Imaginez un vol si colossal qu’il ébranle le monde des cryptomonnaies : 1,5 milliard de dollars dérobés en un seul coup chez Bybit, l’une des plus grandes plateformes d’échange. Ce n’est pas un scénario de film, mais une réalité survenue le 21 février 2025, orchestrée par un groupe aussi mystérieux qu’efficace : le Lazarus Group. Cet article plonge dans les détails de cette attaque historique, révélée par l’enquêteur ZachXBT et confirmée par Arkham, pour comprendre comment ces pirates nord-coréens continuent de défier la sécurité numérique.
Un Piratage qui Redéfinit les Records
L’histoire commence par une alerte chez Bybit : des fonds massifs, principalement en Ethereum (ETH), quittent un portefeuille froid censé être inviolable. En quelques heures, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Ce n’est pas un simple incident, mais le plus grand piratage jamais enregistré dans l’univers crypto, surpassant des précédents comme celui de Ronin (600 millions $). Mais qui se cache derrière cette attaque audacieuse ?
Le Lazarus Group : Les Maîtres du Crime Numérique
Le Lazarus Group n’est pas un inconnu dans le milieu. Ce collectif, lié à la Corée du Nord, est réputé pour ses opérations sophistiquées. Depuis 2017, ils ciblent les plateformes crypto, amassant des milliards pour financer, selon les experts, le régime de Pyongyang. L’attaque contre Bybit s’inscrit dans une série de coups majeurs, comme celui de WazirX (230 millions $) ou de Radiant Capital.
Le Lazarus Group agit comme une ombre dans le monde numérique, exploitant chaque faille avec une précision chirurgicale.
Un analyste anonyme de la blockchain
Leur modus operandi ? Une combinaison de ingénierie sociale, de malwares et de manipulation des contrats intelligents. Dans le cas de Bybit, ils ont contourné les sécurités d’un portefeuille multisig, un exploit qui demande une expertise rare.
Une Enquête Signée ZachXBT
Entrée en scène de ZachXBT, un détective on-chain devenu une légende dans la communauté crypto. Le 21 février à 19h09 UTC, il soumet des preuves irréfutables à Arkham Intelligence, une plateforme d’analyse blockchain. Son travail ? Retracer les transactions, identifier les portefeuilles tests et démontrer que le Lazarus Group est le cerveau de l’opération.
Les indices clés découverts par ZachXBT :
- Des transactions tests effectuées avant l’attaque principale.
- Un chevauchement d’adresses avec le piratage de Phemex.
- Un transfert massif vers plus de 40 portefeuilles pour brouiller les pistes.
Sa découverte lui vaut une récompense de 50 000 ARKM (environ 31 500 $), mais surtout, elle met en lumière la vulnérabilité des géants du secteur. Bybit, secondé par d’autres exchanges comme OKX, mobilise alors ses équipes pour limiter les dégâts.
Comment l’Attaque s’est Déroulée
Le piratage repose sur une ruse ingénieuse. Lors d’un transfert routine d’un portefeuille froid multisig vers un portefeuille chaud, les attaquants ont manipulé l’interface de signature. L’écran affichait une adresse légitime, mais le contrat intelligent sous-jacent avait été modifié. Résultat : 401 346 ETH, soit plus de 1,5 milliard de dollars, siphonnés en un éclair.
Ben Zhou, PDG de Bybit, sort du silence pour confirmer l’ampleur du désastre. Pourtant, il insiste : les fonds des utilisateurs restent accessibles, et les retraits, même en cours de vérification, seront honorés. Une promesse audacieuse face à une perte aussi colossale.
Liens avec le Piratage de Phemex
L’enquête de ZachXBT ne s’arrête pas là. Il découvre un lien troublant : les fonds volés à Bybit ont été mélangés avec ceux du piratage de Phemex, survenu en janvier 2025 pour 29 millions $. Une adresse commune, 0x33d057af74779925c4b2e720a820387cb89f8f65, sert de point de convergence. Cette tactique de commingling est une signature du Lazarus Group.
Ce n’est pas une coïncidence. Les deux attaques partagent des schémas similaires : exploitation de failles internes, transferts rapides, et dispersion des fonds. Phemex devient ainsi une pièce du puzzle, renforçant l’idée d’une campagne coordonnée.
Les Répercussions sur le Marché Crypto
L’impact est immédiat. Le cours de l’Ethereum chute de 8 % en une journée, entraînant une onde de choc sur les altcoins. Les réserves de Bybit passent de plus de 8 milliards $ à 5,3 milliards $ après des retraits massifs. Pourtant, l’exchange tient bon, soutenu par des partenaires et des réserves solides.
Ce hack est un rappel brutal que même les géants ne sont pas à l’abri.
Un trader anonyme
La communauté crypto s’interroge : comment un tel désastre a-t-il pu se produire ? Les regards se tournent vers les failles des portefeuilles froids, censés être impénétrables. Bybit promet des mesures, mais la confiance est ébranlée.
Réponse et Résilience de Bybit
Face à la crise, Bybit agit vite. L’équipe collabore avec des experts en cybersécurité et des exchanges comme OKX et KuCoin pour traquer les fonds. Environ 43 millions $ sont déjà récupérés grâce à des initiatives comme Mantle et SEAL. Ben Zhou rassure : les réserves dépassent encore les engagements, évitant un scénario à la FTX.
Les actions de Bybit post-attaque :
- Verrouillage des systèmes pour stopper l’hémorragie.
- Partenariats avec des firmes d’analyse blockchain.
- Prêts obtenus pour couvrir 80 % des pertes.
Malgré cela, le doute persiste. Les utilisateurs, bien que rassurés sur leurs fonds, scrutent chaque mouvement de l’exchange. La réputation de Bybit est en jeu.
Le Lazarus Group : Une Menace Persistante
Ce piratage n’est pas un cas isolé. En 2024, le Lazarus Group aurait volé 1,34 milliard $ en actifs numériques, soit une hausse de 102 % par rapport à 2023. Leurs cibles ? Les exchanges centralisés, souvent moins protégés que les solutions décentralisées. Bybit n’est qu’un chapitre de plus dans leur saga criminelle.
Leur succès repose sur une organisation quasi militaire. Financés par un État, ils disposent de ressources et de temps pour planifier. Face à eux, les exchanges doivent repenser leurs défenses, un défi colossal dans un secteur en perpétuelle évolution.
Et Après ? Les Leçons à Tirer
Ce vol soulève des questions essentielles. Comment renforcer la sécurité des portefeuilles froids ? Les exchanges doivent-ils adopter des audits plus fréquents ? La communauté appelle à une collaboration accrue entre plateformes pour contrer ces menaces sophistiquées.
Pour les investisseurs, c’est un rappel : not your keys, not your coins. Les solutions de stockage personnel, comme les portefeuilles matériels, gagnent en popularité. Mais pour Bybit, l’enjeu est clair : restaurer la confiance tout en traquant les fonds volés.
L’histoire du piratage de Bybit par le Lazarus Group est loin d’être terminée. Chaque transaction traquée, chaque dollar récupéré écrit une nouvelle page. Une chose est sûre : dans le monde des cryptomonnaies, la vigilance reste le prix de la liberté.