C’est un coup de théâtre dans l’univers des crypto-monnaies en Australie. La National Australia Bank (NAB), l’une des quatre plus grandes institutions financières du pays, vient de mettre un terme discret à son projet de stablecoin adossé à l’Ethereum, baptisé AUDN. Cette nouvelle, révélée par l’Australian Financial Review, intervient à peine un an après l’annonce en grande pompe de cette initiative pionnière.
Un projet avorté dans la plus grande discrétion
En janvier 2023, la NAB avait dévoilé son ambition de devenir la seconde banque australienne à lancer un stablecoin, après l’ANZ Bank et son projet A$DC. L’objectif affiché était de permettre aux clients de régler leurs transactions en temps réel sur les blockchains Ethereum et Algorand, en utilisant des dollars australiens tokenisés. Des cas d’usage prometteurs étaient évoqués, comme le trading de crédits carbone, les transferts d’argent à l’étranger ou encore les accords de rachat.
Mais voilà qu’un an plus tard, l’aventure tourne court. Sans communiqué officiel, la NAB aurait stoppé le développement d’AUDN, et l’équipe en charge du projet aurait quitté la banque. Un dénouement brutal et inattendu, qui soulève de nombreuses questions sur les véritables motivations de l’établissement et les obstacles rencontrés.
L’équipe AUDN rebondit chez Ubiquity
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Selon les informations de l’AFR, les cerveaux derrière AUDN auraient rebondi pour lancer un nouveau projet de stablecoin appelé Ubiquity. Soutenue par des acteurs de poids comme Animoca Brands, Merit Circle ou encore Concave, cette initiative ambitieuse pourrait collaborer avec une autre banque australienne, l’ANZ et son stablecoin A$DC.
Ce jeu de chaises musicales témoigne du bouillonnement qui règne actuellement autour des stablecoins adossés à des devises nationales. Malgré l’abandon d’AUDN, la NAB avait vu juste en pariant sur le potentiel de ces actifs pour fluidifier les échanges et ouvrir de nouvelles opportunités business. Reste à savoir si Ubiquity saura tirer les leçons de cet échec et imposer son stablecoin sur le marché australien.
Quel avenir pour les stablecoins bancaires en Australie ?
Au-delà du cas AUDN, c’est toute la stratégie des banques australiennes vis-à-vis des crypto-monnaies qui est questionnée. Alors que l’ANZ persévère avec A$DC et que la NAB jette l’éponge, quelle sera la position des autres établissements ? La Commonwealth Bank et la Westpac finiront-elles par se lancer à leur tour, ou préféreront-elles observer prudemment l’évolution du marché ?
Les défis des stablecoins bancaires sont nombreux :
- Concilier stabilité et innovation
- Obtenir l’aval des régulateurs
- Trouver la bonne technologie blockchain
- Développer des cas d’usage pertinents
- Convaincre les clients et les partenaires
Une chose est sûre : la course aux stablecoins bancaires ne fait que commencer en Australie. Malgré les embûches, l’appétit des institutions financières pour les crypto-monnaies ne faiblit pas. Elles y voient une formidable opportunité de se réinventer, de séduire une nouvelle clientèle et d’explorer des territoires business inédits. Les prochains mois s’annoncent décisifs pour départager les projets les plus solides.
Vers une régulation sur-mesure des stablecoins ?
Mais les banques ne sont pas seules maîtresses du jeu. Les régulateurs financiers australiens auront aussi leur mot à dire sur le développement des stablecoins. Jusqu’ici plutôt bienveillants, ils pourraient être tentés de resserrer la vis pour prévenir tout risque systémique. L’enjeu sera de trouver le bon équilibre entre innovation et protection des consommateurs.
Certains experts plaident pour la mise en place d’un cadre réglementaire spécifique aux stablecoins, qui tiendrait compte de leurs caractéristiques uniques. D’autres estiment au contraire qu’ils doivent être soumis aux mêmes règles que les actifs financiers traditionnels. Un débat complexe qui ne manquera pas d’animer la scène crypto australienne dans les prochaines années.
En attendant, les projets de stablecoins bancaires continuent d’émerger aux quatre coins du monde, des États-Unis à Singapour en passant par l’Europe. Une tendance de fond qui témoigne de la fascination des institutions financières pour les crypto-monnaies et de leur volonté de prendre le train en marche. L’abandon d’AUDN par la NAB n’est qu’une péripétie dans cette grande aventure qui ne fait que commencer. Gageons que d’autres banques australiennes prendront le relais et nous réservent de belles surprises dans un avenir proche.