Le marché des cryptomonnaies a beau être décentralisé, il n’échappe pas pour autant à l’œil vigilant des autorités de régulation. C’est une leçon que vient d’apprendre à ses dépens LBank, un exchange crypto offshore enregistré aux Îles Vierges britanniques. Selon des révélations de CoinPost relayées sur Twitter, le régulateur financier japonais, la Financial Services Agency (FSA), a en effet adressé un sérieux avertissement à la plateforme pour avoir mené des transactions avec des résidents japonais sans disposer de l’enregistrement requis.

LBank dans le collimateur du gendarme japonais de la finance

D’après les informations recueillies par CoinPost et partagées par le compte Twitter Wu Blockchain, la FSA a pointé du doigt le fait que LBank opère avec une « adresse inconnue » et un « représentant inconnu ». Des zones d’ombre qui soulèvent de sérieuses interrogations quant à la transparence et la responsabilité (« accountability ») de l’exchange. Il lui est en outre reproché d’avoir facilité des transactions en cryptomonnaies avec des résidents japonais via Internet, une pratique contraire au cadre réglementaire en vigueur au Japon.

Selon CoinPost, la Financial Services Agency japonaise a émis un avertissement à l’exchange offshore LBank Exchange le 14 juin, déclarant qu’il n’était pas enregistré pour fournir des transactions en cryptomonnaies. Elle avait également averti Bybit, MEXC, Bitget et Bitforex en mars dernier.

Wu Blockchain (@WuBlockchain) 15 juin 2024

Cet avertissement tombe quelques semaines seulement après que LBank a organisé un grand meetup d’investisseurs web3 à Dubai, mettant en lumière le décalage entre ses efforts de rayonnement à l’international et sa conformité réglementaire pour le moins lacunaire.

LBank, un récidiviste de la régulation ?

L’avertissement adressé à LBank n’est en réalité que le dernier épisode d’une longue série. En mars 2023 déjà, la FSA avait épinglé quatre autres exchanges – Bybit, MEXC, Bitget et Bitforex – pour les mêmes motifs, à savoir la fourniture de services d’échange de cryptomonnaies à des résidents japonais sans enregistrement préalable.

Certains d’entre eux, comme Bitget et Bybit, figurent pourtant parmi les plateformes les plus populaires au monde. Bitget se classe ainsi au 3e rang mondial en termes de nombre de visiteurs ces 30 derniers jours, tandis que Bybit pointe à la 4e place. La plateforme est particulièrement prisée pour le trading de produits dérivés et compte une importante base d’utilisateurs au Japon.

Japon vs USA : deux approches réglementaires contrastées

Si le Japon et les États-Unis sont tous deux engagés dans une démarche de régulation du marché des cryptomonnaies, force est de constater que leurs approches diffèrent sensiblement. Ainsi, la législation nippone, incarnée par le Payment Services Act (PSA), reconnaît les cryptomonnaies comme des biens légaux. Mais elle impose dans le même temps aux exchanges de s’enregistrer auprès de la FSA et de se conformer aux directives en matière de lutte contre le blanchiment d’argent (AML) et le financement du terrorisme (CFT).

Le cadre américain apparaît quant à lui plus fragmenté et évolutif. En 2022, l’administration de Joe Biden a pris d’importantes mesures, initiant un décret présidentiel visant à évaluer les risques et bénéfices des cryptomonnaies. Une feuille de route encourageant un renforcement de la réglementation a ensuite été établie. Mais récemment, la Maison Blanche a opposé son veto à un projet de loi de la Chambre des représentants qui aurait abrogé un bulletin controversé de la Securities and Exchange Commission (SEC). De nombreux législateurs estimaient en effet que ce texte pourrait constituer un obstacle majeur pour les entreprises proposant des services de conservation d’actifs cryptos.

Les points clés à retenir :

  • LBank a reçu un avertissement du régulateur japonais pour transactions illégales
  • L’exchange opère avec une adresse et un représentant “inconnus”, selon la FSA
  • D’autres plateformes comme Bybit ou MEXC avaient déjà été épinglées en 2023
  • Le Japon exige l’enregistrement des exchanges, contrairement aux États-Unis

La SEC se montre proactive, considérant de nombreuses cryptomonnaies comme des valeurs mobilières et engageant des poursuites judiciaires contre les entreprises non conformes. Une évolution notable a été le jugement rendu en 2023 dans l’affaire Ripple, qui a déterminé que la vente de XRP constituait des titres uniquement lorsqu’ils étaient vendus à des institutions, et non sur les exchanges. Une victoire nuancée pour le secteur crypto.

Tant le Japon que les États-Unis s’emploient activement à affiner leurs politiques réglementaires, Tokyo privilégiant une approche structurée et tranchée tandis que Washington navigue à vue entre débats juridiques et réglementaires. Une chose est sûre : aux quatre coins du globe, les régulateurs entendent bien faire entrer le crypto-Far West dans le rang. Reste à savoir si les acteurs du secteur sauront se montrer à la hauteur des exigences croissantes en termes de transparence et de conformité.

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