Imaginez la scène : le cours du Bitcoin vacille, les actions des entreprises crypto perdent parfois 80 % en quelques mois, les petits porteurs pleurent devant leurs écrans… et pendant ce temps, certains patrons décollent en jet privé payé par la société. C’est exactement ce qui se passe en ce moment dans l’écosystème crypto. Et non, ce n’est pas une blague.

Les documents déposés auprès de la SEC américaine ne mentent jamais. Et ce qu’ils révèlent pour 2025 est proprement hallucinant : même quand tout s’écroule, une poignée d’exécutifs continue de s’enrichir à une vitesse folle. Jetons un œil dans les coulisses.

Quand le marché pleure, certains PDG rient

Le paradoxe est violent. En 2025, la majorité des valeurs liées à la crypto ont subi des corrections brutales. Pourtant, les packages de rémunération des dirigeants ont, eux, explosé. Bonus en cash, actions à prix cassés, options protégées contre la baisse, utilisation d’avions privés facturés à l’entreprise… tout y passe.

Le plus dingue ? Beaucoup de ces mécanismes sont conçus exprès pour que le patron gagne même si l’action perd 90 % de sa valeur. C’est ce qu’on appelle aligner ses intérêts avec ceux des actionnaires… ou pas.

David Bailey, l’ami de Trump qui voyage en première classe

David Bailey, PDG de Nakamoto Portfolio (une société qui accumule du Bitcoin en trésorerie), est devenu en quelques mois une figure incontournable du secteur. Proche de Donald Trump, il a même été invité à Mar-a-Lago. Mais ce n’est pas tout.

Son package de rémunération fait rêver n’importe quel salarié : prime de signature à sept chiffres, honoraires de conseil versés à une société qu’il contrôle personnellement, options d’achat d’actions, unités d’actions restreintes, bonus en cash… et l’utilisation illimitée d’un jet privé, là encore facturé à une entité qu’il possède.

Le plus fou dans l’histoire ?

  • L’action Nakamoto Portfolio a perdu plus de 70 % depuis son introduction
  • Malgré cela, David Bailey a déjà empoché plusieurs dizaines de millions de dollars
  • Tous les frais d’avion sont remboursés via une société écran qu’il contrôle à 100 %

En clair : que le cours monte ou descende, lui, il gagne. Et il gagne gros.

Michael Saylor, le roi incontesté des actions à super-vote

Chez MicroStrategy (rebaptisée simplement Strategy en 2025), Michael Saylor reste le maître absolu. Son arme secrète ? Les actions de classe B qui lui donnent dix fois plus de droits de vote que les actions ordinaires détenues par le public.

Pendant que le cours de l’action ordinaire a chuté de près de 60 % certains trimestres, Saylor a continué à empiler :

  • Des options d’achat à des prix ridiculement bas
  • Des obligations convertibles ultra-avantageuses
  • Des actions à droit de vote renforcé qui lui garantissent le contrôle total

« Le Bitcoin est la meilleure forme d’argent que l’humanité ait jamais inventée. Et moi, je suis le mieux placé pour le gérer. »

Michael Saylor, conférence Bitcoin 2025

Traduction : même si vous avez perdu la moitié de votre investissement dans Strategy, Michael Saylor, lui, a vu sa fortune personnelle exploser grâce à des mécanismes que vous ne pourrez jamais utiliser.

Anthony Pompliano et le SPAC qui fait scandale

Anthony « Pomp » Pompliano voulait entrer en bourse via un SPAC (Columbus Circle Capital Corp. I). Il avait tout prévu : un package de rémunération garanti même si l’action finissait à zéro. Et devinez quoi ? L’action a bel et bien plongé.

Mais Pomp, lui, était protégé. Son contrat prévoyait des paiements en cash et en actions quoi qu’il arrive. Résultat : il empoche des millions pendant que les investisseurs du SPAC pleurent.

Un actionnaire activiste, Paul Glazer (7,7 % du capital), a fini par craquer. Il a envoyé une lettre incendiaire :

« Nous voterons CONTRE la fusion dans sa forme actuelle. Le package de M. Pompliano est une insulte aux actionnaires. »

Paul Glazer, lettre ouverte, novembre 2025

Pour l’instant, le bras de fer continue. Mais une chose est sûre : même en cas d’échec, Pomp partira avec des valises pleines.

Les autres stars de la rémunération blindée

Ils ne sont pas seuls. Partout dans l’écosystème, on retrouve le même schéma :

  • Joseph Onorati (DeFi Development Corp.) : salaire annuel de 574 000 $ + bonus pouvant atteindre 200 % s’il atteint des objectifs internes
  • Adam Sullivan (Core Scientific) : augmentation massive alors que l’action dormait profondément
  • Allan Marshall (Upexi) : salaire + warrants alors que la valeur de l’entreprise est désormais inférieure à ses seuls avoirs en Solana

Dans tous les cas, une constante : la rémunération est totalement décorrélée de la performance boursière.

Pourquoi personne ne s’en offusquait avant ?

Pendant le bull market de 2021-2024, tout le monde fermait les yeux. Quand une action multipliait par 10, personne ne regardait les détails des packages des dirigeants. Aujourd’hui, avec la gueule de bois, les langues se délient.

Les petits actionnaires commencent à comprendre qu’ils ont financé des modes de vie princiers pendant que leurs portefeuilles fondaient. Et la colère monte.

Est-ce que ça peut durer ?

Rien n’est moins sûr. Les actionnaires activistes se multiplient. Les lettres hostiles pleuvent. Certains procès ont déjà été déposés.

Dans le même temps, la SEC renforce ses exigences de transparence sur les rémunérations. Les prochains dépôts risquent d’être encore plus explosifs.

Une chose est certaine : tant que le modèle « heads I win, tails you lose » existera, la défiance grandira. Et le jour où le prochain bull run arrivera, beaucoup se souviendront de ceux qui ont profité du bear market pour s’en mettre plein les poches.

Le monde crypto voulait révolutionner la finance traditionnelle. Pour l’instant, il a surtout réussi à en reproduire les pires excès… en version accélérée.

À méditer avant d’acheter la prochaine action « Bitcoin treasury » ou le prochain SPAC porté par une star du podcasting.

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Passionné et dévoué, je navigue sans relâche à travers les nouvelles frontières de la blockchain et des cryptomonnaies. Pour explorer les opportunités de partenariat, contactez-nous.

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