Chaque année, le rapport de la Banque des règlements internationaux (BRI) est attendu par les acteurs de la finance mondiale. Et comme à son habitude, la “banque des banques centrales” n’a pas été tendre avec les cryptomonnaies dans son édition 2024, publiée ce 30 juin. Décryptage de cette charge anti-crypto, qui contraste avec un engouement pour la “tokenisation” version banques.

Un rapport de la BRI à charge contre les cryptos

Si l’on en croit le pavé de 260 pages dévoilé par la Banque des règlements internationaux, basée à Bâle en Suisse, le monde des cryptomonnaies serait synonyme de dangers multiples. L’institution, qui chapeaute les banques centrales de la planète, n’y voit en effet que “risques” et “préoccupations sérieuses”, soulignés pas moins d’une trentaine de fois.

Que ce soit les risques de la finance décentralisée (DeFi), les limites des mécanismes de liquidité des stablecoins, ou encore les inquiétudes suscitées par l’usage d’oracles pour connecter la blockchain au monde réel, la BRI tire à boulets rouges. Le Bitcoin n’est même pas mentionné une seule fois dans le rapport!

Les régulateurs disposent de diverses options de politiques pour atténuer les risques multiples que pose la crypto.

Extrait du rapport annuel 2024 de la BRI

La BRI veut surveiller de près la “concurrence” crypto

Mais la Banque des règlements internationaux ne se contente pas de critiquer, elle agit aussi pour garder un oeil sur ce secteur perçu comme une menace pour le système financier traditionnel. Le Comité de Bâle, qui siège au sein de la BRI, surveille ainsi les banques qui se lancent dans la conservation de crypto-actifs ou l’émission de stablecoins.

Surtout, l’institution se félicite du projet Atlas, destiné à collecter un maximum de données sur les marchés crypto et la DeFi, pour en “détecter les risques”. Un outil de surveillance qui vise à fournir aux banques centrales des “informations essentielles” pour analyser les dangers potentiels des crypto-actifs sur la stabilité financière.

La “tokenisation” oui, mais version banques centrales

Paradoxalement, la BRI admet dans le même temps que la “tokenisation de la monnaie et des actifs présente un grand potentiel”. Mais pas question pour autant de laisser la main au marché : seule une tokenisation centralisée, orchestrée par les banques, trouve grâce aux yeux des banquiers centraux.

Concrètement, il s’agirait de développer des monnaies numériques de banque centrale (MNBC) et d’utiliser des blockchains privées, gérées par les institutions financières. Un modèle bien différent de la décentralisation prônée par l’écosystème crypto, qui repose sur des réseaux publics comme Bitcoin ou Ethereum.

Les points clés du rapport 2024 de la BRI sur les cryptos :

  • Nombreux avertissements sur les risques des cryptomonnaies et de la DeFi
  • Surveillance accrue des activités crypto des banques via le Comité de Bâle
  • Collecte massive de données sur les marchés crypto avec le projet Atlas
  • Intérêt marqué pour une “tokenisation” très centralisée et contrôlée par les banques

Conclusion : la BRI ne veut pas d’une finance “libre”

Au final, ce rapport confirme la volonté de la BRI de garder la main sur l’avenir de la monnaie et de la finance, en s’opposant à la décentralisation incarnée par les cryptos. Quitte à prôner la “tokenisation”, les banquiers centraux la veulent sous leur contrôle exclusif, loin de l’esprit originel de Bitcoin & co.

Une position conforme à la réputation de “banque la plus centralisée au monde” de l’institution de Bâle, qui reflète les inquiétudes des Etats et du système financier traditionnel face à l’essor d’actifs et de réseaux sur lesquels ils ont peu de prise. La bataille pour le futur de l’argent et de l’économie ne fait que commencer…

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