Le marché des cryptomonnaies n’en finit pas de nous surprendre, oscillant entre innovations révolutionnaires et dérives spéculatives. Le dernier épisode en date ? L’histoire rocambolesque du memecoin GREED, lancé puis saboté par son propre créateur, Dave Portnoy, fondateur du blog sportif Barstool Sports. Une opération financière juteuse ou une critique en acte des excès du marché ? Décryptage.
Le memecoin GREED, du lancement au crash
Tout commence quand Dave Portnoy annonce le lancement de son propre memecoin, sobrement baptisé GREED (cupidité en anglais), sur la blockchain Solana. Jusque-là, rien d’inhabituel dans cet univers où les nouveaux tokens fleurissent chaque jour. Mais les choses prennent vite une autre tournure.
En effet, peu après le lancement, Portnoy, qui détenait à lui seul plus de 35% de l’offre totale, revend l’intégralité de ses jetons en une seule transaction. Résultat immédiat : le cours de GREED s’effondre de 99%. Un véritable rug pull (retrait de tapis) qui laisse les investisseurs sur le carreau, pendant que Portnoy empoche 258 000 dollars au passage.
Dave Portnoy a créé Greed et acheté 35,79 % de l’offre totale. Il a vendu la totalité de ces 357,92 millions de dollars en une seule transaction, provoquant une chute de 99 % de son prix. Cela lui a permis d’empocher 258 000 $.
Lookonchain
GREED2, la provocation continue
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Dans la foulée, Portnoy remet ça avec un second memecoin, GREED2. Il en acquiert 26,82% de l’offre totale et lance une intense campagne de promotion sur les réseaux sociaux, défiant ouvertement la communauté :
Vous êtes tous cupides. Admettez-le au moins. Je ne vous baiserai pas, mais le gars à côté de vous le fera peut-être. Ce jeton commémore cela. Ne risquez pas plus que ce que vous pouvez perdre. Ne pleurez pas si vous perdez. C’est le monde que vous avez créé. Maintenant, dansez pour moi !
Dave Portnoy
Une provocation en bonne et due forme, qui soulève de nombreuses questions. Portnoy est-il un génie du marketing qui surfe sur la vague des memecoins ? Un trader sans scrupule qui manipule le marché ? Ou un observateur cynique qui dénonce, à sa façon, les travers de cet écosystème ?
Une critique en acte des dérives du marché ?
Au-delà de l’opération financière, certains y voient une forme de commentaire social, une mise en abyme des excès et de l’irrationalité qui caractérisent souvent le marché des cryptomonnaies. En nommant son jeton GREED et en orchestrant son effondrement, Portnoy semble mettre en scène la cupidité et la naïveté des investisseurs, prêts à se ruer sur le dernier memecoin à la mode sans considération pour les fondamentaux.
Les questions que soulève l’affaire GREED :
- Les memecoins sont-ils des investissements légitimes ou de purs paris spéculatifs ?
- Quelle responsabilité pour les influenceurs qui lancent et promeuvent ces jetons ?
- Comment réguler ce marché sans brider l’innovation ?
Une chose est sûre, cette histoire rocambolesque est symptomatique d’un marché encore jeune et en quête de maturité, où l’engouement pour les nouvelles technologies se mêle parfois à une spéculation effrénée. Elle rappelle aussi l’importance d’une éducation financière solide et d’une régulation adaptée pour protéger les investisseurs sans pour autant étouffer l’innovation.
Car au-delà des polémiques et des coups d’éclat, la technologie blockchain et les crypto-actifs ont un potentiel réel pour transformer en profondeur nos économies et nos sociétés. À condition de ne pas se laisser aveugler par le miroir aux alouettes des gains faciles et de garder le cap sur les projets à réelle valeur ajoutée.
L’épisode GREED restera sans doute comme un cas d’école dans l’histoire encore brève mais déjà mouvementée des cryptomonnaies. Une fable moderne sur la cupidité, l’engouement irrationnel et la nécessité d’un écosystème plus transparent et plus mature. Le marché n’en a sans doute pas fini de nous surprendre, mais gageons qu’il saura aussi tirer les leçons de ses propres excès.
