La France, nouveau leader européen des fintechs ? C’est en tout cas ce qu’affirme le cabinet KPMG dans sa récente étude Pulse of Fintech France 2025. Avec ses 14 licornes et 1,3 milliard d’euros levés en 2024, l’Hexagone aurait pris la tête du peloton fintech en Europe. Une success story à la française ? Pas si sûr. Derrière ces chiffres flatteurs, la réalité est plus nuancée. Entre les défis réglementaires de MICA et DORA et une compétition internationale féroce, la France doit encore prouver qu’elle a les épaules assez larges pour s’imposer durablement comme le champion continental de la finance innovante.

Une étude qui manque de données comparatives

Première limite de ce classement : le manque cruel de données sur les autres pays européens. L’étude de KPMG se contente en effet de dresser un état des lieux de l’écosystème français, sans jamais le comparer à ses voisins. Difficile dans ces conditions de confirmer objectivement la position de leader auto-proclamée. Une approche scientifique rigoureuse aurait nécessité d’inclure les chiffres clés des autres grands hubs fintech européens comme l’Allemagne, la Suède ou les Pays-Bas.

Cette affirmation de leadership repose en réalité uniquement sur une déclaration d’Alain Clot, président de France Fintech, reprise sans vérification : “Le résultat de ces efforts est devant nous : avec plus de 1 000 entreprises couvrant l’ensemble des verticales des services financiers innovants, 14 licornes et 50 000 emplois, la fintech française est en tête de l’UE.” Peut-être dispose-t-il de données permettant d’étayer ce constat. Mais elles ne figurent en tout cas pas dans le rapport publié.

MICA et DORA : un cadre réglementaire contraignant

Au-delà du débat sur son leadership, la fintech française doit surtout composer avec un environnement réglementaire de plus en plus exigeant, incarné par les règlements MICA et DORA. Entrés en application fin 2024, ceux-ci imposent de nouvelles obligations de transparence, de protection des investisseurs et de résilience opérationnelle aux acteurs de la finance décentralisée et des cryptoactifs.

Si l’intention est louable, beaucoup craignent que ces règles n’étouffent l’innovation et ne pénalisent la compétitivité des fintechs européennes face aux géants américains et asiatiques. Un risque d’autant plus élevé que ces derniers n’hésitent pas à critiquer ouvertement le cadre réglementaire européen, jugé trop strict et contraignant, comme en témoignent les récentes déclarations de la délégation américaine au Sommet de Paris sur l’IA.

Une compétition internationale féroce

Car c’est bien là le vrai défi pour l’écosystème fintech français et européen : rester dans la course face à des concurrents internationaux de plus en plus menaçants. Les États-Unis restent la référence incontestée en matière d’innovation financière, portés par des géants comme Stripe, Coinbase ou Robinhood. La Chine n’est pas en reste avec ses champions Ant Financial et Lufax, sans parler des ambitions affichées par les géants de la tech comme Alibaba ou Tencent.

Dans ce contexte ultra-concurrentiel, la France peut certes s’enorgueillir de ses succès et de son dynamisme. Mais elle ne part pas favorite. Sa capacité à s’imposer durablement comme un leader mondial de la fintech dépendra de sa faculté à créer un environnement réglementaire et économique propice à l’éclosion de nouveaux champions, tout en attirant les talents et les investissements étrangers. Un équilibre délicat à trouver, au risque de voir ses pépites lui échapper au profit de cieux plus cléments.

Cultiver ses atouts dans la durée

La France dispose incontestablement d’atouts pour réussir ce pari. Son vivier de talents, la qualité de ses formations, son esprit d’innovation et sa créativité sont reconnus mondialement. Les pouvoirs publics ont pris conscience de l’enjeu et multiplient les initiatives pour soutenir la filière, à l’image du récent plan Fintech 2025 doté de 250 millions d’euros.

Mais cela ne suffira pas. Pour s’imposer durablement, l’écosystème français devra faire preuve de persévérance, de cohésion et de résilience. Cultiver un terreau entrepreneurial favorable, attirer les meilleurs talents internationaux, nouer des partenariats stratégiques, se projeter sur les marchés étrangers… Autant de défis à relever pour pérenniser le succès et prouver que le leadership français n’est pas qu’un feu de paille.

En résumé :

  • La France se proclame leader européen des fintechs selon KPMG
  • Mais l’étude manque de données comparatives pour l’affirmer
  • L’écosystème français doit composer avec un cadre réglementaire strict (MICA et DORA)
  • La concurrence internationale, notamment américaine et chinoise, est féroce
  • Miser sur ses atouts (talents, innovation, soutien public) sera clé pour s’imposer dans la durée

Alors, la France vraie reine européenne des fintechs ou simplement bien placée dans un peloton relevé ? La réponse dans les prochaines années, au gré des innovations, des réussites et des échecs de nos pépites tricolores. Une chose est sûre : la partie ne fait que commencer et promet d’être passionnante à suivre. Place au spectacle !

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