Imaginez un peu : un haut responsable d’une des plus grandes plateformes crypto qui décide de parier publiquement sur un token associé à une célébrité controversée. C’est exactement ce qui vient de se produire avec Jesse Pollak, cofondateur de Base, la layer 2 de Coinbase. Son investissement de 1 500 dollars en ETH dans un nouveau token lié à Soulja Boy a déclenché une vague de critiques. Et quand ZachXBT, le célèbre enquêteur on-chain, s’en mêle, l’affaire prend une tout autre ampleur.

Cette histoire n’est pas seulement un énième drama crypto. Elle touche à des questions profondes : la responsabilité des influenceurs, la due diligence des leaders du secteur et les risques persistants pour les investisseurs particuliers. Plongeons ensemble dans les détails de cette controverse qui agite la communauté depuis quelques heures.

Une polémique qui éclate sur les réseaux

Tout commence avec un simple post de Jesse Pollak. Le créateur de Base annonce avoir investi environ 1 500 dollars en Ethereum dans un token fraîchement lancé et promu par le rappeur Soulja Boy. Pour Pollak, il s’agit peut-être d’un pari amusant, d’une façon de montrer que Base est ouvert à tous les projets, même les plus audacieux.

Mais dans l’univers crypto, rien ne reste anodin longtemps. Très vite, les réactions fusent. Beaucoup s’étonnent qu’un dirigeant aussi influent prenne publiquement position sur un projet aussi risqué, surtout quand le nom de Soulja Boy est attaché à un historique chargé.

Le coup de grâce vient de ZachXBT. L’enquêteur, connu pour ses investigations implacables, ressort un thread datant d’avril 2023. Dans ce document détaillé, il liste une série de projets crypto promus par le rappeur qui se sont révélés être des abandons ou des rug pulls purs et simples.

Soulja Boy a lancé de nombreuses collections NFT. En 2021 seule, j’en ai trouvé 9 au total. L’une d’elles, appelée SouljaBoyNFT, promettait de multiples utilités mais le site est hors ligne aujourd’hui.

ZachXBT, avril 2023

Le passé sulfureux de Soulja Boy en crypto

Revenons deux ans en arrière. En pleine frénésie bull market de 2021, Soulja Boy s’était lancé tête baissée dans la promotion de projets crypto et NFT. Selon les recherches de ZachXBT, le rappeur avait touché environ 730 000 dollars rien que pour des posts sponsorisés.

Les tarifs étaient clairs : 12 000 dollars pour un post Instagram, 10 000 dollars pour un tweet. À cette époque, les influenceurs celebrities se multipliaient dans l’espace crypto, souvent sans réelle compréhension des projets qu’ils promouvaient.

Les principaux projets pointés du doigt par ZachXBT :

  • RapDoge : token promu puis abandonné.
  • Orion : autre projet qui n’a jamais tenu ses promesses.
  • The Life Token : rapidement identifié comme problématique.
  • Flokinomics et SafeMars : deux exemples supplémentaires de promotions payées suivies d’effondrements.
  • Neuf collections NFT lancées en 2021, dont plusieurs ont disparu d’OpenSea ou n’ont jamais délivré l’utilité promise.

Ces accusations ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd. Soulja Boy a rapidement réagi sur X pour tenter de calmer la tempête. Il assure avoir évolué, comprendre désormais beaucoup mieux l’écosystème crypto et regretter ses choix passés.

Je veux être clair et transparent. Je n’avais aucune connaissance qu’un escroc nommé Sahil était impliqué ou me payait pour promouvoir quoi que ce soit de frauduleux. À l’époque, je faisais des promotions payées sans bien comprendre l’espace crypto/NFT comme je le fais aujourd’hui.

Soulja Boy, décembre 2025

Le rappeur ajoute qu’il présente ses excuses aux investisseurs ayant perdu de l’argent et qu’il attribue une partie des problèmes à des gestionnaires tiers qui prenaient les décisions à sa place. Une défense classique dans ce genre d’affaires, mais qui ne convainc pas tout le monde.

Pourquoi Jesse Pollak s’est-il exposé ainsi ?

La question que beaucoup se posent est simple : pourquoi un dirigeant comme Jesse Pollak, qui travaille sur une des solutions layer 2 les plus sérieuses du marché, a-t-il choisi de s’afficher avec ce type de projet ?

Certains y voient une stratégie délibérée. Base cherche à démocratiser l’accès à la blockchain, à attirer un public plus large, y compris les communautés memecoins et les projets plus “fun”. En pariant publiquement, Pollak voulait peut-être montrer que la plateforme est ouverte à tous, sans filtre excessif.

D’autres sont plus critiques. Ils estiment qu’un leader de ce niveau devrait faire preuve d’une prudence exemplaire. Son investissement, même modeste à l’échelle crypto (1 500 dollars), peut être perçu comme un endorsement implicite et pousser des investisseurs moins avertis à suivre le mouvement.

