Dans un coup de filet retentissant, la Thaïlande vient d’extrader vers la Chine le cerveau présumé d’une gigantesque arnaque crypto de type Ponzi. Connu sous le nom de groupe MBI, ce vaste système pyramidal aurait escroqué plus de 14 milliards de dollars à des millions de victimes depuis 2012. Une première rendue possible par un nouvel accord de coopération sino-thaïlandais nommé “Fox Hunting”.

La Chine durcit sa lutte contre les Ponzis crypto

Derrière ce coup d’éclat, on décèle la volonté de la Chine de nettoyer le secteur des cryptomonnaies de ses brebis galeuses. L’Empire du milieu entretient en effet une relation ambivalente avec le Bitcoin et ses dérivés. D’un côté, il fut un temps l’épicentre du minage de BTC avant de bannir cette activité en 2021. De l’autre, Pékin semble aujourd’hui déterminé à pourchasser les utilisations frauduleuses de ces actifs numériques.

Un timing loin d’être anodin, alors que :

  • La Chine déploie son propre yuan numérique, concurrent des cryptos
  • Les autorités de Hong Kong envisagent d’assouplir leurs règles sur les cryptos
  • Le pays achève la liquidation du méga-Ponzi PlusToken et de ses 3 milliards de dollars d’actifs

MBI, arnaque tentaculaire aux 10 millions de victimes

Dirigé par un certain Zhang, le groupe MBI a opéré son système pyramidal de 2012 jusqu’à son démantèlement. Le principe ? Exiger des participants des “frais d’adhésion” allant de 100 à 35 000 dollars pour accéder à la plateforme. Des fonds ensuite rémunérés en cryptomonnaies, utilisées pour attirer de nouvelles victimes et perpétrer les activités illégales du Ponzi.

Sur le papier, MBI promettait des rendements mirifiques. Dans les faits, l’argent des nouveaux entrants servait à payer les plus anciens. Un château de cartes qui s’est finalement effondré, laissant plus de 10 millions de personnes sur la paille.

Hugh B., analyste chez DeFi Watch

Hunting Fox, collaboration inédite entre la Chine et la Thaïlande

L’extradition du cerveau de MBI de la Thaïlande vers la Chine marque un tournant dans la coopération des deux pays en matière de lutte contre la cybercriminalité financière. Zhang est en effet le premier suspect de crime économique remis à Pékin par Bangkok depuis l’entrée en vigueur d’un traité bilatéral en 1999. Une procédure accélérée par la création du groupe de travail “Fox Hunting” dédié à la traque aux escrocs.

Reste à savoir si cette collaboration sino-thaïlandaise préfigure un mouvement plus large de reprise en main du secteur des cryptomonnaies par les États. Après le tour de vis de la Chine en 2021, d’autres pays d’Asie pourraient être tentés de réguler plus strictement ces actifs décentralisés, terreau fertile pour les Ponzis et autres arnaques en ligne. Un défi majeur alors que la “crypto-sphère” peine encore à se dépêtrer des affaires PlusToken, OneCoin et désormais MBI.

La fin des Ponzis à l’ère des cryptos ?

Si l’arrestation du leader de MBI envoie un signal fort, elle ne suffira pas à elle seule à éradiquer le fléau des arnaques financières 2.0. La technologie blockchain, malgré ses promesses de transparence, offre paradoxalement de nouvelles possibilités aux escrocs pour dissumuler leurs méfaits. Différentes techniques de blanchiment d’argent via les cryptos se sont développées ces dernières années, des “mixers” comme Tornado Cash aux NFTs “wash trading”.

Le secteur des cryptomonnaies, encore jeune et peu régulé, doit impérativement combler ses failles s’il veut gagner en crédibilité et attirer les investisseurs institutionnels. Des initiatives comme Chainabuse, qui traque les adresses de cryptos suspectes, ou des fonds d’assurance décentralisés pourraient y contribuer. Mais au final, seule une meilleure éducation des particuliers aux risques de ces actifs volatils et une coopération renforcée entre États pourront venir à bout des Ponzis 3.0. Le chemin s’annonce encore long et semé d’embûches.

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