L’année 2023 a été marquée par une inquiétante montée en puissance des groupes de ransomware basés en Russie. Selon un rapport de la société d’analyse TRM Labs, ces cybercriminels russophones ont représenté près de 70% de tous les revenus en crypto-monnaies liés aux attaques par rançongiciel, pour un montant total dépassant les 500 millions de dollars.
Lockbit et ALPHV/Black Cat, les nouveaux rois du ransomware russe
Deux groupes de ransomware russes se distinguent particulièrement dans ce triste palmarès. Il s’agit de Lockbit et ALPHV/Black Cat, qui auraient amassé à eux seuls “au moins 320 millions de dollars” en crypto-monnaies grâce à leurs attaques. Des noms bien connus comme Boeing, Royal Mail, MGM Resorts ou Henry Schein ont figuré parmi leurs victimes en 2023.
Lockbit, désormais sous le coup de sanctions, a attaqué des entreprises de renom comme Boeing et l’opérateur postal britannique Royal Mail.
TRM Labs
Garantex, la plaque tournante des cryptos liées aux entités sanctionnées
Le rapport de TRM Labs met également en lumière le rôle central joué par Garantex, une plateforme d’échange de crypto-monnaies basée à Moscou. Cette entité, elle-même sous sanctions, a concentré plus de 80% des volumes de cryptos associés à toutes les entités sanctionnées dans le monde en 2023. Une part de ces flux servirait à l’achat d’équipements militaires et de composants stratégiques utilisés par les forces russes en Ukraine.
L’équipement acheté en crypto via Garantex comprend :
- Des drones commerciaux et du matériel anti-drones
- Des optiques thermiques
- Des circuits intégrés et modules GPS
- Des condensateurs au tantale, essentiels à la production d’armes russes
La Russie se tourne de plus en plus vers les crypto-monnaies pour contourner les sanctions
Face aux lourdes sanctions économiques qui pèsent sur elle, la Russie s’appuie de plus en plus sur les monnaies numériques pour maintenir ses échanges commerciaux internationaux. Cela se produit malgré l’interdiction légale d’utiliser les crypto-monnaies comme moyen de paiement sur le territoire russe. Le parlement russe a d’ailleurs récemment adopté en première lecture deux projets de loi visant à autoriser l’usage des cryptos pour le commerce international et à réguler l’activité de minage.
Cette évolution préoccupante souligne l’urgence de renforcer la lutte contre le financement du terrorisme et les activités illicites exploitant les crypto-actifs. Le défi est de taille face à des acteurs russes qui semblent avoir pris une longueur d’avance dans ce domaine, au mépris du droit international et de la stabilité mondiale.
