Imaginez : vous avez 28 ans, un bon salaire, vous pensez, et pourtant vous calculez qu’il vous faudrait épargner pendant 47 ans pour acheter un deux-pièces en banlieue. C’est la réalité de millions de jeunes aujourd’hui. Et quand le rêve immobilier s’effondre, un autre prend sa place : la crypto.

Ce n’est pas une mode. Ce n’est pas non plus une simple envie de « jouer » à la bourse. C’est une réaction de survie financière. Une étude universitaire américaine sortie en 2025 vient de le démontrer avec des chiffres implacables : plus l’immobilier devient inaccessible, plus les jeunes se tournent massivement vers Bitcoin et les cryptomonnaies.

Pourquoi les jeunes abandonnent le rêve de devenir propriétaire

Depuis quarante ans, le prix des logements a été multiplié par six en moyenne dans les pays développés, alors que les salaires n’ont même pas doublé. Le fossé est devenu abyssal. Aux États-Unis, plus aucun État n’est considéré comme « abordable » pour un ménage médian selon les critères classiques (prix inférieur à 3 fois le revenu annuel).

En France, la situation est encore pire dans les grandes villes. À Paris, il faut désormais 18 ans de salaire brut pour acheter 60 m². À Bordeaux ou Lyon, on dépasse les 12 ans. Même en travaillant dur, en vivant frugalement, l’objectif s’éloigne chaque année un peu plus.

« Le moment où l’on comprend que l’on ne sera jamais propriétaire, on appelle cela le giving-up threshold. C’est un point de non-retour psychologique et financier. »

Seung Hyeong Lee & Younggeun Yoo, étude “Giving Up”, 2025

Ce seuil, de plus en plus de jeunes le franchissent avant 30 ans. Et les conséquences sont immédiates.

Le jour où on lâche l’affaire, tout change

Quand on arrête de croire à l’achat immobilier, on arrête aussi de se priver pour épargner. L’étude montre que les locataires ayant renoncé dépensent en moyenne 130 € de plus par mois en consommation courante. Restaurants, voyages, vêtements : pourquoi se sacrifier pour un objectif mort ?

Le rapport au travail change aussi. L’effort supplémentaire pour une augmentation de 200 € net ? Beaucoup n’en voient plus l’intérêt. Le quiet quitting n’est pas de la paresse : c’est du réalisme brut.

Les comportements observés chez ceux qui ont franchi le « giving-up threshold » :

  • +35 % de dépenses de loisirs et restauration
  • -28 % d’efforts supplémentaires au travail (heures sup, formations)
  • +400 % d’exposition aux actifs risqués (crypto, options, actions meme)
  • Perception que « l’épargne classique est inutile » : elle ne suit pas l’inflation immobilière »

La crypto : dernier espoir ou illusion dangereuse ?

L’étude est formelle : les ménages locataires ayant entre 100 000 et 300 000 $ de patrimoine investissent entre 20 et 40 % de plus en cryptomonnaies que les propriétaires du même niveau de richesse. Dans certaines tranches, ils sont jusqu’à cinq fois plus nombreux à détenir du Bitcoin ou de l’Ethereum.

Pourquoi ? Parce que la crypto promet ce que l’épargne bancaire ne peut plus offrir : un effet de levier massif en peu de temps. Un x10 sur une crypto peut rattraper dix ans d’écart immobilier. Un rêve rationnel dans un monde irrationnel.

Et pourtant, le risque est énorme. 80 % des investisseurs crypto perdent de l’argent sur le premier année. Mais quand on a déjà tout perdu (le rêve immobilier), on a moins peur de tout perdre une deuxième fois.

Deux France, deux générations qui s’éloignent

L’étude décrit une fracture qui s’installe dès 25-30 ans :

  • Groupe A : ceux qui gardent espoir. Ils épargnent 800 € par mois, acceptent les jobs loin de chez eux, font des compromis. Parfois, après 15 ans d’efforts, ils y arrivent.
  • Groupe B : ceux qui ont lâché. Ils vivent au présent, tentent des paris risqués, et s’éloignent définitivement de la propriété.

À 45 ans, le premier groupe possède en moyenne 450 000 € de patrimoine immobilier. Le second ? Moins de 80 000 €, souvent entièrement en crypto ou liquidités. L’écart est irréversible.

La France n’échappe pas au phénomène

En France, les signaux sont identiques. Selon l’INSEE, la part des 25-34 ans propriétaires a chuté de 45 % en 2000 à 23 % en 2024. Sur Reddit et Discord français, les communautés crypto explosent : r/FranceFinance, VosFinances, les salons Telegram « Crypto Fr » comptent des centaines de milliers de membres, majoritairement sous 35 ans.

Les témoignages se ressemblent :

« J’ai 31 ans, 65k € de côté. À Paris, ça ne fait même pas 20 % d’un studio. Alors j’ai tout mis sur BTC à 18k en 2022. Aujourd’hui j’ai 220k. Je n’achèterai jamais sans la crypto. »

Témoignage anonyme, forum VosFinances

Ces histoires font rêver les autres… jusqu’au prochain bear market.

Et si la tokenisation changeait la donne ?

Certains voient dans la tokenisation immobilière (RWA une solution. Des plateformes permettent déjà d’acheter des fractions d’appartements via des tokens. Mais pour l’instant, ces projets restent marginaux et très risqués (liquidité faible, régulation floue).

Donald Trump lui-même a annoncé vouloir « tokeniser les Maldives » et créer des real estate tokens accessibles. Promesse électorale ou vraie révolution ? L’avenir le dira.

Que faire quand on est jeune et coincé ?

Il n’y a pas de solution miracle, mais quelques pistes :

  • Ne pas tout miser sur la crypto : garder une épargne de sécurité
  • Envisager l’expatriation (Portugal, Espagne, Europe de l’Est restent accessibles)
  • Investir dans sa formation pour viser les très hauts salaires (seule variable encore contrôlable)
  • Se regrouper en colocation patrimoniale ou SCI entre amis
  • Accepter que la propriété ne soit pas le seul chemin vers la richesse

Car au fond, le vrai problème n’est pas que les jeunes investissent en crypto. C’est qu’ils soient obligés de le faire par désespoir.

L’immobilier était autrefois le socle de la classe moyenne. Quand ce socle s’effrite, toute la société vacille. Et tant que les prix continueront de grimper plus vite que les salaires, la crypto restera, pour des millions de jeunes, le dernier ticket pour espérer un jour dire : « C’est chez moi. »

Le rêve américain s’est effacé. Le rêve crypto a pris sa place. Reste à savoir s’il tiendra ses promesses… ou s’il deviendra le prochain cauchemar d’une génération déjà épuisée.

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