Imaginez-vous connecter à votre exchange préféré un matin tranquille, prêt à prendre position sur Bitcoin… et tomber sur une page d’erreur 404. Plus rien. Bloqué. C’est exactement ce qui vient d’arriver à des milliers de Biélorusses ce 11 décembre 2025.

Le président Alexandre Loukachenko a signé un décret qui change radicalement la donne : l’achat et la vente de cryptomonnaies via des plateformes étrangères sont désormais strictement interdits pour tous les résidents du pays, et en particulier ceux du célèbre High Technology Park (HTP) de Minsk, le « Silicon Valley » biélorusse.

Un virage à 180° pour le pays qui voulait être la « Crypto Valley » d’Europe de l’Est

Il y a encore quelques années, le Bélarus faisait figure de paradis crypto. En 2017, le décret « Sur le développement de l’économie numérique » avait légalisé les ICO, les smart contracts et accordé des avantages fiscaux énormes jusqu’en 2049 aux entreprises du HTP. Des géants comme EPAM ou des pools de minage s’y étaient installés en masse.

Aujourd’hui, le même Loukachenko signe l’arrêt de mort de la liberté crypto pour les particuliers et les entreprises du parc technologique. Ironie du sort ? Probablement pas.

« Cette mesure vise à protéger les citoyens biélorusses contre la fraude et à empêcher la sortie illégale de devises étrangères du pays. »

Communiqué officiel du gouvernement biélorusse – 11 décembre 2025

Que s’est-il passé concrètement ce 11 décembre 2025 ?

Plusieurs sources concordantes (médias locaux et témoignages d’utilisateurs) confirment que les principaux exchanges centralisés internationaux sont devenus inaccessibles depuis les adresses IP biélorusses :

  • Bybit → bloqué
  • OKX → bloqué
  • Bitget → bloqué
  • KuCoin, Gate.io, MEXC → même sentence
  • Binance → partiellement bloqué (certaines pages passent encore… pour l’instant)

Seules les plateformes enregistrées localement auprès de l’administration du HTP restent opérationnelles. On parle notamment de Currency.com (déjà régulée depuis 2019) et de quelques acteurs mineurs.

Pourquoi maintenant ? Les vraies raisons derrière le décret

Officiellement, le gouvernement invoque deux motifs :

  • La protection des consommateurs contre les arnaques
  • La lutte contre la fuite de capitaux et le blanchiment

Mais en creusant un peu, on sent d’autres motivations bien plus politiques et économiques.

Le Bélarus traverse une crise économique profonde depuis 2020 : inflation galopante, sanctions occidentales renforcées, rouble biélorusse en chute libre. Dans ce contexte, les cryptomonnaies sont devenues une porte de sortie massive pour les citoyens qui veulent protéger leur épargne.

En 2024 déjà, la Banque nationale estimait que plus de 1,2 milliard de dollars en crypto avaient quitté le pays via des exchanges étrangers. Autant de devises fortes qui ne reviennent plus dans le circuit officiel.

Le vrai objectif semble clair : reprendre le contrôle total des flux financiers en cryptomonnaies.

En forçant tout le monde à passer par des plateformes nationales, l’État peut :

  • Surveiller chaque transaction en temps réel
  • Imposer des taxes automatiques à la source si besoin
  • Bloquer instantanément tout portefeuille suspect
  • Récupérer des données KYC complètes sur toute la population crypto-active

Les DEX et les VPN : les seules portes de sortie restantes ?

Le décret reste étrangement silencieux sur les exchanges décentralisés. Uniswap, PancakeSwap, Raydium ou 1inch ne sont pas mentionnés. Techniquement, rien n’empêche un Biélorusse de swapper ses USDT contre du BTC sur un DEX via son wallet Metamask ou Trust Wallet.

Mais il y a un énorme « mais » : la conversion vers ou depuis le rouble biélorusse (BYN). Les ramps fiat locaux risquent de se retrouver sous pression pour refuser les virements venant de wallets non-KYC.

Quant aux VPN… oui, ils permettent de contourner le blocage IP. Mais utiliser un VPN pour accéder à un exchange étranger devient désormais un délit explicite. Les sanctions peuvent aller jusqu’à 5 ans de prison en cas de « fraude aggravée ».

Comparaison avec les voisins : Russie, Ukraine, Kazakhstan

Le Bélarus n’est pas seul à serrer la vis, mais il va beaucoup plus loin que ses voisins :

  • Russie → Autorise les exchanges étrangers avec KYC, légalise le minage, expérimente le rouble numérique
  • Ukraine → Loi très libérale depuis 2022, exchanges étrangers pleinement autorisés
  • Kazakhstan → Paradise du minage mais régulation stricte des exchanges locaux uniquement

Le Bélarus se place donc dans le camp le plus autoritaire d’Europe de l’Est en matière de crypto.

Conséquences immédiates pour les Biélorusses

Des milliers d’utilisateurs se retrouvent coincés :

  • Ceux qui ont des fonds sur Bybit ou OKX ne peuvent plus se connecter sans VPN (risqué)
  • Les traders actifs migrent en urgence vers Currency.com ou vers des DEX
  • Les entreprises du HTP qui utilisaient Binance pour payer des freelances étrangers sont dans l’embarras
  • Le volume de P2P (LocalBitcoins, Bybit P2P, etc.) explose littéralement depuis 24h

Sur Telegram, les groupes biélorusses crypto bruissent de colère et d’incrédulité. Beaucoup parlent déjà de quitter le pays ou de déplacer leurs activités en Pologne ou en Lituanie.

Et Bitcoin dans tout ça ?

Paradoxalement, cette mesure renforce l’argument principal de Bitcoin : not your keys, not your coins.

Ceux qui détiennent leurs BTC en self-custody (Ledger, Trezor, wallet papier) ne sont pas affectés pour leurs avoirs. Ils peuvent continuer à recevoir ou envoyer du Bitcoin partout dans le monde. Le problème n’est « que » l’entrée et la sortie en monnaie fiat.

Cette affaire rappelle brutalement que tant que vous dépendez d’un exchange centralisé, vous êtes à la merci d’un décret signé un matin à Minsk… ou à Washington, Pékin, ou Bruxelles.

Que faut-il retenir de cette actualité brûlante ?

En résumé :

  • Le Bélarus interdit l’accès aux exchanges crypto étrangers → effet immédiat
  • Seules les plateformes nationales (Currency.com et assimilées) restent légales
  • Les DEX ne sont pas (encore ?) concernés
  • Les VPN sont risqués et peuvent mener à des poursuites
  • Mesure motivée par le contrôle des capitaux plus que par la protection des consommateurs
  • Nouveau rappel brutal de l’importance du self-custody

Le futur nous dira si cette interdiction restera lettre morte (comme au Nigeria ou au Venezuela) ou si elle sera appliquée avec la dernière rigueur. Une chose est sûre : en 2025, la guerre entre États et cryptomonnaies décentralisées entre dans une phase plus dure que jamais.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Allez-vous renforcer votre self-custody après cette nouvelle ? Les commentaires sont ouverts.

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Passionné et dévoué, je navigue sans relâche à travers les nouvelles frontières de la blockchain et des cryptomonnaies. Pour explorer les opportunités de partenariat, contactez-nous.

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