Dans un monde où les réseaux criminels ne cessent d’innover pour financer leurs activités illicites, les États font front commun pour endiguer ces flots d’argent sale. C’est dans ce contexte que les États-Unis et les Émirats Arabes Unis (EAU) viennent de remporter une victoire significative en démantibulant un réseau de blanchiment d’argent nord-coréen d’envergure.

L’OFAC, fer de lance de la lutte contre le financement du terrorisme

L’Office of Foreign Assets Control (OFAC), organisme du Département du Trésor américain, est en première ligne dans ce combat sans merci. Sa mission : traquer les flux financiers illégaux à travers le globe, qu’ils servent à financer le terrorisme ou les programmes d’armement de régimes hostiles comme celui de la Corée du Nord.

C’est ainsi qu’en étroite collaboration avec les autorités émiraties, l’OFAC a pu mettre à jour et neutraliser un réseau « impliqué dans le blanchiment de millions de dollars de fonds illicites générés par les travailleurs des technologies de l’information (TI) et la cybercriminalité qui soutiennent le gouvernement de la République Populaire de Corée [du Nord] ».

Alors que la RPDC continue d’utiliser des systèmes criminels complexes pour financer ses programmes d’ADM et de missiles balistiques, y compris par l’exploitation d’actifs numériques, le Trésor reste concentré sur la perturbation des réseaux qui facilitent ce flux de fonds vers le régime.

Bradley T. Smith, sous-Secrétaire par intérim du Trésor pour le terrorisme et le renseignement financier

Deux individus et une société écran au cœur du réseau

L’enquête a révélé l’implication de deux ressortissants chinois, Lu Huaying et Zhang Jian, qui opéraient pour le compte d’une société écran basée aux EAU. Leur rôle : blanchir des cryptomonnaies issues des multiples activités frauduleuses de groupes affiliés au régime de Pyongyang, comme le tristement célèbre groupe Lazarus.

Lu Huaying recevait les cryptomonnaies qu’il convertissait ensuite en devises traditionnelles grâce au soutien de Sim Hyon Sop, représentant d’une banque nord-coréenne en Chine, également dans le viseur de l’OFAC. L’argent blanchi servait in fine à acquérir des biens et services destinés à la Corée du Nord.

Zhang Jian, quant à lui, jouait le rôle d’intermédiaire pour faciliter ces transactions financières opaques. Au total, ce sont plusieurs millions de dollars qui auraient ainsi été blanchis selon les estimations de l’OFAC.

En bref :

  • Les États-Unis et les EAU ont démantelé un important réseau de blanchiment d’argent lié à la Corée du Nord.
  • Deux ressortissants chinois et une société écran émiratie étaient au cœur du dispositif.
  • Des millions de dollars de cryptomonnaies, issues d’activités frauduleuses, ont été blanchis pour le compte de Pyongyang.
  • L’argent blanchi servait à acquérir des biens et services pour la Corée du Nord et potentiellement son programme d’armement.

Conséquences pour les entités et individus impliqués

Suite à cette opération coup de filet, tous les avoirs et biens des personnes et entités concernées ont été gelés. Toute personne, physique ou morale, qui serait tentée de faire affaire avec elles s’expose désormais à de lourdes sanctions de la part de l’OFAC. Un message clair envoyé à tous ceux qui, de près ou de loin, apporteraient leur concours aux réseaux financiers de la Corée du Nord.

Une victoire d’étape dans un combat de longue haleine

Si ce démantèlement constitue indéniablement un succès pour les États-Unis et leurs alliés, il ne signe pas pour autant la fin de la guerre dans laquelle ils sont engagés. Car le régime nord-coréen et ses soutiens, au premier rang desquels le groupe Lazarus, ne manqueront pas de redoubler d’efforts et d’ingéniosité pour reconstituer de nouvelles cellules.

D’autant que la sphère des cryptomonnaies, par son opacité et son caractère décentralisé, offre un terreau fertile à leurs activités illicites. Un défi immense pour les services de renseignement financier qui doivent sans cesse s’adapter et innover pour garder une longueur d’avance dans cette course-poursuite effrénée.

Mais c’est aussi tout l’enjeu pour l’écosystème crypto dans son ensemble, qui doit impérativement gagner en transparence et en régulation s’il veut se défaire de son image sulfureuse et s’imposer comme un acteur économique crédible et responsable. Un vaste chantier qui ne fait que commencer et qui mobilisera toutes les bonnes volontés, des pouvoirs publics aux acteurs privés en passant par la société civile.

Le combat contre le financement du terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive est l’affaire de tous. Chaque victoire compte, aussi modeste soit-elle, car c’est de notre sécurité collective qu’il s’agit.

Alors oui, saluons le travail remarquable de l’OFAC et de ses partenaires émiratis qui, dans l’ombre, œuvrent sans relâche pour assécher les circuits financiers des réseaux criminels les plus dangereux. Et espérons que cette opération en appelle beaucoup d’autres, jusqu’à ce qu’enfin, la paix et la légalité l’emportent sur les forces obscures qui menacent notre avenir commun.

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