La semaine dernière, un véritable séisme a ébranlé l’écosystème de la finance décentralisée (DeFi). Aave, mastodonte du secteur avec près de 40 milliards de dollars de valeur totale verrouillée (TVL), a surpris tout le monde en annonçant envisager un retrait de la blockchain Polygon. Une décision lourde de conséquences, motivée par une proposition de gouvernance controversée sur Polygon. Retour sur cette actualité brûlante qui pourrait bien redistribuer les cartes de la DeFi.
Aave Chan sonne l’alarme
Tout a commencé lundi dernier, quand Marc Zeller, fondateur de l’initiative communautaire Aave Chan, a publié une proposition de gouvernance choc. Son idée ? Retirer progressivement le protocole Aave de Polygon. Un véritable coup de tonnerre quand on sait qu’Aave est déployé sur pas moins de 13 blockchains différentes, dont Polygon.
Mais qu’est-ce qui a bien pu pousser Aave Chan à une telle extrémité ? La réponse se trouve du côté de Polygon, qui a récemment soumis une proposition visant à utiliser les stablecoins détenus par son bridge pour générer des rendements supplémentaires. Une idée qui a fait tiquer Marc Zeller, y voyant de nombreux risques potentiels.
Le spectre du hack plane sur Polygon
La crainte principale d’Aave Chan ? Qu’un hack du protocole détenant les fonds du bridge Polygon ne compromette les wrapped assets émis par ce dernier. Un scénario catastrophe qui mettrait en péril les marchés d’Aave, le protocole étant directement exposé à ces actifs ponte.
Face à ce risque, Marc Zeller estime donc qu’un retrait d’Aave de l’écosystème Polygon est la seule option viable pour protéger les utilisateurs et l’intégrité du protocole. Une prise de position ferme qui n’a pas manqué de faire réagir la communauté DeFi.
Polygon monte au créneau
Devant l’ampleur de la polémique, Polygon a fini par sortir de son silence ce mercredi 18 décembre. Sur le réseau social X, anciennement Twitter, les équipes sont revenues point par point sur les inquiétudes soulevées par Aave Chan.
Polygon a notamment tenu à rassurer sur l’aspect consensuel de sa proposition initiale. Il semble en effet peu probable que celle-ci soit adoptée en l’état, au vu des vives réactions qu’elle a suscitées au sein de la communauté. Beaucoup lui reprochent notamment l’absence d’un mécanisme d’opt-in, qui permettrait aux utilisateurs de choisir en connaissance de cause de participer ou non au programme de rendement.
Pour autant, Polygon assure que cela ne doit pas empêcher d’explorer des pistes innovantes, même audacieuses :
Une prise de position qui se veut rassurante, mais n’en épingle pas moins la réaction jugée excessive d’Aave. Polygon y voit une tentative de pression contraire aux valeurs fondamentales de la décentralisation et de la collaboration :
Un avenir en pointillé pour Aave sur Polygon ?
Si Polygon a tenu à calmer le jeu, le sort d’Aave sur sa blockchain reste en suspens. Tout dépendra de l’évolution de la proposition controversée et des éventuelles modifications qui y seront apportées.
Une chose est sûre : le géant Aave a plus que jamais les moyens de peser dans la balance. Avec une TVL record de 40 milliards de dollars en 2024, le protocole s’est hissé au sommet de l’écosystème DeFi. Un poids lourd dont le départ serait un coup dur pour Polygon, mais aussi un signal fort envoyé à l’ensemble du secteur.
Cette polémique illustre en tout cas parfaitement les défis de la gouvernance décentralisée. Trouver le juste équilibre entre innovation et gestion des risques, intérêts individuels et collectifs, n’est pas chose aisée. La DeFi n’en est qu’à ses balbutiements et ces questions sont appelées à se poser de plus en plus fréquemment à mesure que l’écosystème gagne en maturité.
Une chose est sûre : les prochaines semaines s’annoncent décisives pour Aave et Polygon. Affaire à suivre de très près !