Lorsqu’on évoque l’univers des cryptomonnaies, on imagine souvent des investisseurs avertis ou des technophiles passionnés. Pourtant, une nouvelle étude américaine vient bousculer ces présupposés. Selon un rapport de l’Office of Financial Research, organisme dépendant du Département du Trésor des États-Unis, les ménages à faibles revenus ayant investi en crypto voient leur taux d’endettement grimper en flèche, en particulier à cause de prêts immobiliers. Une situation qui pourrait fragiliser l’économie si elle perdurait.

Quand les gains en crypto poussent les ménages modestes à emprunter plus

L’étude s’est penchée sur les données fiscales des foyers gagnant moins de 50 000 dollars par an. En croisant ces informations avec les zones géographiques ayant connu plus de 6% de déclarations d’événements fiscaux liés aux cryptomonnaies (signalant donc des prises de bénéfices), un constat surprenant est apparu. Dans ces régions “crypto-friendy” et à faibles revenus, le taux d’accession à la propriété via l’emprunt a bondi.

Chez ces ménages modestes, le solde hypothécaire moyen est ainsi passé de 172 000 dollars en 2020 à 443 000 en 2024. Les chercheurs expliquent ce phénomène par l’utilisation des gains en crypto pour constituer un apport et emprunter davantage. Le souci, c’est que le ratio dette/revenu de ces foyers dépasse alors nettement les niveaux recommandés.

L’augmentation des emprunts est particulièrement frappante parmi les ménages à faibles revenus dans les zones à forte exposition aux cryptomonnaies.

Samuel Hughes, Francisco Ilabaca, Jacob Lockwood, et Kevin Zhao, chercheurs à l’Office of Financial Research

Des risques économiques en cas de retournement de situation

Si pour l’instant, le taux de défaut sur ces prêts reste stable, les auteurs de l’étude pointent les dangers potentiels de ce surendettement. En cas de détérioration des conditions économiques, ces ménages vulnérables pourraient rapidement se retrouver en difficulté pour rembourser. Un scénario qui mettrait alors en péril les institutions financières ayant accordé ces crédits.

Face à ce risque systémique, le rapport appelle les régulateurs à la vigilance. Si le phénomène venait à s’amplifier, des mesures devraient être prises pour éviter une contagion à l’ensemble de l’économie. Un défi de taille à l’heure où l’adoption des cryptomonnaies ne cesse de progresser, y compris chez les populations plus fragiles financièrement.

Les points clés de l’étude :

  • Les ménages modestes investissant en crypto voient leur endettement immobilier grimper
  • Le solde hypothécaire moyen est passé de 172 000 $ en 2020 à 443 000 $ en 2024
  • Aucun signe de détresse financière immédiate mais des risques à surveiller
  • Un défaut massif pourrait mettre en péril les institutions de crédit

Un paradoxe de l’inclusion financière par les crypto-actifs ?

Cette étude met en lumière un paradoxe troublant. Alors que les cryptomonnaies sont souvent présentées comme un vecteur d’inclusion financière pour les populations exclues du système bancaire traditionnel, elles semblent ici aggraver la précarité de certains ménages. En leur donnant accès à des montants d’emprunts plus importants sans forcément prendre en compte leur capacité de remboursement à long terme.

Un problème qui touche particulièrement les États-Unis où l’endettement, que ce soit au niveau des ménages ou au niveau fédéral, atteint des niveaux records. La nouvelle administration Biden-Trump saura-t-elle infléchir la tendance ? Réponse dans les prochains mois. Une chose est sûre, l’économie américaine joue une partition complexe où se mêlent cryptomonnaies, immobilier et dette, le tout sur fond d’inégalités sociales persistantes.

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