Imaginez un monde où l’argent papier devient une relique, où chaque transaction se fait en un clic, sécurisée par des technologies futuristes. Ce rêve, porté par les monnaies numériques de banque centrale (CBDC), semblait à portée de main… jusqu’à ce que les États-Unis décident de tourner le dos à cette révolution. En janvier 2025, une décision choc de l’administration Trump a secoué le paysage financier mondial : les CBDC sont désormais interdites sur le sol américain. Pourquoi ce revirement ? Et surtout, quelles conséquences pour la crypto et la finance internationale ? Plongeons dans cette actualité brûlante.

Un Refus Américain qui Fait Débat

Depuis des années, les États-Unis flirtaient avec l’idée d’un « dollar numérique ». Études, rapports, débats au Congrès : tout semblait converger vers une adoption progressive. Mais le vent a tourné avec l’arrivée de Scott Bessent, nouveau secrétaire au Trésor, et un décret signé par Donald Trump le 23 janvier 2025. Ce texte interdit formellement la création, l’émission et l’utilisation d’une CBDC aux États-Unis. Une prise de position radicale qui divise les experts et redessine les priorités financières du pays.

Pourquoi les États-Unis Rejettent les CBDC ?

Le rejet des CBDC par les États-Unis repose sur des arguments forts, portés par des figures influentes. Lors de son audition devant le Sénat, Scott Bessent a déclaré ne voir « aucune utilité » à une monnaie numérique centralisée, pointant des risques pour la vie privée et l’économie. Cette vision s’aligne avec une philosophie de décentralisation chère à certains acteurs du secteur crypto, qui préfèrent voir émerger un marché libre de stablecoins plutôt qu’une monnaie contrôlée par la Réserve fédérale.

Une CBDC irait à l’encontre des principes de liberté et de décentralisation. Laissons le marché des stablecoins prospérer.

Vivek Raman, PDG d’Etherealize.io

Pour Rhett Shipp, PDG d’Avant, une CBDC pourrait même nuire au dollar en réduisant son utilité globale. « Trop de censure, pas assez de confidentialité », résume-t-il. Ce discours trouve un écho dans l’administration Trump, qui mise sur une approche pro-crypto sans intervention étatique lourde. Mais ce choix laisse-t-il vraiment les États-Unis en pole position face à une adoption mondiale galopante des CBDC ?

Les CBDC dans le Monde : un Contraste Frappant

Pendant que les États-Unis ferment la porte, d’autres nations accélèrent. Selon l’Atlantic Council, 66 pays, représentant 98 % du PIB mondial, explorent activement les CBDC. Parmi eux, la Chine se distingue avec son yuan numérique, l’e-CNY, déjà adopté par 260 millions d’utilisateurs. Transactions de 7 trillions de yuans (près de 1 000 milliards de dollars) en juin 2024 : les chiffres parlent d’eux-mêmes. La réussite chinoise repose sur une stratégie claire : élargir les usages, des transports publics aux paiements fiscaux.

Les chiffres clés de l’e-CNY :

  • 260 millions d’utilisateurs actifs.
  • 7 trillions de yuans en transactions cumulées.
  • 17 régions pilotes à travers la Chine.

En Europe, la Banque centrale européenne (BCE) ne reste pas en retrait. Face au veto américain, elle a annoncé en février 2025 un plan ambitieux pour développer une CBDC de gros, visant à fluidifier les transactions interbancaires. Deux phases sont prévues : une plateforme dédiée d’abord, puis une intégration avec les marchés de change. Ce projet pourrait redéfinir la finance tokenisée en Europe, avec un accent sur l’interopérabilité.

Stablecoins : l’Alternative Américaine ?

Face au rejet des CBDC, les États-Unis semblent parier sur les stablecoins, ces cryptomonnaies adossées à des actifs comme le dollar. Des acteurs comme Tether (USDT) ou USDC dominent déjà le marché, avec des volumes d’échange colossaux. Pour beaucoup, cette voie offre une flexibilité que les CBDC ne peuvent égaler. « Les stablecoins incarnent l’avenir des paiements numériques », affirme Tim Bailey, vice-président chez Red Date Technology.

Mais cette stratégie n’est pas sans risques. Les stablecoins, bien que populaires, restent sous le joug de régulations fluctuantes et de critiques sur leur stabilité réelle. La chute de certains projets par le passé, comme TerraUSD, rappelle que la décentralisation a ses limites. Les États-Unis pourront-ils maintenir leur leadership sans une CBDC ?

L’Impact sur la Finance Mondiale

Le veto américain sur les CBDC ne passe pas inaperçu. En Asie, des pays comme l’Inde, Singapour ou la Thaïlande avancent sur leurs propres projets, souvent en collaboration avec des réseaux comme l’UDPN (Universal Digital Payments Network). Ce système, porté par Red Date Technology, teste des ponts entre CBDC, stablecoins et dépôts tokenisés. « Nous connectons les paiements numériques à l’échelle globale », explique Tim Bailey.

Aucun pays ne développera une CBDC retail viable d’ici dix ans.

Yifan He, fondateur de Red Date Technology

Cette prédiction audacieuse soulève une question : les États-Unis ont-ils raison de temporiser ? Pour William Quigley, cofondateur de Tether, la tokenisation de la finance est inéluctable. « Les CBDC arriveront, qu’on le veuille ou non », insiste-t-il, soulignant la pression des stablecoins privés sur les banques traditionnelles. Pendant ce temps, 19 des 20 pays du G20 avancent sur leurs projets CBDC. Les États-Unis risquent-ils de se retrouver à la traîne ?

Et Après ? Une Révolution en Suspens

Le choix américain de bannir les CBDC marque une rupture. Alors que le monde embrasse la tokenisation, les États-Unis misent sur une approche décentralisée, portée par les stablecoins et la blockchain. Mais ce pari tiendra-t-il face à des géants comme la Chine ou l’Europe ? Pour Ozgur Honca, expert en monnaies anciennes, « il y aura toujours un marché pour le papier, mais l’avenir est numérique ».

Cet article ne fait qu’effleurer la surface d’un bouleversement majeur. Les mois à venir révéleront si les États-Unis ont fait le bon choix ou si, au contraire, ils ont manqué une opportunité historique. Une chose est sûre : dans le grand jeu de la finance mondiale, personne ne reste immobile bien longtemps.

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