Le monde des cryptomonnaies est parfois le théâtre de manipulations et fraudes à grande échelle. C’est ce qui est arrivé avec la société Hydrogen Technology Corporation et sa cryptomonnaie HYDRO. Deux de ses dirigeants viennent d’écoper de lourdes peines de prison pour avoir orchestré un système visant à gonfler artificiellement le cours du token.

Hydrogen et HYDRO au cœur d’une fraude crypto massive

Hydrogen Technology Corporation est une entreprise new-yorkaise spécialisée dans la blockchain et les cryptomonnaies. En 2018, elle lance son propre token appelé HYDRO. Mais rapidement, ses dirigeants vont mettre en place un stratagème frauduleux pour en manipuler le cours :

  • Ils embauchent une société sud-africaine, Moonwalkers Trading, pour créer un bot de trading.
  • De octobre 2018 à avril 2019, ce bot inonde le marché de faux ordres d’achat et de vente.
  • Cela crée une activité artificielle et fait monter les prix de l’HYDRO.
  • Pendant ce temps, les dirigeants revendent discrètement leurs tokens, empochant près de 2 millions de dollars de profits.

Selon les procureurs, ce sont au total plus de 300 millions de dollars d’ordres fictifs qui ont été passés, ainsi que 7 millions en « wash trading » (une technique consistant à être à la fois acheteur et vendeur). Un système bien rodé qui a longtemps échappé aux régulateurs.

Le PDG et le directeur financier lourdement condamnés

Mais les autorités ont fini par mettre au jour cette vaste fraude. Et le 25 juin 2024, la justice américaine a rendu son verdict. Michael Kane, le PDG d’Hydrogen, écope de 3 ans et 9 mois de prison. Son bras droit Shane Hampton, en charge de l’ingénierie financière, est condamné à 2 ans et 11 mois derrière les barreaux.

Lors du procès, les jurés ont pour la première fois reconnu qu’une cryptomonnaie pouvait être assimilée à un « titre ». La manipulation de son cours devient donc officiellement une fraude sur les valeurs mobilières (« securities fraud »). Un jugement qui fera date et aura d’importantes implications pour l’industrie crypto.

« Dans cette affaire, pour la première fois, un jury dans un procès pénal fédéral a jugé qu’une cryptomonnaie était un titre et que la manipulation des prix des cryptomonnaies était une fraude sur titres. »

Nicole M. Argentieri, Cheffe de la division criminelle du Département de la Justice

L’ombre de la SEC plane sur les cryptos

Car les régulateurs, au premier rang desquels la SEC (Securities and Exchange Commission), cherchent depuis longtemps à imposer un cadre légal plus strict aux cryptomonnaies. Qualifier certains tokens de « securities » leur permettrait de les soumettre aux mêmes règles que les actions ou obligations traditionnelles.

D’ailleurs, dès septembre 2022, la SEC avait engagé des poursuites contre Kane et le PDG de Moonwalkers Trading pour avoir procédé à des offres et ventes non enregistrées de titres. L’affaire Hydrogen crée donc un précédent important et souligne les risques juridiques liés aux manipulations de cours sur les cryptos.

En résumé :

  • Les dirigeants d’Hydrogen ont manipulé le cours de leur crypto HYDRO via un bot de trading frauduleux, générant des millions de faux ordres.
  • Ils ont ainsi pu revendre au plus haut et empocher près de 2 millions de dollars de profits illégaux.
  • La justice les a lourdement condamnés, reconnaissant au passage que certaines cryptos pouvaient être considérées comme des « titres ».
  • Un jugement qui renforce la position de la SEC et sa volonté de réguler plus strictement l’industrie crypto.

Une affaire qui rappelle que malgré les promesses de transparence et décentralisation de la blockchain, le monde crypto n’est pas à l’abri des fraudes et manipulations. Aux investisseurs de rester vigilants et de bien évaluer les risques avant de se lancer. Et aux entrepreneurs crypto de jouer le jeu de la régulation s’ils ne veulent pas se retrouver derrière les barreaux.

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