Près de deux ans après l’effondrement spectaculaire de FTX, l’un des plus grands scandales de l’histoire des cryptomonnaies touche enfin à sa fin. Hier, le 7 octobre 2024, le tribunal de faillite américain du district du Delaware a approuvé le plan de réorganisation de la plateforme, sonnant le glas d’une saga qui aura tenu en haleine tout l’écosystème crypto. Mais la pilule risque d’être dure à avaler pour de nombreux créanciers…
Un remboursement en espèces qui fait grincer des dents
Le plan de faillite accepté par le tribunal prévoit que la majorité des créanciers de FTX seront remboursés en dollars, à hauteur de 118% en moyenne de la valeur de leurs avoirs au moment du dépôt de bilan en novembre 2022. Si ce pourcentage peut paraître alléchant de prime abord, il cache en réalité une amère déception pour beaucoup.
En effet, les cours des cryptomonnaies comme le Bitcoin étaient bien plus bas fin 2022 qu’actuellement. En clair, les créanciers ne profiteront pas des gains substantiels générés par la hausse du marché depuis. Leurs remboursements se feront à un prix figé dans le passé, et toute possibilité d’être dédommagés en cryptomonnaies a été exclue.
Le juge rejette les objections des créanciers
Malgré les protestations de plusieurs créanciers majeurs comme Celsius et Layer Zero, le juge John T. Dorsey est resté inflexible. Il a balayé d’un revers de la main les demandes de remboursement en cryptos, confirmant au passage que le token FTT était désormais sans valeur, en dépit d’un bref sursaut suite à l’annonce.
Pour justifier ce refus, les avocats de FTX ont mis en avant le manque d’actifs numériques dans les caisses de l’entreprise. Ils ont souligné qu’il serait impossible de racheter sur le marché les quantités faramineuses de cryptomonnaies nécessaires pour satisfaire tout le monde. Un argument difficilement contestable au vu des revelations sur l’ampleur des détournements.
98% des créanciers approuvent, mais des voix s’élèvent
Si le plan a reçu l’aval de 98% des créanciers en termes de montants dus, certains n’ont pas caché leur mécontentement. Le représentant du plus grand groupe de créanciers individuels, Sunil Kavuri, a fustigé ce remboursement en dollars qui prive les victimes de gains potentiellement conséquents. D’autres s’inquiètent de l’impact fiscal de ces versements en espèces.
Mais le juge Dorsey n’en a cure. Il a salué la gestion “exemplaire” de ce dossier extrêmement complexe, se félicitant que la liquidation d’actifs et la hausse du marché aient permis de reconstituer en partie les fonds détournés. Une maigre consolation pour ceux qui espéraient récupérer leurs précieux Bitcoins et Ethers…
L’épilogue d’un feuilleton, mais pas la fin de l’histoire
Ce jugement marque donc la fin d’un chapitre, mais certainement pas celle de l’histoire. De nombreuses questions restent en suspens, notamment sur le sort des fonds restants et un éventuel remboursement partiel en stablecoins. Gageons que les autorités de régulation comme la SEC garderont un œil attentif sur la suite des événements.
Une chose est sûre : le feuilleton FTX est loin d’avoir livré tous ses secrets et rebondissements. Il continuera de hanter encore longtemps les nuits des investisseurs échaudés et de servir de référence aux régulateurs du monde entier. L’épilogue judiciaire est peut-être écrit, mais les conséquences de ce tsunami n’ont pas fini de se faire sentir.
D’ici là, les créanciers n’auront d’autre choix que de prendre leur mal en patience et de se contenter de leurs dollars, bien loin des promesses dorées d’antan. Un épilogue forcément décevant, mais hélas prévisible au vu de l’ampleur du désastre. Espérons que cette douloureuse leçon saura au moins servir à bâtir une industrie des cryptomonnaies plus saine et transparente à l’avenir.