Bitcoin un actif stratégique, Washington lui donnerait une crédibilité nouvelle.
Faire de l’Amérique le nouveau cœur du minage
Autre promesse phare de Trump : s’assurer que la totalité des Bitcoins restants soient minés sur le sol américain. Un objectif ambitieux, quand on sait que 90% des Bitcoins ont déjà été mis en circulation. Mais pour le milliardaire, l’enjeu est autant économique que symbolique. En faisant des États-Unis le centre névralgique du minage, il espère asseoir la domination américaine sur cette industrie stratégique.
Reste à savoir comment il compte s’y prendre. Car le minage de Bitcoin est par nature décentralisé, reposant sur des milliers de mineurs à travers le globe. Centraliser 10% de l’activité au sein d’un seul pays irait à l’encontre de la philosophie même de la cryptomonnaie. Mais Trump semble déterminé à relever ce défi, y voyant un moyen de renforcer “l’indépendance énergétique” des États-Unis.
Gary Gensler, victime expiatoire ?
Depuis sa nomination à la tête de la SEC, Gary Gensler s’est attiré les foudres de l’industrie des cryptos par sa ligne dure. Procédures judiciaires en pagaille, régulation tatillonne… Beaucoup lui reprochent de brider l’innovation par son approche répressive. Une critique partagée par Trump, qui a promis de limoger “dès le premier jour” ce poil à gratter.
Mais les experts juridiques tempèrent : renvoyer le patron de la SEC n’est pas si simple, même pour un président. Il faut des motifs valables, comme une négligence grave ou une inefficacité avérée. Le risque ? Que cette promesse se transforme en long bras de fer juridique, paralysant un peu plus le gendarme des marchés.
Le droit à l’auto-custody, cheval de bataille de Trump
- Trump veut inscrire dans la loi fédérale le droit des utilisateurs de cryptos à gérer eux-mêmes leurs clés privées.
- L’auto-custody permet de s’affranchir des intermédiaires comme les exchanges pour contrôler totalement ses actifs numériques.
- Mais les régulateurs craignent que cela ne facilite le blanchiment d’argent, en contournant les règles anti-fraude.
Un conseil consultatif pour guider la Maison Blanche
Pour naviguer dans cet environnement complexe, Trump envisage de s’entourer d’un “conseil consultatif dédié aux cryptos”. Sa mission ? Élaborer des régulations claires et favorables au secteur. L’idée séduit l’industrie, qui se plaint depuis longtemps d’un manque de visibilité réglementaire. Mais elle soulève aussi des questions sur l’indépendance et la diversité de ce conseil.
Le pari risqué de la clémence pour Ross Ulbricht
Parmi les annonces les plus controversées de Trump, la promesse de commuer la peine de Ross Ulbricht, le fondateur de Silk Road. Ce marché noir en ligne, où s’échangeaient drogues et armes contre des Bitcoins, a valu à Ulbricht une double condamnation à perpétuité. Une sanction jugée disproportionnée par beaucoup, au regard de son profil de délinquant non-violent.
Mais gracier Ulbricht serait un signal risqué pour Trump. S’il peut compter sur le soutien des libertariens, il s’exposerait aux critiques de ceux qui estiment que Silk Road a causé de réels dommages. Un dilemme politique et moral qui illustre toute la complexité des enjeux liés aux cryptomonnaies.
Vers un rally post-électoral ?
Si les promesses de Trump se concrétisent, elles pourraient créer un terreau fertile pour une envolée des cours. C’est du moins ce que pensent de nombreux analystes, à l’image de Michaël van de Poppe. Pour lui, la victoire de Trump signe “la fin du plus long et du plus lourd marché baissier de l’Altcoin”, ouvrant la voie à un nouveau cycle haussier qui pourrait “aller bien plus haut que tout ce que nous anticipons”.
Une analyse partagée par Gert van Lagen, pour qui Bitcoin est sur “son ascension finale” avec un objectif de 250 000$ d’ici février prochain. Il voit dans le retournement récent de la courbe des taux un signe que les conditions économiques pourraient alimenter ce rally.
Bien sûr, ces prédictions sont à prendre avec des pincettes. Car si Trump a remporté la bataille des urnes, il lui reste à transformer l’essai sur le terrain législatif et réglementaire. Un parcours semé d’embûches, qui testera sa capacité à tenir ses engagements.
Mais une chose est sûre : en plaçant les cryptos au cœur de son programme, Trump a électrisé le débat et les attentes. Reste à savoir s’il sera le catalyseur d’une nouvelle ère pour le Bitcoin et les cryptomonnaies, ou si ses promesses resteront lettre morte. Les prochains mois s’annoncent décisifs pour le futur de cette industrie fascinante et encore largement imprévisible.