Imaginez pouvoir parier légalement, en dollars ou en crypto, sur l’issue de la prochaine élection américaine, sur le vainqueur de la Ligue des Champions ou même sur le cours du Bitcoin dans six mois plus tard… et gagner de l’argent si vous avez raison. Ce qui ressemblait il y a encore deux ans à un rêve de dégénéré crypto est en train de devenir une réalité réglementée aux États-Unis.
Le 10 décembre 2025, Gemini a franchi un cap historique : sa filiale Gemini Titan vient d’obtenir l’approbation de la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) pour opérer en tant que Designated Contract Market (DCM). En clair ? Gemini peut désormais proposer des marchés prédictifs à ses clients américains, dans un cadre 100 % légal.
Gemini rejoint la ruée vers les marchés prédictifs
Ce n’est pas un petit événement. C’est l’équivalent crypto d’un casino de Las Vegas qui obtiendrait enfin sa licence après des années dans le gris réglementaire. Et Gemini n’est pas seul : tout l’écosystème se précipite sur ce nouveau filon.
Retour en arrière rapide : en 2024, Polymarket a explosé pendant l’élection présidentielle américaine en permettant de parier sur Trump ou Harris avec des centaines de millions de dollars en volume. Kalshi a suivi en levant 1 milliard de dollars. Et maintenant ? Les géants traditionnels de la crypto veulent leur part du gâteau.
« Aujourd’hui, nous sommes ravis d’annoncer que Gemini Titan a reçu l’approbation de la CFTC pour opérer en tant que marché de contrats désigné (DCM). Cela nous permettra d’offrir bientôt des contrats à terme sur événements à nos clients américains. »
Gemini – Communiqué officiel du 10 décembre 2025
Cameron Winklevoss, co-fondateur de Gemini, n’a d’ailleurs pas caché sa joie sur X : il a publié une photo de l’équipe levant le poing, avec la légende « One small step for Gemini, one giant leap for prediction markets ».
Pourquoi tout le monde se jette sur les prediction markets ?
La réponse est simple : c’est l’un des produits crypto les plus addictifs et rentables jamais créés. Les utilisateurs adorent parier, les plateformes touchent des frais à chaque transaction, et les volumes peuvent devenir astronomiques en période d’événements majeurs.
Quelques chiffres qui parlent :
- Polymarket a enregistré plus de 3,3 milliards de dollars de volume sur l’élection US 2024
- Kalshi a levé 1 milliard de dollars en 2025 auprès de fonds traditionnels
- Les recherches Google pour « prediction markets » ont été multipliées par 12 en un an
- Le marché mondial des paris sportifs et événementiels pèse déjà plus de 80 milliards de dollars… et la crypto n’en a pris que des miettes jusqu’ici
Avec une régulation claire, ce marché pourrait facilement atteindre les 50 milliards de dollars de volume annuel d’ici 2028 selon plusieurs analystes.
Qui est déjà dans la course ?
Le casting est impressionnant. Voici les principaux acteurs qui ont déjà annoncé ou lancé leurs plateformes :
Les pionniers
- Polymarket – Leader incontesté, décentralisé, sur Polygon
- Kalshi – Version réglementée américaine, récemment valorisée plusieurs milliards
- Augur et Gnosis – Les anciens, toujours là mais moins visibles
Les nouveaux géants centralisés
- Gemini Titan – Arrivée officielle décembre 2025
- Trust Wallet Predict – Lancé le 3 décembre 2025
- Coinbase – Plateforme en beta fermée depuis novembre
- Robinhood – Version US déjà live dans certains États
- Crypto.com x Truth Predict – En partenariat avec l’écosystème Trump, lancement prévu début 2026
Et ce n’est que le début. Binance, Kraken et même Bitfinex auraient des équipes dédiées qui travaillent sur le sujet en secret.
Qu’est-ce qui change avec une licence DCM ?
Jusqu’à présent, la plupart des plateformes de prediction markets opéraient dans une zone grise ou étaient purement décentralisées (donc hors de portée directe de la CFTC). Avec une licence DCM, Gemini change la donne :
- Possibilité d’utiliser des dollars fiat directement (plus besoin de passer par USDC ou USDT)
- KYC obligatoire mais confiance institutionnelle accrue
- Accès aux investisseurs américains sans VPN ni contournement
- Produits dérivés complexes (options, perpétuels sur événements)
- Intégration possible dans les applications mobiles classiques
En résumé, Gemini vise le grand public américain qui veut parier sur le Super Bowl ou les Oscars sans avoir à comprendre ce qu’est une blockchain.
Les événements qui pourraient exploser les volumes
Si Gemini lance avant l’été 2026, voici les événements qui risquent de faire exploser les compteurs :
- Élection présidentielle brésilienne 2026
- Coupe du Monde de football 2026 (USA/Mexique/Canada)
- Jeux Olympiques d’hiver 2026 à Milan
- Mi-mandat américain 2026 (midterms)
- Et évidemment… le halving Bitcoin 2028 approche
Chaque événement majeur pourrait générer plusieurs centaines de millions, voire milliards, de volume. Polymarket l’a prouvé en 2024.
Et en Europe ?
Pour l’instant, rien. La régulation européenne (MiCA) ne prévoit pas encore de cadre clair pour les marchés prédictifs. Les plateformes restent donc dans le flou ou se limitent à des versions « fun » sans argent réel.
Gemini, qui vient juste d’arriver en France et en Europe avec une campagne agressive (20 € de BTC offerts), pourrait profiter de l’absence de concurrence réglementée pour dominer le marché continental à moyen terme.
Le mot de la fin : un nouveau paradigme
Les marchés prédictifs ne sont plus un gadget de niche crypto. Ils deviennent un produit financier grand public, régulé, et extrêmement rentable.
Gemini, avec cette licence, ne fait pas que rejoindre la tendance : elle la légitime définitivement. Et quand les Winklevoss bougent, c’est que le secteur est en train de passer à l’âge adulte.
2026 risque d’être l’année où votre voisin de palier vous demandera « Tu as misé sur Trump ou sur Newsom pour 2028 ? »… et que vous répondrez « Évidemment, sur Gemini ».
Le futur des paris est là. Et il est crypto.
