Alors que le paysage politique français traverse une zone de turbulences suite aux élections européennes et à la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, un acteur inattendu reste de marbre face à cette agitation : Bitcoin. La star incontestée des cryptomonnaies n’a en effet pas cillé malgré le séisme qui secoue l’Hexagone. Mais comment expliquer une telle impassibilité du BTC et du marché crypto en général ? Décryptage.
Quand la politique française fait tanguer la bourse mais épargne Bitcoin
Les élections européennes du 9 juin 2024 ont sonné comme un désaveu cinglant pour le parti présidentiel Renaissance, largement devancé par le Rassemblement National. Face à cet échec cuisant, Emmanuel Macron a dégainé une arme institutionnelle : la dissolution de l’Assemblée nationale. Si les dernières élections législatives anticipées remontent à 1997 sous Jacques Chirac, les conséquences sur les marchés financiers ont été immédiates.
Dès l’ouverture de la bourse de Paris ce lundi 10 juin, le CAC40 dévissait de près de 2%, plombé par la chute des valeurs bancaires comme Société Générale et BNP Paribas. Mais pendant que les actions tricolores prenaient l’eau, Bitcoin conservait son cap sans se laisser dérouter par la politique politicienne. Preuve que le roi des cryptos n’a que faire des soubresauts hexagonaux et garde le cap vers des horizons qui le dépassent.
Le marché crypto davantage influencé par la macroéconomie mondiale
Si Bitcoin n’a pas réagi aux remous politiques français, ce n’est pas pour autant qu’il est resté de glace en cette fin de semaine. Vendredi 7 juin, le BTC a ainsi lâché du lest en repassant sous la barre des 70 000 dollars, suite à la publication de chiffres sur l’emploi américain bien supérieurs aux attentes. Une statistique positive en soi mais qui éloigne la perspective d’un assouplissement monétaire de la Fed.
Car c’est bien là que réside le nerf de la guerre pour Bitcoin et les crypto-actifs : les décisions des grandes banques centrales, et en premier lieu de la Réserve fédérale américaine. Après un cycle de hausses des taux destiné à enrayer l’inflation, une détente monétaire se profile mais reste suspendue aux indicateurs économiques comme l’emploi et les prix à la consommation. Des statistiques qui rythment l’agenda des marchés financiers et par ricochet des cryptos.
L’indice des prix à la consommation US, prochain juge de paix pour les cryptos
Hasard du calendrier, c’est justement ce mercredi 12 juin que sera publié le très attendu indice des prix à la consommation (CPI) aux États-Unis pour le mois de mai. Un chiffre scruté de près par la Fed et les investisseurs du monde entier pour jauger de la trajectoire de l’inflation, et in fine de l’évolution des taux directeurs.
Si le CPI confirme le reflux de la hausse des prix, la banque centrale américaine pourrait entrouvrir la porte à une baisse des taux dans les prochains mois. Une perspective qui fait saliver les marchés actions mais aussi cryptos, très sensibles aux conditions de financement. Une hausse pourrait au contraire doucher les espoirs et prolonger la phase de consolidation actuelle.
Bitcoin, un actif résilient et décorrélé de la politique ?
Au-delà de ces échéances macroéconomiques déterminantes pour leur avenir immédiat, les crypto-actifs démontrent en tout cas leur capacité à résister aux aléas politiques d’un pays en particulier, fût-il la 6e puissance mondiale comme la France. Une indépendance symbolisée par Bitcoin, monnaie décentralisée et régie par les lois inaltérables de la blockchain.
Malgré les remous et incertitudes sur la scène politique hexagonale, le roi des cryptos trace sa route avec flegme, les yeux rivés sur des déterminants globaux. Une forme de résilience et de maturité pour cet actif non-souverain et détaché des frontières. Alors que l’avenir à court terme du paysage politique français s’obscurcit, celui de Bitcoin semble plus que jamais entre les mains des forces économiques mondiales.
Il n’empêche que ce climat d’incertitude pèse sur la dynamique des marchés et pourrait retarder le retour d’un franc appétit pour le risque, dont Bitcoin et les altcoins auraient besoin pour renouer avec leur gloire passée. Car même s’il affiche une résistance de façade, le BTC n’en reste pas moins suspendu aux grandes tendances macroéconomiques et au calendrier de la Fed. Loin, très loin, des batailles électorales et politiciennes du microcosme français.