Imaginez un instant que votre pays soit exclu du système financier international du jour au lendemain. Plus de transactions bancaires possibles avec l’étranger, un véritable séisme économique. C’est précisément la situation à laquelle est confrontée la Russie depuis le début du conflit en Ukraine. Mais le géant eurasiatique n’a pas dit son dernier mot. Sa parade ? Les stablecoins ! Dès le 1er septembre, la Russie compte bien utiliser ces crypto-monnaies adossées à des devises traditionnelles pour contourner les sanctions et relancer ses échanges commerciaux. Une décision aussi audacieuse que stratégique, qui pourrait bien redistribuer les cartes du jeu géopolitique mondial.
La Russie dos au mur face aux sanctions internationales
Depuis février 2022 et le début de l’intervention militaire russe en Ukraine, les sanctions pleuvent sur Moscou. Gel des avoirs, embargo sur les importations d’énergie, exclusion de banques russes du système SWIFT… L’objectif affiché des puissances occidentales est clair : asphyxier l’économie russe pour faire plier le Kremlin. Et force est de constater que ces mesures ont un impact réel :
- Le PIB russe a chuté de 2,1% en 2022 selon le FMI
- Les entreprises russes peinent à importer des biens étrangers
- Les réserves de change fondent comme neige au soleil
Face à cet étau qui se resserre, la Russie n’a d’autre choix que de trouver des parades. Et c’est du côté des crypto-monnaies qu’elle a décidé de se tourner.
Le virage crypto de la Russie
Longtemps sceptique vis-à-vis des crypto-actifs, qu’elle voyait davantage comme une menace que comme une opportunité, la banque centrale russe a dû revoir sa copie. Dès juillet 2022, le parlement a adopté une série de lois visant à légaliser le minage de cryptos et leur utilisation. Un revirement spectaculaire quand on sait qu’un an plus tôt, l’institution envisageait encore d’interdire purement et simplement les monnaies numériques !
Mais sanctions obligent, la donne a changé. Et les autorités russes voient désormais les stablecoins comme un précieux sésame pour renouer avec le commerce international.
Des stablecoins pour des paiements transfrontaliers
Concrètement, la Russie s’apprête donc à autoriser l’utilisation de stablecoins, ces cryptos dont la valeur est arrimée à celle d’une devise traditionnelle comme le dollar ou l’euro, pour les transactions avec l’étranger. Une façon de contourner les restrictions sur les flux financiers tout en stabilisant les paiements. Le ministre des finances Anton Siluanov l’a confirmé mi-août : les premiers tests grandeur nature débuteront dès le 1er septembre.
Une infrastructure dédiée est en cours de déploiement pour permettre ces paiements crypto. De quoi donner confiance aux autorités russes, qui estiment avoir les reins solides pour se lancer dans l’aventure. D’autant que Moscou peut compter sur des soutiens de poids.
Vers un basculement des BRICS dans les stablecoins ?
La Russie ne fait pas cavalier seul dans sa croisade crypto. Ses partenaires des BRICS (Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud) suivent avec attention l’initiative. Et pour cause : eux aussi cherchent des alternatives au dollar roi pour leurs échanges. Déjà en juillet, Vladimir Poutine appelait ces pays à créer une “devise de réserve internationale” basée sur un panier de leurs monnaies.
Si l’expérience russe des stablecoins est concluante, il y a fort à parier que ses alliés lui emboîtent le pas. Et au-delà des seuls émergents (le rouble, le yuan et la roupie représentent déjà 20% des paiements Russie-Inde !), d’autres nations sous sanctions comme l’Iran ou la Syrie pourraient rejoindre le mouvement. De quoi dessiner les contours d’un système financier parallèle, fondé sur les crypto-actifs.
Un défi technologique et géopolitique majeur
Bien sûr, le chemin est encore long et semé d’embûches. Sur le plan technique déjà, il faudra s’assurer de la robustesse et de la sécurité des infrastructures, pour éviter les attaques ou les pannes. Un vrai défi quand on sait la jeunesse de l’écosystème crypto.
Mais c’est surtout sur l’échiquier géopolitique que cette “crypto-dollarisation” fait figure de coup de tonnerre. En déliant une part de leurs échanges du billet vert, la Russie et ses partenaires portent un coup à l’hégémonie américaine. Une petite révolution, dont la portée dépendra beaucoup de la réaction de Washington et des institutions financières internationales.
Une chose est sûre : en misant sur les stablecoins, la Russie bouscule le statu quo et ouvre la voie à une possible recomposition des forces en présence. Un pari risqué, mais qui pourrait bien lui permettre de regagner des marges de manœuvre insoupçonnées. Les prochains mois seront décisifs pour mesurer l’impact réel de cette stratégie. Et nul doute que le monde entier aura les yeux rivés sur ce Poker menteur d’un genre nouveau, dont l’issue est plus incertaine que jamais.
Concrètement, la Russie s’apprête donc à autoriser l’utilisation de stablecoins, ces cryptos dont la valeur est arrimée à celle d’une devise traditionnelle comme le dollar ou l’euro, pour les transactions avec l’étranger. Une façon de contourner les restrictions sur les flux financiers tout en stabilisant les paiements. Le ministre des finances Anton Siluanov l’a confirmé mi-août : les premiers tests grandeur nature débuteront dès le 1er septembre.
Une infrastructure dédiée est en cours de déploiement pour permettre ces paiements crypto. De quoi donner confiance aux autorités russes, qui estiment avoir les reins solides pour se lancer dans l’aventure. D’autant que Moscou peut compter sur des soutiens de poids.
Vers un basculement des BRICS dans les stablecoins ?
La Russie ne fait pas cavalier seul dans sa croisade crypto. Ses partenaires des BRICS (Brésil, Inde, Chine, Afrique du Sud) suivent avec attention l’initiative. Et pour cause : eux aussi cherchent des alternatives au dollar roi pour leurs échanges. Déjà en juillet, Vladimir Poutine appelait ces pays à créer une “devise de réserve internationale” basée sur un panier de leurs monnaies.
Si l’expérience russe des stablecoins est concluante, il y a fort à parier que ses alliés lui emboîtent le pas. Et au-delà des seuls émergents (le rouble, le yuan et la roupie représentent déjà 20% des paiements Russie-Inde !), d’autres nations sous sanctions comme l’Iran ou la Syrie pourraient rejoindre le mouvement. De quoi dessiner les contours d’un système financier parallèle, fondé sur les crypto-actifs.
Un défi technologique et géopolitique majeur
Bien sûr, le chemin est encore long et semé d’embûches. Sur le plan technique déjà, il faudra s’assurer de la robustesse et de la sécurité des infrastructures, pour éviter les attaques ou les pannes. Un vrai défi quand on sait la jeunesse de l’écosystème crypto.
Mais c’est surtout sur l’échiquier géopolitique que cette “crypto-dollarisation” fait figure de coup de tonnerre. En déliant une part de leurs échanges du billet vert, la Russie et ses partenaires portent un coup à l’hégémonie américaine. Une petite révolution, dont la portée dépendra beaucoup de la réaction de Washington et des institutions financières internationales.
Une chose est sûre : en misant sur les stablecoins, la Russie bouscule le statu quo et ouvre la voie à une possible recomposition des forces en présence. Un pari risqué, mais qui pourrait bien lui permettre de regagner des marges de manœuvre insoupçonnées. Les prochains mois seront décisifs pour mesurer l’impact réel de cette stratégie. Et nul doute que le monde entier aura les yeux rivés sur ce Poker menteur d’un genre nouveau, dont l’issue est plus incertaine que jamais.