Dans l’univers bouillonnant des cryptomonnaies, le débat sur la décentralisation fait rage. Au cœur de cette controverse se trouve Base, le layer 2 d’Ethereum qui a connu un succès fulgurant. Mais ce succès a aussi attiré son lot de critiques, certains pointant du doigt sa proximité avec le géant Coinbase et remettant en cause son caractère décentralisé. Face à ces attaques, Jesse Pollak, le créateur de Base, a décidé de contre-attaquer en utilisant un argument pour le moins surprenant : le lancement imprévu du memecoin BALD sur son réseau.

Base, layer 2 star ou projet centralisé ?

Lancé il y a moins d’un an, Base est rapidement devenu le premier layer 2 d’Ethereum en termes de valeur totale verrouillée (TVL). Un succès éclatant qui a cependant suscité des interrogations. Sa relation étroite avec Coinbase, l’une des plus grandes plateformes d’échange de cryptomonnaies, a fait tiquer plus d’un puriste de la décentralisation.

Les soupçons se sont accentués lorsque Base a décidé de retirer le wrapped Bitcoin (wBTC) au profit du Coinbase wrapped Bitcoin (cbBTC). Un choix stratégique qui a renforcé l’impression d’un contrôle de Coinbase sur le réseau.

Jesse Pollak monte au créneau

Lors de sa tournée mondiale pour promouvoir Base, Jesse Pollak a été confronté à ces critiques. Loin de les balayer d’un revers de main, il a choisi d’y répondre frontalement en mettant en avant le caractère open source de son projet :

« Base est construit sur un principe open source, de sorte que n’importe qui, n’importe où, peut savoir ce qui en cours d’exécution et voir qu’il se passe exactement ce qu’il devrait se passer. »

Jesse Pollak, créateur de Base

Il a également insisté sur l’indépendance de Base vis-à-vis de Coinbase, affirmant que même si l’entreprise venait à disparaître, le réseau continuerait de fonctionner sans encombre.

BALD, le memecoin qui prouve la décentralisation ?

Mais c’est finalement en évoquant l’histoire du memecoin BALD que Jesse Pollak a voulu asséner l’argument ultime. Retour en août 2023, alors que Base n’est encore accessible qu’aux développeurs, un memecoin baptisé BALD fait parler de lui suite à un« rug pull », une pratique frauduleuse consistant à abandonner un projet après avoir empoché l’argent des investisseurs.

Loin de se désolidariser de cet incident, Jesse Pollak y voit au contraire la preuve que Base échappe à tout contrôle :

« BALD a montré que Base n’allait pas être cet endroit parfaitement entretenu, organisé, contrôlé et centralisé. Et si l’affaire BALD a pu se produire sur Base, c’est bien que l’équipe n’avait aucun contrôle dessus ! »

Jesse Pollak, créateur de Base

Mieux encore, il estime que ce lancement non planifié a paradoxalement servi les intérêts de Base en prouvant à la communauté crypto qu’il s’agissait bien d’une économie ouverte à laquelle chacun pouvait librement participer.

Un argument audacieux mais qui pose question

Si l’argumentaire de Jesse Pollak ne manque pas d’audace, il soulève tout de même quelques interrogations. Peut-on vraiment considérer qu’un réseau est décentralisé au seul prétexte qu’il échappe au contrôle de ses créateurs ? La décentralisation ne suppose-t-elle pas une gouvernance partagée plutôt qu’une simple absence de supervision ?

Par ailleurs, le fait que Base soit encore en phase de développement au moment du lancement de BALD ne remet-il pas en perspective cette fameuse preuve de décentralisation ? On peut en effet se demander si le manque de contrôle invoqué par Jesse Pollak ne tient pas davantage au caractère embryonnaire du réseau qu’à une volonté délibérée de laisser libre cours aux initiatives de la communauté.

Base à l’épreuve des faits

Au final, seuls les faits permettront de juger du degré réel de décentralisation de Base. Si le réseau parvient effectivement à maintenir une gouvernance ouverte et partagée tout en résistant aux tentatives de prise de contrôle ou d’influence de la part d’acteurs majeurs comme Coinbase, alors il aura fait la démonstration de sa résilience.

D’ici là, l’argument de Jesse Pollak a le mérite de relancer le débat sur un sujet crucial pour l’avenir des cryptomonnaies. Car au-delà du cas particulier de Base, c’est bien la question de la décentralisation effective des layer 2 et autres solutions de scaling qui est posée. Une question complexe qui appelle une réflexion de fond sur les mécanismes de gouvernance à mettre en place pour préserver l’esprit originel de la blockchain tout en accompagnant sa nécessaire évolution.

« La décentralisation est un idéal vers lequel il faut tendre, tout en acceptant qu’il s’agisse d’un processus graduel et perfectible. L’essentiel est de ne jamais perdre de vue cet horizon. »

Vitalik Buterin, co-fondateur d’Ethereum

Une chose est sûre : dans cet épineux débat, les memecoins comme BALD auront apporté une touche d’originalité bienvenue. Preuve que même les projets les plus fantasques peuvent parfois éclairer les enjeux les plus sérieux de notre écosystème. Alors, gage de décentralisation ou coup de com’ bien senti ? À chacun de se faire son opinion. Mais une chose est sûre, Base n’a pas fini de faire parler de lui et la question de sa gouvernance sera scrutée avec attention par toute la communauté crypto.

En résumé

  • Base a connu un succès rapide en tant que layer 2 d’Ethereum, mais sa proximité avec Coinbase a suscité des doutes sur sa décentralisation.
  • Son créateur Jesse Pollak affirme que le lancement incontrôlé du memecoin BALD prouve l’indépendance de Base.
  • Cet argument audacieux pose question et seuls les faits permettront de juger du degré réel de décentralisation du réseau.
  • Au-delà de Base, c’est la question de la gouvernance des solutions de scaling qui est en jeu pour préserver les fondements de la blockchain.
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