Imaginez-vous réveillé en pleine nuit par une alerte : la banque centrale américaine vient de déverser 13,5 milliards de dollars dans le système bancaire en une seule opération. Ce n’est pas un film catastrophe, c’est ce qui s’est passé hier, 1er décembre 2025. Et pourtant, presque personne n’en parle encore.

Dans le monde feutré de la finance traditionnelle, ce genre d’injection massive via les repos overnight passe souvent inaperçu du grand public. Mais quand on sait que c’est la deuxième plus grosse opération depuis 2020, et qu’elle dépasse même celles réalisées pendant l’éclatement de la bulle internet début 2000, on commence à se poser des questions sérieuses.

Pourquoi la Fed a-t-elle ouvert les vannes à 13,5 milliards ?

Pour bien comprendre, il faut d’abord rappeler ce qu’est un repo (repurchase agreement). C’est tout simplement le marché où les banques se prêtent de l’argent à très court terme, souvent une nuit, en mettant des bons du Trésor en garantie. Quand la demande explose, la Fed intervient pour éviter que les taux ne s’envolent et que le système ne grippe.

Hier, les banques ont réclamé 13,5 milliards de dollars. Pas 5, pas 10, mais 13,5 milliards en une seule session. C’est énorme. À titre de comparaison, les opérations quotidiennes tournent habituellement entre 0 et 2 milliards ces derniers mois.

« Une injection de cette taille, hors période de crise déclarée, c’est comme entendre un détecteur de fumée dans une maison qu’on pensait sécurisée. »

Un trader senior de Wall Street, sous couvert d’anonymat

Un flash-back inquiétant : septembre 2019 et mars 2020

Les plus anciens se souviennent. En septembre 2019, le taux repo overnight était passé brutalement à 10 % en quelques heures. La Fed avait dû injecter des centaines de milliards pendant plusieurs mois pour calmer le jeu. Puis en mars 2020, même scénario, en pire, avec la panique Covid.

Aujourd’hui, on n’est pas (encore ?) dans ce scénario catastrophe. Mais le volume d’hier est suffisamment hors norme pour réveiller les vieux démons. D’autant que la Fed n’a publié aucun communiqué officiel pour expliquer l’opération. Silence radio.

Les chiffres qui font tiquer les observateurs :

  • 13,5 milliards : montant accepté hier
  • 2e plus grosse injection depuis mars 2020
  • Plus importante que toutes les opérations post-bulle internet 2001-2002
  • Aucune communication officielle de la Fed
  • Opération réalisée un dimanche soir (heure US)

Quelles banques ont eu besoin de cash si urgemment ?

C’est la grande question que tout le monde se pose dans les salles de marché ce matin. Les données publiées par la Fed de New York ne donnent pas le nom des contreparties, mais on sait que seules les primary dealers (une vingtaine de grandes banques) ont accès à cette fenêtre.

Parmi elles : JPMorgan, Goldman Sachs, Citibank, Bank of America, mais aussi des géants étrangers comme Deutsche Bank, Barclays ou Nomura. Impossible de savoir qui a tiré la sonnette d’alarme. Mais quand on voit un tel volume, c’est rarement une seule banque. C’est souvent plusieurs qui rencontrent le même problème en même temps.

Le contexte macro qui rend l’opération encore plus troublante

Fin 2025, le monde financier est dans une position étrange. D’un côté, les indices boursiers américains flirtent avec leurs plus hauts historiques. De l’autre, plusieurs signaux d’alerte clignotent :

  • La Banque du Japon vient d’annoncer la fin définitive de sa politique de yen faible
  • Les taux courts américains restent élevés malgré les baisses de la Fed
  • Les réserves de change en dollars de certains pays émergents fondent à vue d’œil
  • Le bilan de la Fed a recommencé à gonfler discrètement depuis septembre

Ajoutez à cela la fin de l’année qui approche, période traditionnellement tendue pour la liquidité (besoin de faire de beaux bilans, règlements de fin d’année, etc.), et vous avez la recette parfaite pour un petit coup de stress bancaire.

Et Bitcoin dans tout ça ?

Regardez le timing : l’opération repo a eu lieu alors que Bitcoin retombait sous les 87 000 $ après avoir échoué plusieurs fois à casser les 90 000 $. Coïncidence ? Peut-être. Mais les corrélations entre liquidité dollar et prix des cryptos sont de plus en plus évidentes depuis 2022.

Quand la Fed injecte massivement, cela crée généralement un effet positif à court terme sur les actifs risqués… mais seulement si l’injection est perçue comme préventive. Si demain les marchés comprennent que c’était une opération d’urgence, l’effet peut être exactement inverse.

« Le repo d’hier soir, c’est le canari dans la mine de charbon du système financier. S’il chante, tout va bien. S’il tombe raide mort, on court. »

Un gérant de hedge fund crypto européen

Trois scénarios possibles pour les prochains jours

Scénario 1 – Le plus probable (65 % selon les bookmakers) : c’était une opération ponctuelle liée à la fin d’année. Les volumes repo retombent vite, tout le monde oublie d’ici une semaine.

Scénario 2 – Le scénario intermédiaire (30 %) : plusieurs banques ont un problème de collatéral (peut-être lié aux obligations d’État ou aux dérivés). La Fed va devoir remettre le couvert plusieurs fois en décembre.

Scénario 3 – Le pire (5 % mais en hausse) : on assiste au début d’un vrai funding squeeze comme en 2019. Les stablecoins commencent à dépeg, les taux repo restent élevés, Bitcoin chute sous 70 000 $ avant Noël.

Ce que les insiders regardent en ce moment même

  • Le volume des prochaines opérations repo (demain et après-demain)
  • Le taux SOFR (le nouveau taux de référence) : s’il dépasse 4,8 %, alerte rouge
  • Les écarts de taux sur les swaps de base dollar/euro et dollar/yen
  • Les réserves des banques auprès de la Fed (facility standing repo)
  • Le comportement des stablecoins USDT et USDC (prime de risque)

Pour l’instant, rien n’est dramatique. Mais le simple fait qu’on doive surveiller tout ça montre à quel point le système reste fragile, même cinq ans après la grande crise Covid.

Conclusion : vigilance mais pas panique

L’injection de 13,5 milliards de la Fed hier soir n’est pas encore le signal d’une nouvelle crise bancaire. Mais c’est clairement un drapeau jaune. Dans un monde où Bitcoin et les cryptos sont devenus des actifs macro ultra-sensibles à la liquidité dollar, chaque opération de ce type mérite qu’on s’y arrête.

Pour l’instant, gardez un œil sur les prochaines opérations repo et sur le comportement des taux courts. Si tout rentre dans l’ordre d’ici 48 heures, vous pourrez dormir tranquille. Sinon… on en reparlera très vite.

Parce que dans la finance comme en crypto, ce n’est jamais quand tout le monde crie au feu qu’il faut s’inquiéter. C’est quand personne ne parle encore que les choses deviennent intéressantes.

Partager

Passionné et dévoué, je navigue sans relâche à travers les nouvelles frontières de la blockchain et des cryptomonnaies. Pour explorer les opportunités de partenariat, contactez-nous.

Laisser une réponse

Exit mobile version