C’est une véritable hécatombe financière qui s’est produite ce lundi 5 août sur les marchés égyptiens. En l’espace de quelques heures, le pays a vu sa monnaie, la livre égyptienne, et son principal indice boursier, l’EGX30, s’effondrer dans des proportions rarement observées. Une journée noire qui plonge l’Égypte dans une situation économique des plus préoccupantes.
La livre égyptienne et la bourse du Caire en chute libre
Lundi matin, c’est la stupéfaction qui a gagné les opérateurs en découvrant l’ampleur des dégâts sur le marché des changes égyptien. En seulement quelques heures de cotation, la livre égyptienne a perdu 3% de sa valeur face à l’euro, passant de 0,019 € à 0,0184 €. Un mouvement d’une brutalité inédite pour une devise.
Et le pire était à venir du côté des actions. L’indice phare de la bourse égyptienne, l’EGX30, a littéralement dévissé de plus de 4,5% dans la journée. Démarrant à un niveau déjà fragile de 28 500 livres égyptiennes, il est tombé jusqu’à 27 160 livres, avant de limiter quelque peu la casse en clôturant à 27 840 livres.
Un contexte géopolitique et économique tendu
Cette débâcle financière survient dans un contexte international particulièrement compliqué pour l’Égypte. Le pays est fragilisé par les tensions géopolitiques dans la région et pâtit de la frilosité des investisseurs étrangers, échaudés par l’instabilité politique chronique.
Mais ce sont surtout les difficultés économiques structurelles du pays qui inquiètent. Avec une inflation galopante, une balance commerciale largement déficitaire et une dette publique colossale, l’Égypte présente tous les symptômes d’une économie à bout de souffle. La croissance est atone et le chômage, notamment chez les jeunes, reste à un niveau préoccupant.
Les maux de l’économie égyptienne en quelques chiffres :
- Inflation : 14,6% en glissement annuel en juillet
- Balance commerciale : déficit de 42,7 milliards $ en 2022
- Dette publique : 90% du PIB fin 2022
- Taux de chômage : 15% au 2nd trimestre 2024
La banque centrale égyptienne sous pression
Face à cette spirale baissière, la banque centrale égyptienne semble bien démunie. Son gouverneur a tenté de rassurer les marchés en déclarant qu’il surveille de près la situation et se tient prêt à intervenir si besoin. Mais les marges de manœuvre sont étroites. Avec des réserves de change à un plus bas historique, l’institution monétaire n’a que peu de munitions pour endiguer une telle défiance des investisseurs.
Le spectre d’un appel au FMI plane plus que jamais. Mais cela se traduirait immanquablement par une cure d’austérité drastique et de profondes réformes structurelles. Des mesures forcément impopulaires qui feraient peser un lourd risque de tensions sociales dans un pays déjà au bord de l’implosion.
Un climat d’incertitude maximale
Pour les experts, la grande inconnue est de savoir si ce krach du 5 août restera un épiphénomène ou marquera le début d’une crise profonde et durable. Compte tenu de la grande nervosité des marchés, nul ne se risque à écarter le risque d’une contagion à d’autres pays émergents fragiles.
Quoi qu’il en soit, cette journée noire est un terrible coup dur pour l’économie égyptienne. Et l’avenir s’annonce plus incertain que jamais. Au pays des pharaons, ce lundi d’août pourrait bien avoir des allures de “première plaie d’Égypte” version capitalisme financier mondialisé.