Selon un nouveau rapport du Fonds Monétaire International (FMI), l’extraction de cryptomonnaies comme le Bitcoin et les centres de données pour l’intelligence artificielle (IA) représentent une menace grandissante pour le climat en raison de leur consommation d’électricité en pleine expansion. Pour y remédier, l’institution basée à Washington préconise une augmentation drastique de leur fiscalité, qui pourrait aller jusqu’à 85% pour les mineurs de crypto.

Une consommation d’énergie et des émissions carbone hors de contrôle

Dans l’introduction de leur article de blog intitulé “Carbon Emissions from AI and Crypto Are Surging and Tax Policy Can Help”, les experts du FMI Shafik Hebous et Nate Vernon-Lin s’interrogent sur le point commun entre cryptoactifs et intelligence artificielle. La réponse est évidente : un appétit vorace pour l’énergie.

Selon leurs estimations, le minage de cryptomonnaies et l’IA représentent actuellement un peu plus de 2% de la consommation mondiale d’électricité. Et ce pourcentage pourrait grimper à 3,5% d’ici 2027 dans un scénario de base, voire frôler les 6% dans le pire des cas !

En termes d’émissions de dioxyde de carbone, le constat est similaire avec 1% du total mondial qui pourrait provenir de ces deux secteurs à l’horizon 2027, et jusqu’à 2% dans une fourchette haute. Des chiffres préoccupants pour le FMI.

Une transaction Bitcoin = 3 ans de consommation électrique au Ghana

Pour frapper les esprits, les auteurs n’hésitent pas à utiliser des comparaisons chocs. Ainsi, une seule transaction Bitcoin consommerait autant d’électricité qu’un habitant du Ghana ou du Pakistan pendant 3 ans ! De quoi se poser des questions sur l’utilité réelle de la première cryptomonnaie…

Jusqu’à 85% de taxes en plus pour les mineurs

Face à ce constat alarmant, le FMI propose une mesure radicale : taxer fortement la consommation électrique des mineurs de crypto et des data centers d’IA. Voici ce que cela donnerait concrètement pour l’industrie du minage selon leurs estimations :

Une taxe directe de 0,047$ par kilowattheure pour les mineurs de cryptomonnaies permettrait :

  • De réduire leurs émissions conformément aux objectifs climatiques
  • En tenant compte aussi de la pollution de l’air, ce taux grimperait à 0,089$ soit +85% sur leur facture !
  • D’engranger 5,2 milliards de dollars de recettes fiscales par an dans le monde
  • De diminuer leurs émissions annuelles de 100 millions de tonnes de CO2 (= la Belgique)

Pour les centres de données d’IA, généralement implantés dans des zones où l’électricité est plus “verte”, le FMI recommande une taxe de 0,032$ à 0,052$ par kWh, ce qui rapporterait jusqu’à 18 milliards de dollars annuellement aux États.

Vers une “harmonisation mondiale du prix du carbone” ?

Les experts reconnaissent qu’un futur est possible où les data centers gérés par l’IA seront bien plus économes en énergie. Mais en attendant d’en avoir la preuve, ils jugent qu’une fiscalité dissuasive est nécessaire.

Et comme certains pays pratiquent une forme de dumping écologique pour attirer ces activités, le FMI prône une “harmonisation mondiale du prix du carbone”. Un véritable défi quand on connaît les divergences entre États sur les questions environnementales…

Enfin, le rapport suggère de compléter ces taxes par des incitations (crédits d’impôt, certificats d’énergie renouvelable…) pour encourager les acteurs à verdir leur mix énergétique. L’objectif in fine étant de “contenir la hausse des températures”.

Verra-t-on l’émergence d’une “crypto-fiscalité verte” mondiale ?

Si ces propositions venaient à se concrétiser, elles bouleverseraient l’économie du minage de cryptomonnaies, déjà sous pression avec la chute des cours. Beaucoup d’acteurs pourraient mettre la clé sous la porte.

Mais l’enjeu climatique est de taille et ne peut plus être ignoré. Les États seront-ils capables de coopérer pour mettre en place une fiscalité commune et ambitieuse ? Ou céderont-ils à la tentation du chacun pour soi ? La bataille d’experts et de régulateurs ne fait que commencer, mais nul doute qu’elle sera féroce.

Une chose est sûre : pour réussir la transition énergétique, la “crypto-sphère” va devoir elle aussi mettre la main au portefeuille… Et cela risque de faire mal au début. Mais c’est peut-être le prix à payer pour se débarrasser de son image sulfureuse et gagner en légitimité. L’avenir nous le dira !

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