La Banque des Règlements Internationaux (BRI), souvent surnommée la “banque des banques centrales”, ne cache pas sa méfiance envers les cryptomonnaies. Après avoir publié en avril dernier un rapport appelant à un encadrement strict des stablecoins, ces cryptoactifs indexés sur des devises comme le dollar, l’institution basée à Bâle franchit aujourd’hui une étape supplémentaire. Elle teste actuellement avec la Banque d’Angleterre un outil baptisé Pyxtrial, destiné à traquer en temps réel les réserves de stablecoins et d’actifs tokenisés à travers le monde.

Un œil dans la blockchain

Concrètement, Pyxtrial est un système de monitoring développé conjointement par les équipes de la BRI et de la banque centrale britannique. Son but : collecter toutes les heures des données sur les différentes blockchains publiques hébergeant des stablecoins et des actifs tokenisés (aussi appelés RWA pour Real World Assets), puis les croiser avec les informations fournies par les émetteurs de ces produits.

L’objectif affiché est de s’assurer de la qualité et de la véracité des réserves détenues en contrepartie de ces cryptoactifs. Car pour la BRI, il plane comme un parfum de suspicion :

« Pyxtrial n’évalue pas la qualité des actifs, la rigueur des évaluations des actifs ou la qualité des sources de données utilisées. »

Extrait du rapport de la BRI sur le projet Pyxtrial

Un travail règlementaire inachevé

Pour l’heure, la technologie n’en est qu’au stade de la preuve de concept (proof of concept en anglais). La BRI souligne qu’il reste encore de nombreux obstacles techniques et surtout règlementaires à franchir avant un déploiement à grande échelle.

Car la plupart des actifs qui seraient surveillés par Pyxtrial évoluent encore dans un certain flou juridique à travers le monde. Il paraît donc prématuré pour la BRI de passer à la vitesse supérieure, mais l’institution se tient prête.

Une architecture flexible

Les concepteurs de l’outil le présentent comme un système robuste et modulaire, facilement adaptable aux futures règlementations et capable de s’interfacer avec les dispositifs existants. Pyxtrial pourra ainsi évoluer au gré des besoins :

Pyxtrial a été pensé pour être flexible :

  • Ses composants techniques sont modulaires et réutilisables
  • Il pourra s’adapter aux exigences règlementaires spécifiques de chaque juridiction
  • Il est compatible avec les systèmes de surveillance existants
  • Son architecture lui permet d’évoluer facilement dans le futur

Une vraie menace pour les cryptos ?

Avec Pyxtrial, après le projet Atlas, la BRI complète son arsenal pour garder un œil sur un écosystème crypto qu’elle n’a jamais vraiment porté dans son cœur. Son directeur général Agustín Carstens ne s’en est jamais caché.

Faut-il pour autant y voir une déclaration de guerre contre le secteur ? Pas forcément. La régulation est une étape nécessaire pour permettre l’adoption massive des cryptoactifs. Même si bien sûr, tout dépendra des règles mises en place.

Une surveillance excessive pourrait freiner l’innovation et remettre en cause certains principes fondateurs des cryptos, comme la décentralisation ou la préservation de la vie privée. Mais elle apporterait aussi plus de clarté et de protection pour les utilisateurs. Il s’agira de trouver le bon équilibre.

Les banques centrales veulent garder la main

En réalité, les initiatives comme Pyxtrial révèlent surtout l’intention des institutions financières traditionnelles de ne pas se laisser déborder par la déferlante crypto. Avec la montée en puissance des stablecoins, c’est la souveraineté monétaire des États qui est en jeu.

En développant leurs propres monnaies numériques (MNBC), en encadrant strictement les cryptos et en s’équipant d’outils de monitoring comme Pyxtrial, les banques centrales cherchent à garder le contrôle sur le système financier de demain. Reste à savoir si elles y parviendront face à un écosystème crypto toujours plus vaste et dynamique. La partie d’échecs ne fait que commencer.

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