Alors que le géant de l’investissement State Street annonce son intention de lancer son propre stablecoin, cette nouvelle en apparence anodine cache en réalité des enjeux colossaux. Dans les profondeurs de la finance, une guerre silencieuse fait rage entre Wall Street et des politiques comme Donald Trump ou Robert Kennedy Jr. Le nerf de la guerre ? Le contrôle du système financier de demain, avec les cryptomonnaies et les stablecoins en première ligne. Décryptage d’une lutte de pouvoir aux ramifications vertigineuses.
State Street, nouveau venu dans l’arène des stablecoins
State Street, mastodonte de la finance pesant plus de 4000 milliards de dollars d’actifs, vient donc de déclarer son ambition de se lancer dans l’émission de son propre stablecoin. Pas une première pour cette banque, 12ème plus grosse des États-Unis, qui avait déjà créé une équipe dédiée au web3 en partenariat avec Galaxy Asset Management.
Mais dans le contexte actuel, cette annonce prend une tout autre dimension. Car State Street n’est pas un acteur isolé. Avec BlackRock et Vanguard, il forme un “cartel financier” possédant plus de 60 trillions de dollars d’actifs et dominant une grande partie des entreprises du S&P500. Un empire tentaculaire qui s’apprête donc à étendre son influence sur le marché des stablecoins et, plus largement, celui des cryptomonnaies.
Les stablecoins, enjeu crucial de l’adoption de masse
Pourquoi un tel intérêt pour les stablecoins ? Parce qu’ils représentent actuellement plus de 164 milliards de dollars de capitalisation. Surtout, ils sont la clé de voûte de l’adoption massive des cryptomonnaies par le grand public et les entreprises. Plus stables que le Bitcoin, plus rapides et moins coûteux que les transactions classiques, les stablecoins sont le “Wi-Fi” de la crypto là où le Bitcoin en est “l’Internet”.
Une position stratégique qui n’a pas échappé à certains politiques comme Donald Trump. Le président déchu, en pleine campagne pour 2024, a déclaré récemment qu’il interdirait la création d’une monnaie numérique de banque centrale (CBDC) aux États-Unis s’il était réélu. Une prise de position lourde de sens, quand on sait la compétition qui oppose les USA à la Chine dans la course à la suprématie sur les cryptos et le web3.
Trump, Kennedy Jr. : des politiques contre les “cartels financiers”
Car Donald Trump n’est pas seul dans ce combat. Robert Kennedy Jr., autre candidat de poids pour 2024, a lui aussi mis en garde contre la montée en puissance de ce qu’il qualifie de “cartel financier”. Selon lui, des sociétés comme BlackRock, State Street ou Vanguard sont en train de transformer les États-Unis en “colonie” en accaparant une part toujours plus grande de son économie et de son territoire.
Un avertissement qui résonne avec celui de Vivek Ramaswamy, lui aussi candidat républicain, pour qui BlackRock, State Street et Vanguard forment “le cartel le plus puissant de l’histoire de l’humanité”. Et d’ajouter : “En tant que président, je couperai la véritable main qui guide le mouvement ESG – non pas la main invisible du libre marché, mais le poing invisible du gouvernement lui-même.”
Une lutte souterraine aux enjeux vertigineux
On le voit, les enjeux qui se cachent derrière la simple annonce du lancement d’un stablecoin par State Street sont vertigineux. C’est toute une guerre souterraine pour le contrôle du système financier de demain qui se joue actuellement, avec d’un côté les géants de Wall Street cherchant à asseoir leur domination sur ce nouveau far west, et de l’autre des politiques comme Trump ou Kennedy Jr. voulant limiter leur pouvoir au nom de la souveraineté américaine.
Une chose est sûre : dans ce contexte de lutte acharnée, le marché des cryptomonnaies et des stablecoins va jouer un rôle crucial. Avec l’explosion attendue du cours du Bitcoin et l’adoption massive qui devrait en découler, avoir des stablecoins solides, fiables et largement utilisés sera un atout stratégique de premier plan. La “course à l’accumulation du Bitcoin” évoquée par Anthony Pompliano n’en est qu’à ses débuts.
Dès lors, l’entrée d’un mastodonte comme State Street sur ce marché est loin d’être anecdotique. Elle pourrait être annonciatrice de bouleversements majeurs dans les mois et années à venir, redessinant les équilibres de pouvoir au sein de la finance mondiale. Reste à savoir qui, des géants de Wall Street ou de politiques comme Trump et Kennedy Jr., sortira vainqueur de cette guerre de l’ombre. L’avenir de notre système financier, et peut-être de nos démocraties, en dépend.