Imaginez un monde où Bitcoin ne fait plus de -80 % tous les quatre ans. Un monde où les bear markets dévastateurs appartiennent au passé. C’est exactement la vision que Cathie Wood, la célèbre CEO d’ARK Invest, commence à défendre publiquement. Et quand Cathie parle, le marché écoute.
Cathie Wood enterre le cycle de 4 ans du Bitcoin
Le 10 décembre 2025, lors d’une interview sur Fox Business, Cathie Wood a déclaré sans détour que l’arrivée massive des investisseurs institutionnels pourrait « perturber » – voire mettre fin – au cycle historique de quatre ans que tout le monde connaît par cœur dans la cryptosphère.
« La volatilité diminue. Nous pensons que l’intérêt des institutions pour cette nouvelle classe d’actifs va empêcher une baisse plus importante. Nous avons peut-être déjà touché le point bas il y a quelques semaines. »
Cathie Wood – CEO d’ARK Invest
Des mots lourds de sens. Car si elle a raison, nous ne vivons plus simplement un bull run classique post-halving… nous assistons à la naissance d’une toute nouvelle ère pour Bitcoin.
Rappel : qu’est-ce que le cycle de 4 ans ?
Depuis 2011, Bitcoin a toujours suivi un schéma presque magique :
- Année du halving → accumulation discrète
- Année post-halving → explosion parabolique (+1000 % à +10 000 %)
- Année 2 après halving → euphorie, ATH, distribution
- Année 3 après halving → bear market violent (-80 à -95 %)
Ce rythme était si fiable qu’on l’appelait « la loi » dans le milieu. Les traders programment leurs stratégies dessus. Les mineurs planifient leurs investissements dessus. Des milliers de carrières ont été bâties (et détruites) sur cette certitude.
Mais en 2025, quelque chose cloche. Nous sommes censés être en pleine phase haussière post-halving d’avril 2024… pourtant le prix stagne autour des 90-100k $ depuis des mois, avec des corrections qui paraissent « trop faibles » par rapport à l’histoire.
Pourquoi les institutionnels changent tout
Depuis janvier 2024 et l’approbation des ETF Bitcoin spot aux États-Unis, plus de 1,2 million de BTC ont été absorbés par BlackRock, Fidelity, ARK et les autres. Soit environ 6 % de l’offre totale. Et ce n’est que le début.
Les chiffres qui font mal à la théorie du cycle classique :
- BlackRock détient déjà plus de 780 000 BTC (décembre 2025)
- Les ETF Bitcoin spot ont enregistré +56 milliards $ d’entrées nettes en 2025
- Plus de 120 entreprises cotées ont désormais Bitcoin dans leur trésorerie (stratégie DAT)
- Les sorties des mineurs post-halving ont été absorbées en moins de 4 mois au lieu de 18 historiquement
Ces acteurs n’ont pas le même comportement que les retail de 2017 ou 2021. Ils ne paniquent pas à la première correction de 30 %. Ils ont des mandats à long terme, des modèles d’allocation 1-5 % en Bitcoin, et surtout… ils continuent d’acheter sur les dips.
Bitcoin devient un actif « risk-on » mature
Cathie Wood le dit clairement : Bitcoin se comporte aujourd’hui majoritairement comme un actif risk-on, c’est-à-dire corrélé aux actions technologiques et à l’appétit pour le risque global. Fini l’image du « or numérique » totalement décorrélé.
Pourtant, elle reconnaît que Bitcoin a parfois joué le rôle d’actif refuge (crise SVB en 2023). Mais selon elle, le vrai refuge reste… l’or physique. Bitcoin, lui, est devenu une sorte de « super-action » : sensible à la liquidité mondiale, aux taux d’intérêt, et à la croissance.
Conséquence directe : les mouvements de Bitcoin ressemblent de plus en plus à ceux du Nasdaq qu’à ceux de l’or. Et quand le Nasdaq fait +150 % sur quatre ans au lieu de -80 % / +1000 %, Bitcoin risque de suivre la même tendance amortie.
Grayscale rejoint Cathie Wood sur cette analyse
ARK Invest n’est pas seul. Grayscale, le plus gros gestionnaire d’actifs crypto institutionnel, a publié en novembre 2025 un rapport intitulé « The End of the Four-Year Cycle ». Leurs arguments :
- La demande institutionnelle est devenue structurelle, pas cyclique
- Les ETF créent un flux d’achat constant (dollar-cost averaging géant)
- Les entreprises adoptant Bitcoin comme trésorerie (MicroStrategy et les 200+ followers) créent une demande incompressible
- La corrélation avec les marchés actions dépasse désormais 0,7 sur 90 jours glissants
Et si c’était un super-cycle permanent ?
Beaucoup d’analystes parlent désormais de super-cycle. Pas une explosion parabolique suivie d’un crash, mais une ascension régulière, en escalier, avec des corrections de 30-40 % maximum, comme les grandes techs américaines entre 2010 et 2020.
Dans ce scénario, Bitcoin pourrait :
- Atteindre 150 000 – 200 000 $ d’ici fin 2026
- Continuer à grimper progressivement jusqu’à 500 000 – 1 million $ d’ici 2030
- Ne plus jamais revoir les 20 000 $ ou 30 000 $
Est-ce réaliste ? L’histoire dit non. Mais l’histoire n’avait jamais vu 50 milliards de dollars institutionnels entrer en moins de deux ans.
Les contre-arguments : attention à l’excès d’optimisme
Tous les analystes ne sont pas d’accord. Certains, comme Benjamin Cowen ou Willy Woo, rappellent que :
- La dominance Bitcoin est encore élevée (57 %), signe que le cycle n’est pas terminé
- Les indicateurs macro (liquidité mondiale, balance sheet Fed) restent cycliques
- Les institutionnels peuvent aussi vendre en masse en cas de récession
- Le halving 2028 arrivera quand même et réduira encore l’offre neuve
De plus, rien ne garantit que les ETF continueront d’acheter éternellement. Un changement de politique monétaire ou une crise bancaire pourrait tout faire basculer.
Ce que cela change pour votre stratégie d’investissement
Si Cathie Wood a raison, les anciennes stratégies « buy the dip à -80 % » ne fonctionneront plus. Les opportunités d’achat à prix cassé deviendront rares. À la place :
- Privilégier le DCA (dollar-cost averaging) régulier
- Ne plus attendre « le » gros dip qui ne viendra peut-être jamais
- Considérer Bitcoin comme un actif de croissance long terme, pas un trade cyclique
- Se préparer à des corrections de 30-40 % maximum, pas plus
En résumé, passer d’une mentalité de trader crypto à celle d’investisseur actions growth.
Conclusion : nous vivons un tournant historique
Que Cathie Wood ait raison ou tort, une chose est certaine : Bitcoin n’est plus le même qu’en 2021. L’arrivée des institutionnels, des ETF, des entreprises cotées et des États (Texas, New Hampshire, etc.) change fondamentalement la donne.
Le cycle de 4 ans n’est peut-être pas mort. Mais il est clairement en train de muter. Vers un modèle plus mature, plus stable, et – osons le mot – plus ennuyeux pour les amateurs de montagnes russes.
Et si c’était ça, la vraie victoire de Bitcoin ? Devenir enfin l’actif sérieux que les institutionnels attendaient pour y mettre des milliards.
L’avenir nous le dira. Mais une chose est sûre : 2026 s’annonce passionnant.