Dans un écosystème encore marqué par les cicatrices de 2022 et des affaires comme FTX, cette légèreté apparente détonne. La communauté attend des figures institutionnelles qu’elles contribuent à assainir le secteur, pas qu’elles jouent avec des projets à haut risque.

Les risques persistants des promotions par célébrités

Cette affaire remet sur la table un problème récurrent : l’impact des célébrités dans la crypto. Depuis 2021, on a vu des sportifs, acteurs et musiciens se transformer en promoteurs de tokens, souvent contre rémunération importante.

Le schéma est presque toujours le même. Un influenceur poste un message positif, parfois en indiquant qu’il s’agit d’une promotion payée. Le token pump violemment grâce à l’effet FOMO. Puis, dans de nombreux cas, les développeurs ou les premiers investisseurs vendent massivement, laissant les retardataires avec des pertes importantes.

Les régulateurs, notamment la SEC aux États-Unis, ont commencé à sévir. Kim Kardashian a ainsi écopé d’une amende pour avoir promu EthereumMax sans disclosure claire. Mais beaucoup de projets continuent d’opérer dans des zones grises, surtout sur des réseaux décentralisés comme Base.

Quelques exemples marquants de celebrity scams ces dernières années :

  • Floyd Mayweather et DJ Khaled poursuivis pour la promotion de Centra Tech (2018).
  • Kim Kardashian et EthereumMax (2021-2022).
  • Jake Paul et plusieurs projets memecoin douteux.
  • De nombreux rappeurs impliqués dans des NFT ou tokens qui se sont effondrés.

Soulja Boy n’est donc pas un cas isolé. Mais son retour sur le devant de la scène, via Base cette fois, pose question. Le rappeur affirme avoir changé, mais les investisseurs restent méfiants. Et ils ont raison : la confiance se gagne lentement et se perd rapidement dans cet univers.

Base : entre innovation et ouverture tous azimuts

Il faut aussi replacer cette controverse dans le contexte de Base. La layer 2 de Coinbase a connu une croissance fulgurante en 2024 et 2025. Elle s’est imposée comme une des plateformes préférées pour les memecoins et les lancements rapides grâce à ses frais bas et sa facilité d’utilisation.

Cette ouverture a un prix. Base héberge des milliers de tokens, dont une partie importante sont des expériences éphémères ou des projets à très haut risque. L’équipe derrière la chaîne a toujours défendu une philosophie “permissionless” : tout le monde peut déployer, tout le monde peut essayer.

Mais quand un cofondateur s’implique personnellement dans un projet controversé, cela brouille les lignes. Est-ce que Base cautionne implicitement ce type d’initiatives ? Ou Jesse Pollak agit-il simplement en tant qu’individu ? La distinction est fine et la communauté semble divisée.

Les leçons à tirer de cette affaire

Plusieurs enseignements émergent déjà de cette polémique. Le premier concerne la due diligence. Même les personnalités les plus expérimentées peuvent se tromper ou sous-estimer les risques liés à un nom controversé.

Le deuxième touche à la communication. Dans crypto, chaque post public est scruté, analysé, disséqué. Un investissement présenté comme un “fun bet” peut rapidement être interprété comme un signal d’achat par des milliers de personnes.

Enfin, cette histoire rappelle que le secteur crypto mûrit, mais lentement. Les célébrités continuent d’attirer les foules, les memecoins explosent toujours sur des hype éphémères, et les scams trouvent encore des terrains fertiles.

Pour les investisseurs, le message reste le même : DYOR (Do Your Own Research). Ne suivez pas aveuglément un leader, aussi respecté soit-il. Vérifiez les antécédents, lisez les enquêtes comme celles de ZachXBT, et investissez seulement ce que vous êtes prêt à perdre.

Et maintenant ?

L’affaire est encore toute fraîche. Jesse Pollak n’a pas encore répondu directement aux critiques les plus virulentes. Soulja Boy continue de promouvoir son nouveau token, affirmant que cette fois c’est différent.

La communauté, elle, reste vigilante. Certains défendent Pollak en arguant que l’innovation nécessite de prendre des risques et d’expérimenter. D’autres estiment qu’il y a des limites à ne pas franchir quand on représente une infrastructure aussi importante que Base.

Une chose est sûre : cette controverse ne restera pas sans suite. Elle alimentera les débats sur la gouvernance des layer 2, la responsabilité des builders et l’évolution des relations entre célébrités et crypto. À suivre de très près dans les prochains jours.

En attendant, cette histoire nous rappelle une vérité simple : dans la crypto, la réputation se construit sur des années, mais peut se briser en un seul tweet. Jesse Pollak et Soulja Boy en font l’expérience directe aujourd’hui.

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