Il y a encore quelques mois, prononcer « Bitcoin » dans les couloirs de JPMorgan pouvait vous valoir un regard glacial. Jamie Dimon, le PDG, répétait inlassablement que la première des cryptomonnaies était une « fraude » pire que la bulle des tulipes. Et pourtant, le vent tourne à une vitesse folle.

Le 26 novembre 2025, la plus grande banque du monde a discrètement déposé auprès de la SEC un produit structuré inédit : une note à capital partiellement protégé, directement liée à la performance de l’ETF spot Bitcoin IBIT de BlackRock. En clair ? JPMorgan propose désormais du Bitcoin emballé dans un costume-cravate trois pièces à ses clients fortunés.

JPMorgan capitule : le produit qui change tout

Ce n’est pas une conversion timide. C’est un véritable pont d’or jeté entre la finance traditionnelle et l’univers crypto.

Le produit, émis par JPMorgan Chase Financial Company et garanti par la maison-mère, fonctionne comme une obligation classique… sauf que son rendement dépend entièrement de l’évolution de l’ETF IBIT. Pas de clés privées, pas de wallet, pas de blockchain à gérer : juste une ligne sur un relevé de portefeuille traditionnel.

Comment fonctionne exactement cette note structurée ?

Le mécanisme est à la fois malin et rassurant pour les clients institutionnels.

  • Date d’émission : novembre 2025
  • Maturité finale : 2028 (pile sur le prochain halving Bitcoin)
  • Sous-jacent : ETF spot Bitcoin IBIT de BlackRock
  • Premier call possible dès 2026 si IBIT > niveau initial
  • Coupon annuel potentiel : environ 16 % si rappel anticipé
  • Levier à la hausse : environ 1,5x la performance de l’ETF
  • Protection du capital : limitée (seuil de knock-in si forte baisse)

Concrètement, l’investisseur achète une obligation JPMorgan. Si Bitcoin grimpe gentiment, il touche un coupon juteux et peut même récupérer son capital plus tôt. Si Bitcoin explose, il bénéficie d’un effet de levier modéré. En revanche, en cas de krach prolongé sous un certain seuil, il subit la baisse presque comme s’il détenait l’ETF en direct.

« Nous ne vendons pas du Bitcoin. Nous vendons de l’exposition au Bitcoin dans un format que nos clients institutionnels connaissent depuis trente ans. »

Un banquier privé de JPMorgan, sous couvert d’anonymat

Jamie Dimon : de la croisade anti-Bitcoin à la réalité du marché

Le contraste est saisissant. En 2017, Jamie Dimon menaçait de licencier tout employé qui toucherait au Bitcoin. En 2023, il qualifiait encore la crypto de « pet rocks » (cailloux pour animaux). En avril 2024, il réitérait : « Bitcoin est une fraude ».

Pendant ce temps, dans l’ombre, JPMorgan devenait participant autorisé des ETF Bitcoin de BlackRock et Fidelity, gérait la trésorerie de plusieurs émetteurs d’ETF, et développait sa propre blockchain Onyx (plus de 1 000 milliards de dollars de transactions traitées).

Aujourd’hui, la banque propose carrément du levier sur le Bitcoin à ses clients. Le message est clair : peu importe ce que pense Jamie Dimon personnellement, les clients, eux, veulent du BTC.

Le parcours schizophrène de JPMorgan face au Bitcoin :

  • 2017 → Jamie Dimon : « Bitcoin est une fraude, je vire quiconque en achète »
  • 2019 → Lancement de JPM Coin
  • 2021 → Création d’un desk crypto interne
  • 2024 → Participant autorisé des ETF Bitcoin spot
  • 2025 → Lancement d’une note structurée à levier sur IBIT

Pourquoi 2028 ? Le clin d’œil au cycle des halvings

La maturité finale fixée à 2028 n’est pas anodine. Elle correspond exactement au prochain halving Bitcoin prévu en avril 2028.

Historiquement, chaque halving a déclenché un cycle haussier massif 12 à 18 mois plus tard. En choisissant cette date, JPMorgan parie implicitement sur une poursuite du supercycle entamé en 2024-2025.

Le premier call possible en 2026 coïncide lui avec la phase traditionnellement explosive post-halving (celui de 2024). Tout est calibré pour capter le meilleur des deux mondes : rendement attractif si hausse modérée, levier si explosion.

Ce que ça change pour le marché Bitcoin

L’impact va bien au-delà du symbole.

  • Institutionnalisation accélérée : Les banquiers privés du monde entier vont enfin pouvoir proposer du Bitcoin sans quitter leur zone de confort réglementaire
  • Effet boule de neige : Quand JPMorgan bouge, Goldman Sachs, Morgan Stanley et les grandes banques européennes suivent généralement dans les 6 à 18 mois
  • Pont vers le marché obligataire : Le marché des produits structurés représente plusieurs milliers de milliards de dollars. Une goutte de ce flux vers Bitcoin change tout
  • Signal prix : Les structurers calibrent rarement des produits à levier sur un actif qu’ils pensent baissier à moyen terme

En résumé, la plus grande banque du monde vient d’ouvrir une autoroute à double sens entre Wall Street et Bitcoin.

Les risques que personne ne mentionne

Attention, tout n’est pas rose.

Ce produit reste complexe. Le seuil de protection à la baisse (knock-in) est généralement fixé entre 40 % et 60 % de perte sur l’ETF. En cas de bear market prolongé, l’investisseur peut perdre une large partie de son capital.

De plus, il y a le risque de crédit JPMorgan : si la banque fait défaut d’ici 2028 (peu probable mais pas impossible), la garantie saute.

Enfin, les frais sont loin d’être négligeables. Entre frais de structuration et marge de la banque, le rendement réel sera inférieur à celui d’un achat direct d’ETF ou de Bitcoin spot.

Et les autres banques ?

Les concurrents observent. Goldman Sachs a déjà des produits similaires en préparation. Morgan Stanley teste des allocations Bitcoin dans certains portefeuilles private banking. En Europe, Société Générale et UBS travaillent sur des équivalents.

Le Texas vient d’annoncer une réserve stratégique Bitcoin. Des banques régionales américaines étudient l’ajout de BTC à leur bilan. Le mouvement est lancé.

Ce produit JPMorgan n’est que la partie visible de l’iceberg. 2026-2028 risque d’être le théâtre d’une adoption institutionnelle massive, bien plus discrète et bien plus puissante que tout ce qu’on a vu jusqu’ici.

« Bitcoin est trop gros pour que Wall Street l’ignore plus longtemps. »

Joe Consorti, analyste marché

Le mur de l’argent institutionnel ne s’effrite plus. Il vient de s’ouvrir en grand.

Et quelque part, dans un bureau new-yorkais, un trader vient probablement d’imprimer cet article pour le coller sur le mur avec un post-it : « I told you so ».

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