C’est un rebondissement inattendu dans l’une des affaires les plus médiatisées de ces dernières années. Julian Assange, le fondateur controversé de WikiLeaks, a été libéré ce 24 juin 2024 après plus de cinq ans de détention à la prison de Belmarsh, à Londres. Cette libération surprise fait suite à un accord de plaidoyer conclu avec les autorités américaines, marquant ainsi un tournant décisif dans une saga judiciaire qui aura tenu le monde en haleine pendant plus d’une décennie.
Retour sur l’affaire Julian Assange
Pour comprendre l’importance de cet événement, il faut revenir sur le parcours hors norme de Julian Assange et de son organisation WikiLeaks. Fondé en 2006, ce site web s’est donné pour mission de publier des documents confidentiels et des fuites d’informations, au nom de la transparence et de la liberté d’expression. Mais c’est en 2010 que WikiLeaks a réellement fait parler d’elle, en divulguant plus de 700 000 documents classifiés sur les guerres en Irak et en Afghanistan, obtenus grâce à Chelsea Manning, ancienne analyste du renseignement militaire américain.
Ces révélations ont eu l’effet d’une bombe :
- Elles ont exposé au grand jour les dessous des interventions militaires américaines
- Elles ont suscité l’indignation dans le monde entier
- Elles ont valu à Julian Assange l’inimitié de Washington
S’en suivra une longue traque judiciaire
Accusé de viol en Suède, menacé d’extradition vers les États-Unis, Julian Assange se réfugie en 2012 à l’ambassade d’Équateur à Londres, qui lui accorde l’asile politique. Il y restera confiné pendant 7 ans, jusqu’à son arrestation en avril 2019 par la police britannique, après le retrait de sa protection par les autorités équatoriennes.
Incarcéré à la prison de haute sécurité de Belmarsh, Julian Assange est alors sous le coup d’une procédure d’extradition vers les États-Unis, où il est inculpé pour espionnage en vertu d’une loi datant de la Première Guerre mondiale. Une inculpation qui fait polémique, de nombreux défenseurs de la liberté de la presse y voyant une grave menace pour le journalisme d’investigation.
Un accord surprise qui change la donne
C’est dans ce contexte tendu qu’intervient donc la libération surprise de Julian Assange, après la conclusion d’un accord de plaidoyer avec la justice américaine. Selon les termes de cet accord révélés par WikiLeaks, le fondateur du site controversé a accepté de plaider coupable pour un chef d’accusation mineur, en échange de l’abandon des autres charges et de sa non-extradition.
Une issue qui a pris de court jusqu’à ses plus fervents soutiens, tant elle semblait improbable il y a encore quelques semaines. Beaucoup y voient le fruit d’une intense pression diplomatique et d’une mobilisation sans précédent en faveur de la liberté d’expression et des lanceurs d’alerte.
Julian a payé très cher son engagement pour la transparence et le droit du peuple à l’information. À son retour en Australie, nous remercions tous ceux qui l’ont soutenu et se sont battus pour sa libération.
WikiLeaks
Et maintenant ?
Si cet accord met fin au volet judiciaire de l’affaire Assange, de nombreuses questions demeurent. Quel sera l’avenir de WikiLeaks sans son charismatique fondateur ? Quelles leçons en tireront les défenseurs de la liberté de la presse et les lanceurs d’alerte potentiels ? Une chose est sûre : le “cas Assange” restera comme un marqueur fort dans l’histoire du journalisme au XXIe siècle.
Déjà, certaines voix s’élèvent pour souligner l’ombre que fait planer cet accord sur le journalisme d’investigation dans le monde entier. C’est le cas de Jameel Jaffer, directeur de l’Institut du Premier Amendement à l’Université de Columbia : “Cet accord évite le pire, mais il envoie malgré tout un message inquiétant à ceux qui seraient tentés de marcher dans les pas d’Assange.”
Une analyse que ne partage pas WikiLeaks, qui préfère voir dans cette libération une victoire pour tous ceux qui se battent pour la transparence et contre l’arbitraire des États. Quoi qu’il en soit, une page se tourne, et l’avenir nous dira quelle trace laissera Julian Assange dans l’histoire mouvementée de ce début de millénaire.
