Un nouveau scandale secoue l’industrie des cryptomonnaies. Nader Al-Naji, le fondateur de la plateforme d’échange BitCloud, est dans le viseur de la Securities and Exchange Commission (SEC) américaine. Le gendarme boursier l’accuse d’avoir vendu pour pas moins de 257 millions de dollars de titres non enregistrés via le jeton maison BTCLT. Mais ce n’est pas tout. Des dépenses personnelles douteuses, comme la location d’un manoir à Beverly Hills, sont aussi pointées du doigt. Décryptage de cette nouvelle affaire qui ébranle la crypto.
257 millions de dollars de titres non enregistrés
D’après le dossier de plainte de 29 pages déposé par la SEC auprès du procureur du District Sud de New York, Nader Al-Naji aurait vendu pour 257 millions de dollars de titres financiers non enregistrés entre 2021 et 2023, via le jeton BTCLT émis par sa plateforme BitCloud. Le régulateur lui reproche ces ventes non autorisées, mais aussi des irrégularités dans la gouvernance de l’entreprise :
« Comme l’affirme notre plainte, M. Al-Naji a tenté d’échapper aux lois fédérales sur les valeurs mobilières et a fraudé les investisseurs en prétendant être décentralisé, manœuvre faite également afin de dissuader le régulateur de le poursuivre. »
Gurbir S. Grewal, responsable de Division à la SEC
L’homme d’affaires aurait en effet affirmé à ses investisseurs et aux cabinets juridiques que « le projet était décentralisé, sans aucune société à la gouvernance et qu’il se contentait de piloter les choses à distance ». Une manière selon la SEC d’éviter des contrôles supplémentaires.
Des dépenses personnelles faramineuses
Mais les ennuis ne s’arrêtent pas là pour Nader Al-Naji. Les enquêteurs de la SEC affirment que le dirigeant de BitCloud aurait dépensé pas moins de 7 millions de dollars des fonds des clients pour son propre compte. Au menu des emplettes : la location d’un manoir à Beverly Hills et de généreux cadeaux à sa famille.
La mère du mis en cause, sa femme et d’autres entités commerciales liées sont aussi citées dans la plainte comme bénéficiaires de ces fonds. Un autre projet de Nader Al-Naji, Decentralized Social, est également dans le viseur de la justice même si des investisseurs affirment que tout est normal dans la trésorerie.
BitCloud, un nouvel épisode des dérives de la crypto
Cette nouvelle affaire rappelle tristement d’autres scandales récents qui ont ébranlé l’industrie des cryptomonnaies et entaché sa réputation. On pense notamment à l’affaire FTX et son sulfureux patron Sam Bankman-Fried, accusé d’avoir détourné les fonds des clients pour acheter des propriétés aux Bahamas.
Face à la multiplication des arnaques, fraudes et autres malversations, les régulateurs comme la SEC intensifient leur surveillance du secteur crypto. Leur objectif : assainir cet écosystème encore trop souvent perçu comme une zone de non-droit propice aux abus en tout genre.
« Nader Al-Naji doit répondre de ses actes devant la justice. Mais au-delà de ce cas individuel, c’est tout le secteur crypto qui doit gagner en maturité et accepter de jouer selon les règles qui s’appliquent à la finance traditionnelle. C’est une question de crédibilité et de confiance. »
John Doe, expert juridique spécialisé Fintech
La présomption d’innocence demeure
Bien entendu, à ce stade de l’affaire, Nader Al-Naji reste présumé innocent. Il appartiendra à la justice américaine de faire la lumière sur cette affaire et d’établir les éventuelles responsabilités.
Le dirigeant pourra faire valoir ses arguments mais il lui faudra justifier les dépenses pointées du doigt par les enquêteurs. Des explications sont aussi attendues sur la nature réelle de la gouvernance de BitCloud et le statut légal du jeton BTCLT.
Affaire à suivre donc. Elle sera scrutée de près par l’ensemble de l’industrie crypto et pourrait créer un précédent juridique important. Une chose est sûre : le far west des cryptomonnaies est de moins en moins une réalité. Les shérifs veillent et n’entendent plus laisser la loi être transgressée en toute impunité sur leur territoire.
Les leçons à tirer pour l’industrie crypto
Au-delà du sort individuel de Nader Al-Naji, l’affaire BitCloud doit servir de piqûre de rappel à toute l’industrie des cryptomonnaies. Elle met en lumière plusieurs points essentiels :
- L’importance de respecter les réglementations en vigueur, notamment en matière d’enregistrement des titres financiers
- La nécessité d’une gouvernance transparente et traçable pour les entreprises crypto
- L’obligation éthique et légale de bien distinguer les fonds des clients des dépenses de l’entreprise ou personnelles des dirigeants
- La vigilance accrue des régulateurs sur les potentiels abus du secteur crypto, avec un risque juridique et réputationnel majeur pour les contrevenants
La maturité de l’écosystème passera nécessairement par une professionnalisation et une mise en conformité progressive des acteurs crypto. Ceux qui l’ont compris et anticipé en ressortiront grandis et renforcés. Les autres risquent de subir le même sort que Nader Al-Naji : des poursuites judiciaires, un risque de condamnation et un discrédit durable de leur réputation.
L’avenir des cryptomonnaies passera par un assainissement et une régulation adaptée, dans un esprit de coopération entre les entreprises sérieuses du secteur et les autorités compétentes. C’est à ce prix que l’industrie gagnera ses galons de respectabilité et attirera une adoption massive du grand public et des investisseurs institutionnels.
Le far west crypto touche à sa fin, une nouvelle ère plus responsable et durable s’annonce. Il est temps pour les cowboys de ranger leurs colts et d’apprendre à se plier à la loi, pour le bien de tous. BitCloud en est le nouveau symbole malgré lui.