Imaginez-vous en juillet 2015. Vous achetez 40 000 ETH à 0,30 dollar pièce. Vous payez 12 000 dollars, vous fermez votre portefeuille et… vous oubliez tout pendant dix ans. Quand vous revenez, votre solde dépasse les 120 millions de dollars. La plupart vendraient immédiatement. Mais pas cette mystérieuse baleine. Elle vient de tout staker. Tout.

Cette histoire, repérée le 30 novembre 2025 par Lookonchain, fait le tour de la cryptosphère. Et elle dit beaucoup plus sur l’état actuel d’Ethereum que n’importe quelle analyse technique.

Quand une baleine de la première heure refuse de prendre ses profits

Le 30 novembre, une adresse inactive depuis le jour du genesis block a bougé pour la première fois depuis dix ans. Les 40 000 ETH, reçus directement lors de l’ICO, n’avaient jamais été touchés. Pas une seule transaction sortante. Même pas pour payer les frais de gas en 2017 ou 2021.

Et là, au lieu de transférer vers Binance ou Coinbase pour encaisser, l’adresse a déposé l’intégralité des fonds dans le contrat de staking de la Beacon Chain. 40 000 ETH verrouillés, probablement pour des années.

Ce choix est d’autant plus marquant que d’autres baleines historiques ont récemment fait l’exact contraire : une autre adresse ICO a vendu pour 60 millions de dollars il y a quelques jours seulement.

« Quand une baleine de 2015 stake tout au lieu de vendre, c’est l’équivalent d’un investisseur Amazon de 1997 qui refuserait de prendre ses gains sur les actions. »

Observation anonyme sur Crypto Twitter

Que nous apprend ce mouvement sur la confiance des anciens ?

Les participants à l’ICO d’Ethereum ont une particularité unique : ils ont cru au projet quand Vitalik Buterin n’était encore qu’un jeune développeur de 21 ans qui écrivait des articles sur Bitcoin Magazine. Ils ont cru quand le whitepaper promettait « un ordinateur mondial » alors que personne ne savait encore ce qu’était un smart contract.

Dix ans plus tard, ceux qui n’ont jamais vendu sont une espèce en voie de disparition. Mais ceux qui restent semblent plus convaincus que jamais.

Pourquoi staker plutôt que vendre ? Trois hypothèses sérieuses :

  • Conviction absolue dans la roadmap à long terme (Dencun, Pectra, Osaka-Fulu)
  • Optimisation fiscale : le staking n’est pas (encore) un événement imposable dans de nombreux pays
  • Volonté de participer activement à la sécurité du réseau plutôt que de spéculer

La concentration de l’ETH atteint des niveaux historiques

Les données Glassnode mises à jour début décembre 2025 sont sans appel : les 1 % d’adresses les plus riches détiennent désormais 97,6 % de l’offre totale d’Ethereum. C’était 96,1 % il y a un an.

Derrière ce chiffre apparemment inquiétant se cache une réalité plus nuancée.

  • Le plus gros contrat (72,4 millions d’ETH) est le contrat de dépôt de la Beacon Chain lui-même
  • Les exchanges centralisés (Binance, Coinbase, Kraken…) représentent une part importante
  • Les nouveaux géants institutionnels comme BlackRock (via son ETF) détiennent déjà près de 4 millions d’ETH

En réalité, une grande partie de cette concentration est « saine » : elle correspond à des ETH stakés ou custodés pour le compte de millions d’utilisateurs.

Le staking Ethereum devient (enfin) attractif

Depuis la mise en place du retrait des fonds stakés (Shanghai/Capella en avril 2023), le staking n’est plus un aller simple. Et pourtant, la quantité d’ETH stakés n’a fait qu’augmenter : plus de 34 millions d’ETH aujourd’hui, soit près de 28 % de l’offre totale.

Le rendement réel oscille entre 3 et 4 % par an, mais plusieurs facteurs le rendent particulièrement intéressant en 2025 :

  • Le brûlage des frais (EIP-1559) rend l’ETH déflationniste quand le réseau est très utilisé
  • Les restaking protocols (EigenLayer, Symbiotic) permettent de multiplier les rendements
  • Les institutionnels (BlackRock, Fidelity) préparent des produits de staking pour le grand public

Quand une baleine de l’ICO choisit de staker plutôt que de vendre, elle parie sur un rendement composé sur dix ou vingt ans. À 3,5 % par an, 40 000 ETH deviennent 80 000 en 20 ans… sans compter l’appréciation du prix.

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