Imaginez la scène : vous ouvrez votre application Banque Populaire un lundi matin de décembre 2025 et, comme par magie, un onglet « Cryptomonnaies » apparaît à côté de votre Livret A. Bitcoin, Ethereum, Solana… tout est là, à portée de clic. Ce qui était absolument impensable il y a encore deux ans devient réalité. Les mêmes banques qui vous bloquaient les virements vers Coinbase ou Kraken il y a 24 mois vous invitent maintenant à investir dans le grand huit numérique. Drôle de retournement de veste, non ?

Quand les banques françaises passent enfin à l’offensive crypto

Le 8 décembre 2025, le groupe BPCE (Banque Populaire Caisse d’Épargne) a officiellement lancé son service d’achat et de conservation de cryptomonnaies via sa nouvelle filiale Hexarq. Quatre caisses régionales ouvrent le bal, soit déjà plus de deux millions de clients concernés. L’objectif affiché : proposer l’offre à l’ensemble des 30 millions de sociétaires d’ici fin 2026.

Sur le papier, c’est une révolution. Le grand public français, souvent effrayé par les wallets et les exchanges étrangers, va pouvoir acheter du Bitcoin aussi simplement qu’il fait un virement SEPA. C’est exactement ce que les défenseurs de l’adoption massive réclamaient depuis des années : une porte d’entrée légitime, encadrée, en français et avec un service client joignable au 36 39.

Mais quand on gratte le vernis, la réalité est bien moins reluisante.

Les frais qui transforment l’or numérique en plomb

Commençons par le nerf de la guerre : les coûts. L’offre Hexarq est construite ainsi :

  • 1,5 % de frais à l’achat
  • 1,5 % de frais à la revente
  • Un abonnement mensuel obligatoire de 2,99 € pour accéder au service

Faisons le calcul ensemble. Vous investissez 10 000 € dans du Bitcoin le jour J.

Perte immédiate : 150 € de frais d’entrée

Après 12 mois sans toucher à rien : + 35,88 € d’abonnement (2,99 × 12)

Total amputé avant même la moindre variation de cours : 185,88 € soit -1,86 % la première année

Et si vous revendez avec +20 % de gains ? Les 1,5 % de sortie vous reprendront 240 € sur vos 2 000 € de plus-value. Bilan net : vous partez avec un handicap colossal.

À titre de comparaison, sur une plateforme comme Kraken Pro ou Coinbase Advanced, les frais maker/taker tournent autour de 0,16 % maximum. Et sur un exchange décentralisé type Uniswap V3 avec optimisation gas, on descend souvent sous les 0,3 % tout compris.

Vous n’êtes pas propriétaire… vous êtes créancier

Le deuxième coup de massue, et pas des moindres : vous n’avez pas les clés privées. Vos Bitcoin, Ethereum ou Solana sont détenus par la banque dans des portefeuilles custodiaux. En langage crypto pur et dur : Not your keys, not your coins.

« Vous avez une simple créance sur l’établissement, exactement comme votre argent sur un compte courant. Si la banque fait faillite ou gèle les retraits (remember Silicon Valley Bank ?), vous êtes dans la file des créanciers ordinaires. »

Un avocat spécialisé en droit bancaire, décembre 2025

En clair, vous payez une fortune pour posséder… du Bitcoin papier. Exactement ce que les maximalistes dénoncent depuis 2009.

Le piège fiscal qui se profile

Et comme une mauvaise nouvelle n’arrive jamais seule, la France peaufine actuellement un projet de taxation des « actifs improductifs ». Traduction : tout ce qui ne génère pas de rendement (actions à dividendes, obligations, immobilier locatif…) pourrait être surtaxé dans les années à venir.

En achetant du Bitcoin via votre banque, vous détenez précisément un actif improductif : il ne stake pas, il ne génère ni intérêt ni dividendes. Vous êtes donc dans le collimateur parfait du fisc.

À l’inverse, les stablecoins (USDC, EURC…) ou les stratégies de yield DeFi permettent de générer entre 5 et 25 % par an selon le risque pris. Là, vous échappez potentiellement à cette nouvelle taxe en prouvant que votre capital « travaille ».

Pourquoi les banques font-elles ça maintenant ?

La réponse est simple : elles n’ont plus le choix. BlackRock, Fidelity, les ETF spot Bitcoin et Ethereum aux États-Unis, les annonces de tokenisation massive… le train est parti. Refuser encore la crypto, c’est risquer de perdre toute une génération de clients qui transfèrent déjà massivement leurs avoirs vers Revolut, Trade Republic ou N26.

Le calcul est froid : mieux vaut prendre 3 % de marge sur les flux crypto que 0 % parce que le client est parti ailleurs.

L’alternative qui fait mal aux banques

Pendant que le grand public va joyeusement se faire tondre à 3 % + abonnement, une minorité d’investisseurs utilise déjà la voie royale : la finance décentralisée.

Exemple concret avec 10 000 € :

  • Voie BPCE/Hexarq : -186 € la première année + 0 rendement
  • Voie DeFi prudente (stablecoins + liquid staking) : entre +600 € et +2 000 € de rendement annuel (6-20 %) après frais de gas

La différence est brutale. Et pourtant, la complexité perçue reste le principal frein. C’est précisément là que se joue la bataille des prochaines années.

Vers une guerre des interfaces

Les banques misent tout sur la simplicité d’usage. Un clic = achat de Bitcoin. Point. Mais les wallets nouvelle génération (Rainbow, Zerion, Rabby) et les super-apps DeFi (comme OKX Wallet ou Trust Wallet avec intégration 1inch) réduisent l’écart à une vitesse folle.

Aujourd’hui, ouvrir un wallet, acheter via carte bancaire, puis placer en yield farming prend moins de 10 minutes pour quelqu’un de motivé. Demain, ce sera 2 minutes.

Les banques ont une fenêtre de tir extrêmement courte.

Ce que cela signifie pour vous, concrètement

Si vous débutez totalement : l’offre BPCE peut être une première marche acceptable pour mettre un orteil dans l’eau (à condition d’en sortir très vite).

Si vous avez déjà un peu d’expérience : fuyez cette offre comme la peste. Les frais sont criminels et vous perdez la souveraineté de vos actifs.

Si vous voulez vraiment profiter de la révolution : prenez le temps d’apprendre à détenir vos clés et à générer du rendement. Une heure par mois suffit pour battre n’importe quel Livret A boosté.

L’arrivée des grandes banques dans la crypto est une formidable nouvelle. Elle valide définitivement l’actif classe. Mais elle pose aussi une question brutale : allez-vous rester un client captif qui paie pour regarder son capital dormir, ou allez-vous prendre le contrôle total de votre patrimoine numérique ?

En 2025, il n’y a plus d’excuse technique. Il n’y a plus que des choix.

Et vous, de quel côté de l’histoire voulez-vous être ?

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Passionné et dévoué, je navigue sans relâche à travers les nouvelles frontières de la blockchain et des cryptomonnaies. Pour explorer les opportunités de partenariat, contactez-nous.

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