L’arrestation en février dernier de Tigran Gambaryan, un haut responsable de Binance, par les autorités nigérianes continue de faire des vagues. Alors que des élus américains montent au créneau pour dénoncer sa détention “injustifiée” et réclamer son retour aux États-Unis, le gouvernement nigérian campe sur ses positions. Pour le ministre de l’Information Mohammed Idris, le procès suit son cours normal et les charges retenues contre Binance sont “graves”.

Le Nigeria rejette les critiques américaines

Dans une lettre rendue publique le 4 juin, une douzaine de membres du Congrès américain ont fait part de leurs vives inquiétudes quant au sort de leur concitoyen Tigran Gambaryan, responsable de la lutte contre la criminalité financière chez Binance. Ils dénoncent des accusations “sans fondement” et une tentative d’extorsion envers la plus grande plateforme d’échange de cryptomonnaies au monde.

Mais pour le ministre nigérian de l’Information, il n’en est rien. Dans un communiqué, Mohammed Idris affirme que le procès se déroule dans le respect des procédures à tous les stades. Il ajoute que les procureurs sont “confiants” dans les preuves rassemblées et que Binance aura l’occasion de se défendre lors de la prochaine audience, prévue le 20 juin.

Une affaire de blanchiment et d’évasion fiscale

Tigran Gambaryan et son collègue Nadeem Anjarwalla ont été arrêtés en février pour des soupçons de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale. Si le second a réussi à fuir au Kenya en mars, Gambaryan reste détenu dans la tristement célèbre prison de Kuje.

Pour les élus américains, cette prison “conçue pour accueillir des combattants de l’État islamique” est indigne de leur ressortissant. Ils s’alarment aussi de son état de santé, Gambaryan ayant contracté le paludisme. Une demande de libération sous caution et de soins lui a été refusée le 17 mai, les autorités le considérant comme un risque de fuite à l’instar de son collègue en cavale.

Les cadres de Binance dans le viseur

Mais pour la justice nigériane, la responsabilité individuelle des dirigeants de Binance peut être engagée, nonobstant la personnalité morale de l’entreprise. Un argument rejeté par la défense de Gambaryan mais conforme au droit nigérian selon les procureurs de la Commission des crimes économiques et financiers (EFCC).

Cette affaire illustre les risques juridiques croissants pour les acteurs des cryptomonnaies opérant dans des pays où la régulation est encore balbutiante. Sollicité par les élus américains, le gouvernement Biden n’a pas encore réagi officiellement. Mais cette escalade pourrait mettre à mal les efforts de Binance pour étendre sa présence en Afrique.

Nous n’avons pas de feuille de route claire pour sortir notre cadre exécutif du Nigeria.

Un porte-parole de Binance

Contacté par nos soins, un porte-parole de Binance s’est refusé à tout commentaire sur une procédure judiciaire en cours. Il a simplement indiqué que l’entreprise apportait tout son soutien à son employé et à sa famille dans cette épreuve, sans pour autant avoir de “feuille de route claire” pour le faire libérer rapidement.

Le feuilleton judiciaire ne fait sans doute que commencer, avec en toile de fond les enjeux de souveraineté, de coopération judiciaire internationale et de régulation des cryptoactifs. Affaire à suivre…

Partager

Passionné et dévoué, je navigue sans relâche à travers les nouvelles frontières de la blockchain et des cryptomonnaies. Pour explorer les opportunités de partenariat, contactez-nous.

Laisser une réponse

Exit mobile version