Imaginez un pays où les cryptomonnaies étaient autrefois interdites, soudainement sur le point d’ouvrir grand les portes à Bitcoin et ses pairs. C’est exactement le scénario qui se déroule actuellement au Maroc, marquant un tournant historique pour ce royaume d’Afrique du Nord. Après des années de méfiance, les autorités marocaines semblent avoir compris l’inéluctabilité de la révolution crypto et se préparent à l’embrasser pleinement.

L’ombre de l’interdiction de 2017 s’estompe

Rembobinons un peu. En novembre 2017, la Banque centrale marocaine (BAM) et l’Office des Changes avaient fermement interdit toute transaction en Bitcoin et autres cryptomonnaies, les considérant comme des violations des réglementations de change. Les risques évoqués à l’époque : blanchiment d’argent, fraude et volatilité des marchés.

Malgré cette interdiction, un marché parallèle s’est développé, nourri par une population jeune, curieuse et technophile. Les Marocains, notamment la diaspora, ont continué à utiliser des plateformes décentralisées et des portefeuilles non-custodian pour échanger et conserver leurs actifs numériques.

Un virage stratégique guidé par le contexte mondial

Aujourd’hui, le vent a tourné. Le gouverneur de la BAM, Abdellatif Jouahri, a annoncé qu’un projet de loi est en cours d’élaboration pour légaliser et réguler les cryptomonnaies. Ce revirement stratégique s’inscrit dans un contexte mondial où de plus en plus de pays, à l’instar de l’Union Européenne avec son règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets), mettent en place des cadres réglementaires complets pour les actifs numériques.

Le Maroc semble avoir pris conscience qu’il ne pouvait pas rester en marge de cette évolution. D’autant plus que l’engouement populaire pour les cryptos ne s’est jamais démenti malgré l’interdiction. Les autorités ont aussi pu constater le rôle crucial joué par les cryptomonnaies pour centraliser les dons suite aux tremblements de terre dévastateurs de l’an dernier.

Au-delà de Bitcoin : vers une monnaie numérique de banque centrale ?

Mais la légalisation des cryptomonnaies n’est qu’une facette de la stratégie du Maroc. La BAM explore aussi l’idée d’une monnaie numérique de banque centrale (MNBC). Comme l’explique Abdellatif Jouahri :

En ce qui concerne les monnaies numériques des banques centrales, et comme de nombreux pays à travers le monde, nous explorons dans quelle mesure cette nouvelle forme de monnaie pourrait contribuer à la réalisation de certains objectifs de politique publique, en particulier en termes d’inclusion financière.

Ainsi, au-delà de la simple régulation des cryptos existantes, le Maroc voit dans les technologies blockchain et les monnaies numériques un levier pour moderniser son système financier et le rendre plus inclusif.

2024, année charnière pour les cryptos au Maroc

Si le projet de loi actuellement en préparation est adopté, 2024 marquera un tournant majeur pour l’écosystème crypto marocain. Après des années dans l’ombre de l’interdiction, les entreprises et les particuliers pourront enfin mener leurs activités liées aux cryptomonnaies dans un cadre légal et sécurisé.

Cela pourrait ouvrir la voie à l’émergence d’un véritable hub blockchain et crypto dans le royaume, attirant investissements et talents. Le Maroc a tous les atouts pour devenir un leader régional en la matière : une population jeune et éduquée, une diaspora connectée, une situation géographique stratégique entre l’Europe et l’Afrique.

Reste à voir comment cette légalisation se traduira concrètement et quel sera le dispositif réglementaire mis en place. Mais une chose est sûre : après des années de statu quo, le Maroc est prêt à embrasser pleinement la révolution des cryptomonnaies et de la blockchain. Une page se tourne, un nouveau chapitre passionnant s’ouvre pour le royaume chérifien dans l’ère numérique.

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