Depuis son passage en Proof-of-Stake en septembre 2022, la blockchain Ethereum a ouvert de nouvelles opportunités, notamment celle de staker ses ETH et générer des rendements passifs. Une option très prisée des détenteurs, mais qui manque encore cruellement aux produits boursiers adossés à l’Ether comme les ETF. C’est ce vide que le gestionnaire suisse 21Shares cherche aujourd’hui à combler, avec une demande inédite déposée auprès du gendarme boursier américain, la SEC.
Allier exposition ETH et rendements du staking
En mai 2024, après des années de tergiversations, la SEC a finalement donné son feu vert aux ETF Ethereum au comptant tant attendus. Une victoire pour l’écosystème, mais une victoire en demi-teinte. Car si ces véhicules permettent désormais à un public plus large d’investir dans l’Ether en bourse, ils se privent d’un élément désormais central du réseau : le staking.
En effet, avec le passage en Proof-of-Stake, il est possible pour les détenteurs d’ETH de les mettre en staking, c’est à dire de les immobiliser pour sécuriser le réseau et valider les transactions, en échange de récompenses. Un système qui séduit un nombre croissant d’investisseurs, attirés par les rendements générés, souvent supérieurs à 5% par an.
Sauf que cette option n’est pour l’instant pas accessible aux investisseurs en ETF Ethereum. C’est ce que 21Shares, gestionnaire suisse réputé de produits crypto, veut changer. Dans une demande déposée auprès de la SEC, il sollicite l’autorisation d’utiliser une partie des ETH détenus par son ETF pour les mettre en staking.
Le staking permettrait de générer un revenu supplémentaire qui profiterait aux investisseurs et aiderait le fonds à mieux suivre les rendements associés à la détention d’Ether.
Demande de 21Shares à la SEC
L’objectif est clair : pouvoir offrir aux investisseurs en ETF les mêmes bénéfices que les détenteurs d’ETH, à savoir profiter des rendements du staking en plus de l’exposition au cours de l’actif. Un argument de taille pour dynamiser une catégorie de produits qui peine encore à convaincre.
Le staking d’ETH, un marché en plein boom
Car le staking d’Ether a le vent en poupe. Depuis le succès de la mise à jour Shanghai en avril, qui a permis le retrait des ETH stakés, les montants misés explosent. Pas moins de 23 millions d’ETH sont désormais immobilisés, pour une valeur de plus de 50 milliards de dollars !
Un engouement porté par le développement des solutions de staking liquide comme Lido ou Rocket Pool. Ces protocoles permettent de staker ses ETH tout en conservant de la liquidité, grâce à des jetons qui représentent les ETH immobilisés. Une flexibilité très appréciée, qui a propulsé Lido en tête des protocoles DeFi, avec une valeur verrouillée dépassant les 20 milliards de dollars.
Les clés du succès du staking sur Ethereum
- La possibilité de générer des rendements passifs attractifs, souvent supérieurs à 5% par an
- Le développement de solutions de staking liquide comme Lido, qui apportent flexibilité et liquidité aux ETH stakés
- L’appétit croissant des investisseurs pour des produits d’investissement combinant exposition à l’ETH et rendements additionnels
La SEC va-t-elle donner son accord ?
Toute la question est maintenant de savoir si le gendarme boursier américain, connu pour sa fermeté envers les crypto-actifs, donnera son aval à cette demande novatrice. Jusqu’à présent, la SEC s’était montrée inflexible sur le sujet du staking dans les produits régulés, y voyant un risque juridique et opérationnel trop élevé.
Mais le vent pourrait tourner avec l’arrivée d’une nouvelle direction à sa tête, plus ouverte à l’innovation et moins dogmatique. 21Shares en tout cas y croit, et met tout en oeuvre pour rassurer le régulateur, en s’engageant à garder suffisamment de liquidités disponibles pour les rachats et en se dédouanant de toute promesse de rendement.
Si la SEC donne son feu vert, nul doute que d’autres gestionnaires lui emboîteront le pas. Une perspective qui pourrait doper l’adoption des ETF crypto et apporter au marché des cryptomonnaies ce petit supplément d’âme qui lui manquait encore pour convaincre le grand public. Affaire à suivre de près donc dans les prochaines semaines !
