Les autorités canadiennes sonnent l’alarme face à l’utilisation croissante des cryptomonnaies dans le commerce illégal d’opioïdes, en particulier pour le trafic et la production de fentanyl et autres drogues de synthèse. Une situation préoccupante qui met en lumière les défis posés par l’anonymat des monnaies virtuelles.
Le FINTRAC pointe du doigt le rôle des cryptos dans le trafic d’opioïdes
Dans une récente alerte opérationnelle, le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (FINTRAC) a détaillé comment les cryptomonnaies, notamment le Bitcoin (BTC), l’Ethereum (ETH), le Tether (USDT) et l’USD Coin (USDC), sont exploitées pour faciliter le commerce international de drogues tout en contournant les systèmes financiers traditionnels.
Les conclusions du FINTRAC soulignent le rôle central des marchés darknet dans la mise en relation des producteurs et acheteurs de fentanyl. Ces plateformes acceptent principalement les cryptomonnaies et utilisent des services d’escrow pour finaliser les transactions. Une fois les fonds débloqués, ils peuvent être transférés vers des portefeuilles privés, blanchis via des services de mixage, ou convertis en monnaies fiduciaires sur des exchanges, compliquant ainsi le traçage des flux financiers.
Project Guardian : une initiative public-privé contre le blanchiment des produits du trafic d’opioïdes
Le rapport s’appuie sur les travaux menés dans le cadre du Project Guardian, une initiative réunissant acteurs publics et privés pour lutter contre le blanchiment des produits du trafic d’opioïdes de synthèse. Parmi les principaux participants figurent la Gendarmerie royale du Canada, Postes Canada, la Banque Canadienne Impériale de Commerce et l’Agence des services frontaliers du Canada.
Le Project Guardian se concentre sur l’identification des schémas de transactions financières liés au trafic d’opioïdes de synthèse. Cela inclut la surveillance des paiements pour les précurseurs chimiques, l’équipement de laboratoire et les services d’expédition.
Des micro-trafiquants aux grands réseaux de distribution : l’omniprésence des cryptos
Les micro-trafiquants, qui utilisent souvent les services postaux et de messagerie pour expédier de petites quantités de drogues, se tournent de plus en plus vers les monnaies virtuelles pour leurs ventes à l’international. Pendant ce temps, les grands réseaux de distribution exploitent les corridors de fret, en particulier à Vancouver et Toronto, pour transporter les précurseurs et les opioïdes finis.
Selon le FINTRAC, ces transactions sont souvent liées à des opérations impliquant des opioïdes de synthèse et représentent un risque important de facilitation d’activités illicites.
Un défi majeur pour les autorités canadiennes
Le détournement des cryptomonnaies à des fins criminelles, en particulier dans le cadre du trafic d’opioïdes, constitue un véritable casse-tête pour les forces de l’ordre. L’anonymat offert par ces monnaies virtuelles facilite grandement les activités illicites et complique considérablement les enquêtes.
Face à ce constat alarmant, les autorités canadiennes multiplient les efforts pour endiguer ce fléau. Le Project Guardian témoigne de cette volonté de mobiliser tous les acteurs concernés, des institutions financières aux services frontaliers en passant par les services postaux, afin de traquer plus efficacement les flux financiers suspects.
Il est clair que la lutte contre l’utilisation criminelle des cryptomonnaies, et plus largement contre le trafic d’opioïdes, nécessitera une coopération renforcée au niveau national et international. Un défi de taille pour le Canada et l’ensemble de la communauté internationale, qui devront redoubler d’efforts et d’ingéniosité pour enrayer cette menace grandissante.
En résumé :
- Les cryptomonnaies sont de plus en plus utilisées dans le trafic illégal d’opioïdes au Canada.
- Le FINTRAC alerte sur le rôle des marchés darknet et des services de mixage.
- Le Project Guardian réunit acteurs publics et privés pour lutter contre ce fléau.
- L’anonymat des cryptos complique la tâche des autorités.
- Une coopération renforcée au niveau national et international est nécessaire.
La menace que représente l’utilisation des cryptomonnaies dans le trafic d’opioïdes est bien réelle et ne cesse de s’amplifier. Face à ce constat alarmant, le Canada se mobilise et multiplie les initiatives pour enrayer ce fléau. Mais le chemin sera long et semé d’embûches, tant les défis posés par l’anonymat des monnaies virtuelles sont nombreux. Une chose est sûre : la lutte contre ce fléau nécessitera une coopération sans faille de tous les acteurs concernés, au Canada comme à l’international.