Alors qu’Ethereum poursuit sa quête de scalabilité, les rollups, ces réseaux secondaires qui déportent une partie de l’activité hors de la chaîne principale, ont le vent en poupe. Pourtant, malgré leur succès indéniable en termes de vitesse et de coûts de transaction, le modèle économique des jetons de gouvernance de ces rollups semble bien moins solide qu’il n’y paraît.

Un marché des rollups en pleine ébullition

Ces derniers mois, les solutions de scaling L2 se sont multipliées sur Ethereum, au point que l’on en dénombre aujourd’hui plus d’une centaine selon le site L2Beat. Ensemble, ces rollups totalisent pas moins de 35 milliards de dollars de valeur verrouillée (TVL) et permettent de traiter plus de 300 transactions par seconde, loin devant les capacités de la chaîne principale.

Mais cette croissance rapide n’est pas sans poser question, notamment en ce qui concerne les jetons de gouvernance émis par chaque rollup. Face à une offre qui explose, ces actifs souffrent d’un manque de demande et peinent à justifier leur valeur sur le long terme.

Des jetons à la recherche d’une utilité pérenne

Le principal problème des jetons comme $OP d’Optimism ou $ARB d’Arbitrum, c’est qu’ils n’ont pas de réelle utilité en dehors de la gouvernance. Contrairement à l’ether qui sert à payer les frais de transaction sur Ethereum, ces jetons ne sont pas indispensables au fonctionnement du réseau qu’ils gouvernent.

Résultat, en l’absence d’une demande organique forte, leur valorisation repose essentiellement sur la tokenomics et les incitations offertes aux premiers utilisateurs, comme les programmes de subventions. Mais cette stratégie trouve vite ses limites une fois les déblocages de jetons arrivés à échéance, entraînant alors une forte pression vendeuse.

Les jetons de gouvernance des rollups cherchent encore leur modèle économique.

Un analyste crypto

Le cercle vicieux du farming d’airdrop

Pour attirer les utilisateurs, de nombreux rollups ont eu recours à la distribution gratuite de jetons via des airdrops. Si la méthode a fait ses preuves pour générer de l’activité à court terme, elle a aussi donné naissance à une pratique pernicieuse : le farming d’airdrop.

En effet, de plus en plus d’utilisateurs interagissent avec ces réseaux dans le seul but de se qualifier pour de futurs airdrops, sans réelle intention d’utiliser les services proposés. Une fois les jetons récupérés, ils s’empressent de les revendre, accentuant encore la pression baissière sur les cours.

La spirale infernale du farming d’airdrop :

  • Les utilisateurs intéragissent avec le rollup dans le seul but d’obtenir de futurs airdrops
  • Une fois les jetons reçus, ils les revendent immédiatement pour faire du profit
  • Le cours du jeton chute sous la pression vendeuse, décourageant l’adoption réelle du réseau

Des valorisations en berne malgré le succès des réseaux

Alors que des rollups comme Arbitrum et Optimism rencontrent un franc succès en terme d’activité et de TVL, force est de constater que leurs jetons de gouvernance n’ont pas suivi la même trajectoire. $ARB et $OP ont vu leur cours s’effondrer de plus de 80% depuis leurs plus hauts, et la tendance est similaire pour la plupart de leurs concurrents.

Bien sûr, le marché baissier actuel n’aide pas, mais il semble surtout que les investisseurs peinent à percevoir la valeur intrinsèque de ces actifs. Tant que les rollups ne trouveront pas un moyen de générer une demande pérenne pour leurs jetons au-delà de la simple gouvernance, il y a fort à parier que cette situation perdure.

Difficile de justifier une valorisation élevée avec la seule promesse d’un droit de vote.

Un trader de cryptos

En définitive, le futur des jetons de gouvernance des rollups Ethereum reste très incertain. S’ils ont permis de fédérer des communautés actives dans un premier temps, leur modèle économique soulève encore de nombreuses questions. À l’heure où la concurrence fait rage entre les L2, seuls ceux qui sauront créer une réelle utilité pour leurs jetons semblent promis à un bel avenir. Les autres risquent fort de rejoindre la longue liste des « governance token » tombés dans l’oubli.

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