Dans l’univers en constante évolution des cryptomonnaies, la décentralisation est souvent brandie comme un étendard, une promesse d’un système financier plus juste et transparent. Pourtant, derrière les discours marketings alléchants, la réalité est parfois tout autre. C’est le constat amer que font aujourd’hui de nombreux utilisateurs d’Hyperliquid, la plateforme de trading perpétuel décentralisé qui fait l’objet d’une controverse grandissante depuis l’ouverture du staking de son jeton HYPE.

Hyperliquid, la star montante de la DeFi

Lancé en novembre dernier, Hyperliquid a rapidement su se faire une place au soleil dans l’écosystème de la finance décentralisée (DeFi). Porté par un airdrop massif de 310 millions de jetons HYPE, soit 31% de l’offre totale, le protocole a suscité un engouement sans précédent. Son modèle novateur de trading perpétuel décentralisé, hébergé sur sa propre blockchain, promettait une expérience de trading fluide et sécurisée, loin des écueils des plateformes centralisées.

Mais alors que le projet semblait promis à un avenir radieux, des voix discordantes ont commencé à s’élever, remettant en question les fondements mêmes d’Hyperliquid : sa décentralisation.

Le pavé dans la mare de Kam Benbrik

Le 7 janvier, soit une semaine seulement après l’ouverture du staking HYPE, Kam Benbrik, représentant du validateur ChorusOne, a publié une lettre ouverte à l’attention de l’équipe d’Hyperliquid. Dans ce document, il dresse un constat accablant des problèmes rencontrés par les validateurs et soulève de sérieux doutes quant à la réelle décentralisation du réseau.

Premier point d’achoppement : le code source du logiciel de validation. Propriétaire et peu documenté, il constitue un frein majeur pour les validateurs indépendants souhaitant contribuer à la sécurité du réseau. Cette opacité, couplée à une dépendance à une API centralisée, a entraîné de nombreux “jailing”, autrement dit des bannissements temporaires de validateurs, sans explication claire sur les causes.

Une sélection des validateurs opaque

Mais les révélations de Kam Benbrik ne s’arrêtent pas là. Il pointe également du doigt le processus de sélection des validateurs, qualifié d’opaque et arbitraire. Sur les 16 validateurs du réseau, seuls 4 auraient été choisis sur la base de leurs performances sur le testnet. Les autres seraient soit contrôlés par la Fondation Hyperliquid (5), soit sélectionnés selon des critères inconnus (7).

Cette mainmise apparente de la Fondation sur le réseau se reflète dans la répartition des jetons délégués en staking. Sur les 404 millions de HYPE stakés, 329 millions, soit plus de 81%, le sont sur des nœuds contrôlés par la Fondation. Un chiffre inquiétant qui fait craindre une centralisation rampante, mettant en péril l’intégrité et la résilience du réseau.

Un avenir en suspens

Face à la polémique, Hyperliquid a tenté de calmer le jeu, publiant une réponse officielle aux allégations de Kam Benbrik. Si certains points ont été éclaircis, comme l’engagement à publier le code source une fois stabilisé, de nombreuses zones d’ombre persistent.

La Fondation assure que tous les validateurs ont été sélectionnés sur la base de leurs performances, mais le manque de transparence sur les critères exacts et l’existence d’un marché noir de jetons de testnet laissent planer le doute. De même, si un programme de délégation visant à renforcer les validateurs indépendants est évoqué, son impact réel sur la décentralisation dépendra de sa mise en œuvre concrète.

À l’heure où ces lignes sont écrites, l’avenir d’Hyperliquid semble plus incertain que jamais. Le jeton HYPE, qui avait atteint des sommets à près de 35$, ne cesse de chuter, évoluant désormais autour des 19$. Au-delà des considérations spéculatives, c’est la confiance dans le projet et ses promesses de décentralisation qui est ébranlée.

La décentralisation n’est pas un vain mot, c’est le fondement même sur lequel repose la blockchain et les cryptomonnaies. Sans elle, nous risquons de répéter les erreurs du système financier traditionnel.

Kam Benbrik, validateur chez ChorusOne

Les prochaines semaines seront cruciales pour Hyperliquid. Le protocole devra faire preuve d’une transparence exemplaire et tenir ses engagements en matière de décentralisation s’il veut regagner la confiance de sa communauté et assurer sa pérennité. Car au-delà d’un simple projet, c’est la crédibilité même de la DeFi qui est en jeu.

La leçon à tirer de cette affaire est claire : dans l’univers des cryptomonnaies, la décentralisation ne doit pas être un simple argument marketing, mais une réalité tangible, vérifiable par tous. C’est à ce prix que nous pourrons construire un écosystème financier réellement juste, transparent et résilient.

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