Imaginez un seul décision prise à des milliers de kilomètres qui pourrait faire exploser le prix du Bitcoin jusqu’à des niveaux inimaginables. C’est exactement ce qu’avance Arthur Hayes, l’ancien patron de BitMEX, après l’annonce choc de la Banque du Japon. Une hausse de taux qui semble anodine au premier regard pourrait, selon lui, propulser le BTC vers le million de dollars. Mais comment une politique monétaire plus restrictive peut-elle devenir le meilleur allié des cryptomonnaies ?
La décision historique de la Banque du Japon qui secoue les marchés
Le 21 décembre 2025, la Banque du Japon a surpris le monde financier en relevant son taux directeur de 0,50 % à 0,75 %. Il s’agit de la plus forte augmentation en trois décennies. Dans un contexte où la plupart des grandes banques centrales assouplissent leur politique pour soutenir la croissance, le Japon choisit la voie opposée.
Cette décision répond à des problématiques internes spécifiques : inflation persistante, nécessité de normaliser une politique monétaire ultra-accommodante maintenue depuis des années, et volonté de soutenir le yen qui s’était fortement déprécié. Mais ses répercussions dépassent largement les frontières nippones.
Les marchés traditionnels ont immédiatement réagi. Les indices boursiers asiatiques ont chuté, tandis que le yen s’est légèrement apprécié face au dollar. Pourtant, dans le monde des cryptomonnaies, certains y voient au contraire un signal extrêmement haussier.
Arthur Hayes ne mâche pas ses mots
Peu après l’annonce, Arthur Hayes a publié un message sans équivoque sur X. L’ancien dirigeant de BitMEX, connu pour ses prises de position audacieuses, a déclaré sans détour que cette décision allait accélérer la dépréciation du yen et propulser Bitcoin à des sommets historiques.
« Ne vous battez pas contre la BoJ : les taux réels négatifs sont la politique explicite. JPY à 200, et BTC à 1 million. »
Arthur Hayes, cofondateur de BitMEX
Cette prédiction peut paraître extravagante. Pourtant, elle s’appuie sur une logique macroéconomique que Hayes développe depuis plusieurs mois. Pour lui, même avec une hausse nominale des taux, les taux réels restent profondément négatifs au Japon en raison d’une inflation supérieure aux rendements offerts.
Dans ce contexte, conserver des yens devient pénalisant. Les investisseurs japonais, traditionnellement très actifs sur les marchés étrangers, pourraient accélérer leur recherche d’alternatives pour préserver leur pouvoir d’achat. Et Bitcoin apparaît comme l’une des options les plus attractives.
Le yen carry trade en pleine mutation
Depuis des années, le Japon a été la source du célèbre yen carry trade. Les investisseurs empruntaient en yens à des taux proches de zéro pour investir dans des actifs plus rentables à l’étranger : obligations américaines, actions, immobilier, et plus récemment cryptomonnaies.
La hausse des taux japonais devrait théoriquement réduire l’attractivité de cette stratégie. Moins d’argent bon marché disponible signifie moins de liquidités injectées dans les actifs risqués. C’est l’argument bearish classique que beaucoup avancent pour expliquer les corrections récentes sur Bitcoin.
Mais Arthur Hayes propose une lecture radicalement différente. Selon lui, la fin progressive du carry trade ne va pas assécher les marchés, mais rediriger les flux vers des actifs encore plus décentralisés et résistants à l’inflation.
Pourquoi le carry trade pourrait profiter à Bitcoin à long terme
- Les investisseurs japonais détiennent déjà massivement des Bitcoin via des fonds et des plateformes.
- Face à des taux réels négatifs persistants, le yen continue de perdre du valeur.
- Bitcoin devient une réserve de valeur alternative crédible pour les épargnants japonais.
- La hausse des taux nominaux reste insuffisante pour rendre les obligations japonaises attractives.
En résumé, même si le carry trade traditionnel ralentit, les capitaux japonais pourraient se reporter directement sur Bitcoin plutôt que de rentrer au pays.
Les taux réels négatifs : le vrai moteur selon Hayes
Le point central de l’argumentation d’Arthur Hayes repose sur les taux d’intérêt réels. Tant que l’inflation japonaise dépasse les rendements offerts par les obligations d’État, détenir du cash ou des titres en yen reste une perte nette.
Or, malgré la hausse à 0,75 %, les prévisions d’inflation pour 2026 au Japon restent supérieures à 1 %. Les taux réels demeurent donc négatifs. Et la Banque du Japon a clairement indiqué qu’elle ne souhaitait pas une politique trop restrictive qui risquerait de replonger l’économie en déflation.
Cette situation crée un environnement idéal pour les actifs durs comme l’or et surtout Bitcoin. Historiquement, les périodes de taux réels négatifs prolongés ont toujours été favorables aux matières premières et aux cryptomonnaies.
