Imaginez la scène : nous sommes en novembre 2025, le Bitcoin flirte avec des niveaux jamais vus, les ETF spot explosent les compteurs… et pourtant, dans les bureaux des grands fonds de capital-risque, l’ambiance n’est plus à la fête comme en 2021. L’argent coule à nouveau, oui, mais il coule autrement. Plus concentré, plus prudent, presque élitiste. Ce qui se passe aujourd’hui dans le financement crypto n’est pas un simple rebond : c’est une métamorphose profonde du secteur.

2025 : le grand retour du capital… mais pas pour tout le monde

Le troisième trimestre 2025 a été marqué par un chiffre qui a fait couler beaucoup d’encre : 4,59 milliards de dollars investis dans l’écosystème crypto et blockchain, selon le dernier rapport de Galaxy. À première vue, c’est une bonne nouvelle. Comparé aux trimestres anémiques post-FTX, cela ressemble à un retour en force. Mais creusez un peu et vous comprendrez vite que nous ne sommes plus dans le même film.

Car derrière ce volume honorable se cache une réalité brutale : l’âge d’or du capital-risque tous azimuts est bel et bien terminé.

56 % des capitaux pour les géants déjà établis

Le chiffre est implacable. Plus d’un dollar sur deux investi au T3 2025 est allé à des sociétés en phase later-stage. Des entreprises qui ont déjà fait leurs preuves, qui génèrent du revenu, qui ont des équipes de plusieurs centaines de personnes. Revolut a levé 1 milliard. Kraken a empoché 500 millions. Ces méga-deals ont littéralement tiré la moyenne vers le haut.

Pendant ce temps, les jeunes pousses en seed ou pre-seed se battent pour des miettes. Oui, le nombre de deals reste correct, oui les valorisations early-stage rebondissent… mais la part du gâteau qu’elles se partagent est ridicule.

Ce que cela signifie concrètement :

  • Les fonds préfèrent mettre 100 millions sur une licorne déjà rentable que 5 millions sur dix projets risqués.
  • Le ticket médian d’investissement a explosé à 4,5 millions de dollars – un record historique.
  • Les catégories « sexy » d’hier (NFT, gaming Web3, metaverse) sont quasiment rayées de la carte.

La grande décorrélation : quand le Bitcoin monte… mais pas les VC

C’est peut-être le phénomène le plus fascinant de cette année 2025. Historiquement, quand le prix du Bitcoin grimpait, les investissements en capital-risque suivaient comme un seul homme. 2017, 2021 : la corrélation était presque parfaite.

Aujourd’hui ? Le lien est rompu.

« Nous assistons à la première véritable décorrélation entre la performance des actifs crypto et l’activité de capital-risque. C’est un signe de maturité… et de concurrence féroce. »

Rapport Galaxy Research – T3 2025

Pourquoi cette rupture ? Parce que les institutionnels n’ont plus besoin des VC pour s’exposer à la crypto. Ils ont mieux : les ETF spot Bitcoin (et bientôt Ethereum), les ETP, les produits listés. Un fonds de pension américain peut aujourd’hui acheter du Bitcoin avec la même facilité qu’une action Apple. À quoi bon passer par une startup risquée qui mettra cinq ans à mûrir ?

Les nouveaux rois du financement crypto

Le paysage a changé de mains. Les vrais gagnants de 2025 ne sont plus forcément les a16z ou Paradigm version 2021. Ce sont :

  • Les ETF providers (BlackRock, Fidelity, Ark…)
  • Les Digital Asset Treasury Companies (MicroStrategy en pionnier, mais des dizaines d’autres arrivent)
  • Les exchanges centralisés qui lèvent des centaines de millions en quelques semaines
  • Les projets d’infrastructure (layer 2, oracles, ponts inter-chaînes)
  • L’intelligence artificielle appliquée à la blockchain
  • La tokenisation d’actifs réels (RWA)

Ces secteurs captent l’essentiel des flux. Les NFT ? 12 millions investis sur le trimestre. Le gaming Web3 ? À peine mieux. Le message est clair : les investisseurs veulent du concret, du cash-flow, de la régulation friendly.

Et les États-Unis raflent (presque) tout

Autre tendance lourde : la concentration géographique. 47 % des capitaux investis au T3 2025 sont allés à des projets américains. Merci la clarté réglementaire (relative) post-élection, merci les ETF, merci la SEC qui commence à dire oui plus souvent que non.

L’Europe, l’Asie ? Larguées. Même Dubaï et Singapour, pourtant paradis crypto il y a encore deux ans, peinent à suivre le rythme.

Ce que cela change pour vous, investisseur individuel

Vous pensiez que le prochain x100 viendrait d’un token tout neuf lancé par trois étudiants dans un garage ? Détrompez-vous. Les règles du jeu ont changé :

  • Les projets vraiment disruptifs auront plus de mal à lever en early-stage.
  • Les valorisations fully diluted astronomiques dès le seed vont devenir rares.
  • Les équipes solides, avec traction réelle, seront (encore plus) privilégiées.
  • Les investisseurs angels et les petits fonds risquent de sortir du game.

Mais il y a aussi du positif. Cette maturité forcée assainit le marché. Moins de scams, moins de vaporware, moins de projets qui lèvent 50 millions pour disparaître six mois plus tard.

Vers quel futur allons-nous ?

Trois scénarios se dessinent pour les prochaines années :

  • Scénario 1 – La finance traditionnelle absorbe tout : les institutionnels continuent de privilégier les ETF et les grandes plateformes. Le capital-risque crypto se marginalise.
  • Scénario 2 – Le grand retour du risque : un nouveau narratif (IA + blockchain ? DePIN ? Identité décentralisée ?) rallume la flamme des VC pour l’early-stage.
  • Scénario 3 – L’hybridation : les gros acteurs (type BlackRock) commencent à créer leurs propres fonds de venture pour investir directement dans les protocoles, court-circuitant les VC traditionnels.

Quel que soit le scénario qui l’emporte, une chose est sûre : le Far West des levées de fonds à 2 milliards de valorisation sur un PDF de 12 pages, c’est fini.

2025 marque la fin de l’adolescence du capital-risque crypto. L’industrie grandit. Elle devient plus sérieuse, plus exigeante, plus… adulte. Et comme tout adulte, elle a perdu un peu de sa folie créative, mais gagné en solidité.

Pour les entrepreneurs, le message est clair : venez avec de la traction, du revenu, une équipe irréprochable. Pour les investisseurs, le réflexe « je mise sur 50 projets et j’en garde un qui fait x1000 » ne marche plus.

Bienvenue dans la crypto mature. Elle est moins flashy, moins permissive… mais peut-être, finalement, bien plus durable.

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Passionné et dévoué, je navigue sans relâche à travers les nouvelles frontières de la blockchain et des cryptomonnaies. Pour explorer les opportunités de partenariat, contactez-nous.

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