Alors que la France s’apprête à retourner aux urnes pour des élections législatives anticipées pleines de rebondissements, la question des cryptomonnaies peine encore à émerger dans le débat politique national. Pourtant, avec 12% des Français qui détiennent des actifs numériques selon l’ADAN, le sujet est loin d’être anecdotique. Tour d’horizon des positions – ou de l’absence de position – des principaux partis et de quelques initiatives originales à l’aube de ce scrutin.

Les cryptos, un sujet marginal pour les partis traditionnels

Du côté des poids lourds de la politique française, le sujet des cryptomonnaies est pour le moment largement ignoré, quand il n’est pas caricaturé. Au sein de la majorité présidentielle des Républicains, Emmanuel Macron prône un contrôle accru du secteur, comme en témoigne le durcissement récent des règles pour les prestataires (PSAN). Une méfiance résumée par cette déclaration du chef de l’État :

Je ne crois pas en un secteur financier autorégulé. Ce ne serait ni durable ni démocratique.

Emmanuel Macron

Du côté de la nouvelle alliance de gauche du Nouveau Front Populaire, le discours est également à un contrôle renforcé, assorti d’une volonté de taxer davantage les revenus générés. Le très médiatique Jean-Luc Mélenchon exprimait ainsi son ras-le-bol du “casino” Bitcoin dès 2022. Même son de cloche chez Raphaël Glucksmann (Place Publique) qui souhaite aller encore plus loin que la réglementation européenne MiCA.

Enfin, le Rassemblement National de Jordan Bardella passe quasiment le sujet sous silence, après des déclarations très hostiles de Marine Le Pen en 2016 appelant carrément à interdire le Bitcoin. Un virage à 180 degrés semble peu probable.

Le Parti Pirate, une exception qui confirme la règle

Dans ce désert crypto, le Parti Pirate fait office d’oasis. Ce mouvement né dans les pays nordiques place en effet la liberté numérique et financière au cœur de son programme. Partisan d’une régulation souple, il considère les cryptomonnaies comme des outils d’émancipation pour les citoyens.

Mais avec un poids électoral confidentiel, son influence sur le débat national reste pour le moment très limitée. Le mouvement a d’ailleurs décidé de se fondre dans l’alliance de gauche pour ces législatives, sans présenter de candidats en propre.

Aurore Galves-Orjol, candidate Bitcoin en Isère

Autre initiative originale pour porter la voix des cryptos dans l’arène politique : la candidature 100% Bitcoin d’Aurore Galves-Orjol. Investie par aucun parti, cette jeune femme se présente dans la 8e circonscription de l’Isère avec un programme articulé autour des enjeux monétaires, énergétiques et numériques.

Le but était de mettre un coup de projecteur sur le Bitcoin. C’est mission accomplie !

Aurore Galves-Orjol

Avec un financement participatif en bitcoins, elle espère peser dans le débat, même sans espoir d’être élue. Et pourquoi pas préfigurer l’émergence d’un véritable lobby crypto à la française face aux velléités de réglementation trop stricte, juge-t-elle.

Une crypto-représentation encore très marginale

Malgré ces quelques initiatives isolées, force est de constater que les cryptomonnaies et leurs utilisateurs restent très peu représentés dans le paysage politique français. Un contraste frappant avec les États-Unis où le sujet s’impose de plus en plus dans le débat, notamment à droite.

Avec une adoption qui progresse dans la population, le sujet finira-t-il par émerger aussi dans l’Hexagone ? L’avenir le dira. D’ici là, c’est plutôt l’ignorance ou la défiance qui dominent chez les élus et candidats français. Une situation qui pourrait devenir intenable à mesure que le secteur se développe.

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