Bitcoin et sa corrélation avec les marchés traditionnels
Une question légitime se pose : si la hausse des taux japonais pèse sur les actifs risqués, pourquoi Bitcoin échapperait-il à la correction ? Le BTC n’a-t-il pas montré une corrélation croissante avec le Nasdaq et le S&P 500 ces derniers années ?
Effectivement, depuis l’arrivée des ETF Bitcoin spot aux États-Unis, la cryptomonnaie phare s’est comportée de plus en plus comme un actif technologique. Les corrections récentes, avec un BTC retombant sous les 90 000 dollars, illustrent parfaitement cette dynamique.
Cependant, plusieurs éléments suggèrent que cette corrélation pourrait s’atténuer à mesure que Bitcoin mûrit et attire des investisseurs cherchant spécifiquement une protection contre l’érosion monétaire.
- Les achats massifs des ETF continuent malgré les corrections.
- Les entreprises comme MicroStrategy renforcent leurs positions.
- De plus en plus de pays et institutions envisagent Bitcoin comme réserve stratégique.
- Les investisseurs japonais pourraient accentuer cette tendance de décorrélation.
À long terme, la thèse d’Arthur Hayes repose sur cette transition : Bitcoin passe progressivement d’un actif spéculatif corrélé aux marchés actions à une véritable réserve de valeur globale.
Le scénario d’un yen à 200 pour un dollar
La prédiction la plus spectaculaire d’Hayes concerne le taux de change USD/JPY. Atteindre 200 yens pour un dollar représenterait une dépréciation massive de la monnaie japonaise, niveau jamais vu depuis les années 1970.
Ce scénario repose sur l’idée que la Banque du Japon, malgré ses hausses de taux, restera contrainte par la dette colossale du pays. Une politique trop restrictive risquerait de faire exploser les coûts de refinancement de la dette publique japonaise, la plus élevée au monde en proportion du PIB.
Les autorités japonaises auraient donc tout intérêt à maintenir des taux bas en termes réels, acceptant une dépréciation progressive du yen pour relancer l’export et contenir l’inflation importée.
Les contre-arguments et les risques
Bien entendu, la thèse d’Arthur Hayes n’est pas exempte de critiques. De nombreux analystes estiment au contraire que la normalisation monétaire japonaise va renforcer la pression baissière sur les actifs risqués, Bitcoin inclus.
Si le carry trade se réduit significativement, des centaines de milliards de dollars de liquidités pourraient rentrer au Japon ou se réfugier dans des actifs plus sûrs. Cela pourrait accentuer les corrections sur les cryptomonnaies à court et moyen terme.
De plus, la corrélation actuelle entre Bitcoin et les indices actions reste élevée. Tant que les marchés américains montrent des signes de faiblesse face aux incertitudes monétaires mondiales, le BTC risque de suivre la tendance.
Facteurs qui pourraient invalider la thèse haussière
- Une hausse plus agressive que prévue des taux japonais.
- Un renforcement durable du yen freinant les sorties de capitaux.
- Une récession mondiale réduisant l’appétit pour le risque.
- Des ventes massives d’ETF Bitcoin par les institutions.
Ces risques existent bel et bien. La prudence reste de mise, surtout après les corrections observées en cette fin 2025.
Ce que nous réserve 2026
Arthur Hayes conclut son analyse en invitant les investisseurs à ne pas lutter contre la politique de la Banque du Japon. Selon lui, les autorités nippones ont fait le choix explicite de maintenir des conditions monétaires accommodantes en termes réels.
Dans ce contexte, Bitcoin pourrait bénéficier d’un afflux massif de capitaux japonais cherchant à échapper à l’érosion de leur monnaie nationale. Combiné aux achats institutionnels continus via les ETF et à l’adoption croissante comme réserve de valeur, le chemin vers des niveaux à six chiffres devient crédible.
Évidemment, le marché des cryptomonnaies reste imprévisible. Les prochains mois seront décisifs pour déterminer si la vision d’Hayes se réalise ou si les forces baissières l’emportent.
Une chose est sûre : la décision de la Banque du Japon du 21 décembre 2025 restera comme un moment charnière. Elle illustre parfaitement l’interconnexion croissante entre politiques monétaires traditionnelles et l’univers des cryptomonnaies. Bitcoin n’est plus un actif isolé. Il réagit, s’adapte et parfois profite des grandes décisions macroéconomiques mondiales.
Le million de dollars reste un objectif ambitieux, presque provocateur. Mais dans un monde où l’argent fiat continue de perdre du valeur face à l’inflation et aux dettes publiques insurmontables, les prédictions les plus folles d’hier deviennent parfois les réalités de demain.

