Le scandale de la faillite de l’exchange FTX continue de secouer l’industrie des cryptomonnaies, près de deux ans après les faits. Si l’affaire est toujours entre les mains de la justice, le processus de remboursement des créanciers avance, non sans embûches. Dernier point en date : l’amendement au plan de liquidation déposé début août 2024, qui apporte son lot de précisions, mais aussi de nouvelles interrogations. On fait le point sur les récents développements.
Les choix cruciaux des créanciers
Avant le 16 août 2024, une date butoir, les anciens clients de FTX.com doivent prendre des décisions importantes concernant leurs futurs remboursements :
- Choisir entre la procédure américaine et celle des Bahamas
- Voter pour ou contre le plan de distribution
- Décider d’engager ou non des poursuites en cas de “Claim” altéré
- Passer ou non sa réclamation en catégorie 7A (pour les détenteurs de claims 5A)
Des choix lourds de conséquences, d’autant que les informations manquent encore pour se prononcer en toute connaissance de cause. Les créanciers attendent surtout de savoir combien ils récupéreront, quand, et sous quelle forme. Des réponses encore parcellaires à ce jour.
Un amendement au plan qui soulève des questions
L’amendement au plan de liquidation déposé le 2 août était censé éclaircir la situation. Mais hormis la possibilité d’être remboursé en stablecoins pour ceux qui opteront pour la procédure américaine, le mystère reste entier. Le taux d’intérêt appliqué aux créances a été précisé, sans impact sur les montants déjà annoncés. Et des documents annexes ont été ajoutés, sans apporter de réponses concrètes aux interrogations des créanciers.
L’examinateur demande un délai, le vote maintenu
Le 5 août, un nouveau rebondissement : l’examinateur du dossier a réclamé un délai supplémentaire pour boucler son rapport, jugé potentiellement crucial pour la suite. Problème : il ne sera bouclé qu’après la date limite de vote des créanciers. Ces derniers doivent donc se prononcer sans toutes les cartes en main, ce qui soulève un problème d’équité, déjà pointé du doigt dans des affaires similaires par le passé.
Procédures américaine vs Bahamas : le dilemme des créanciers
Face à ce flou persistant, difficile pour les clients lésés de FTX de faire le bon choix entre les deux procédures. Si la voie américaine promet des taux de recouvrement légèrement supérieurs et un timing “théorique” plus rapide, la procédure bahaméenne pourrait s’avérer plus avantageuse fiscalement pour les non-résidents américains. Mais les deux restent soumises à de nombreuses incertitudes.
Des outils et une communauté pour s’entraider
Pour aider les créanciers à y voir plus clair, des initiatives ont vu le jour. Un chatbot alimenté par de l’intelligence artificielle a été mis en place pour répondre aux questions récurrentes. Un groupe d’entraide sur Telegram permet aussi aux créanciers francophones d’échanger et de s’épauler. Des ressources précieuses, à utiliser avec discernement tant la complexité du dossier peut entraîner des approximations.
Revendre sa créance, une autre option
Autre alternative pour ceux qui ne souhaitent plus attendre : revendre sa créance à un tiers. Des sociétés spécialisées comme FTXCreditor proposent de racheter les claims, avec une décote, mais l’avantage d’un paiement rapide en stablecoins. Une option qui peut séduire ceux qui veulent tourner la page FTX au plus vite.
Le feuilleton FTX est donc loin d’être terminé. Si l’horizon semble se dégager avec l’accord trouvé début août entre les liquidateurs et le régulateur américain, le chemin reste semé d’embûches pour les créanciers. Dans ce dossier hors normes, chaque jour apporte son lot de rebondissements. Il faudra encore s’armer de patience avant le dénouement final de l’affaire. D’ici là, les clients floués de FTX devront composer avec le manque d’informations et l’incertitude ambiante pour tenter de faire les choix les plus éclairés possibles. Une gageure, tant la complexité et l’opacité dominent encore le dossier, près de deux ans après l’implosion de l’exchange.